Vendredi 4 décembre, vers 15h. Le commandant en chef des forces armées
françaises arrive sur le porte-avions Charles de Gaulle, qui se trouve
actuellement en Méditerranée orientale. Le but de cette visite éclair
est de galvaniser les officiers français engagés dans la guerre contre
Daech.
24 heures plus tôt, quelques heures après la rencontre de
Saad Hariri avec François Hollande à l’Elysée, tous les médias libanais
ont prétendu en chœur et à l’unisson que le président français aurait
téléphoné à Sleimane Frangié,
candidat à la présidence de la République libanaise. Dans les détails
on apprend pêle-mêle, que l’appel était destiné à « faire le point
concernant les développements sur les scènes nationale et régionale »
(al-Jadeed, Annahar), qu’il a duré « un quart d’heure » (as-Safir), «
dix minutes » (al-Anwar), que « François Hollande aurait demandé à
Sleimane Frangié de réserver sa première visite à l’étranger pour Paris »
(al-Diyar... lol), que « le président François Hollande a informé le
président du courant des Marada qu’il s’est entretenu avec le président
du courant du Futur, Saad Hariri à propos du règlement (de la crise) et
de sa candidature à la présidence, et lui a demandé comment évoluent les
choses concernant la présidence et a voulu connaitre ses impressions
sur les diverses possibilités » (al-Hayat... méga lol), que « Frangié a
répété à plusieurs reprises au président français son fort attachement à
l’indépendance du Liban et qu’il est déterminé à empêcher la Syrie de
dicter au Liban son programme de travail » (al-Joumhouriyat d’après
al-Hayat... super lol).
Bon, soyons sérieux, rien ne permet de
confirmer ou d’infirmer cette information, qui le moins qu’on puisse
dire est très surprenante. Disons qu’en temps normal et dans un monde
normalisé qu’il revient à un haut fonctionnaire, l’ambassadeur, voire un
chef de cabinet ou un porte-parole, le ministre des Affaires étrangères
à la limite, de mener ce genre de mondanités politiques avec un
candidat étranger de la pénombre, dont la notoriété nationale dans son
pays en dehors de son propre village est sujette à caution. Toujours
est-il que j’ai comme une vague impression, en lisant la presse
libanaise, qu’il s’agit d’une propagande de la part des initiateurs de
l’idée farfelue de la candidature de Frangié, Walid Joumblatt
précisément, le chef du Parti socialiste progressiste, pour continuer ce
forcing et faire croire que Sleimane Junior est d’ores et déjà traité
comme un président ! Choufo ya 3kérit, arrêtez de vous moquer de la
candidature du beik de Zgharta.
Bon, l’info peut être véridique
aussi. Rappelez-vous, le 20 juillet dernier, Walid Joumblatt a déclaré à
l’occasion de sa rencontre avec le président français, que sa visite à
l’Elysée revêtit un caractère familial et qu’elle répondit à une demande
personnelle de François Hollande, pour faire connaissance avec le
nouveau dirigeant du Parti socialiste progressiste (le PS libanais), le
fils du beik de Mokhtara, Teimour Joumblatt. Donc, il faut croire que
Hollande est capable de passer un tel appel. En tout cas, si c’est le
cas, François Hollande mérite haut la main le surnom que lui a attribué
un jour Jean-Luc Mélenchon. Il faudrait des dizaines de visites sur le
Charles de Gaulle, pour faire d’un « capitaine de pédalo », un
commandant de bord. On devrait expliquer au président français, que
Sleimane Frangié est lié par une amitié ancestrale à Bachar el-Assad.
Alors, si François Hollande ne veut toujours pas de ce dernier en Syrie,
qu’il sache qu’une grande partie des Libanais ne veulent pas de son «
ami intime », comme président de la République libanaise.