samedi 5 décembre 2015

A propos de ce coup de fil, de François ‪Hollande‬ à Sleimane Frangié !


Vendredi 4 décembre, vers 15h. Le commandant en chef des forces armées françaises arrive sur le porte-avions Charles de Gaulle, qui se trouve actuellement en Méditerranée orientale. Le but de cette visite éclair est de galvaniser les officiers français engagés dans la guerre contre Daech.

24 heures plus tôt, quelques heures après la rencontre de Saad Hariri avec François Hollande à l’Elysée, tous les médias libanais ont prétendu en chœur et à l’unisson que le président français aurait téléphoné à Sleimane ‪‎Frangié‬, candidat à la présidence de la République libanaise. Dans les détails on apprend pêle-mêle, que l’appel était destiné à « faire le point concernant les développements sur les scènes nationale et régionale » (al-Jadeed, Annahar), qu’il a duré « un quart d’heure » (as-Safir), « dix minutes » (al-Anwar), que « François Hollande aurait demandé à Sleimane Frangié de réserver sa première visite à l’étranger pour Paris » (al-Diyar... lol), que « le président François Hollande a informé le président du courant des Marada qu’il s’est entretenu avec le président du courant du Futur, Saad Hariri à propos du règlement (de la crise) et de sa candidature à la présidence, et lui a demandé comment évoluent les choses concernant la présidence et a voulu connaitre ses impressions sur les diverses possibilités » (al-Hayat... méga lol), que « Frangié a répété à plusieurs reprises au président français son fort attachement à l’indépendance du Liban et qu’il est déterminé à empêcher la Syrie de dicter au Liban son programme de travail » (al-Joumhouriyat d’après al-Hayat... super lol).

Bon, soyons sérieux, rien ne permet de confirmer ou d’infirmer cette information, qui le moins qu’on puisse dire est très surprenante. Disons qu’en temps normal et dans un monde normalisé qu’il revient à un haut fonctionnaire, l’ambassadeur, voire un chef de cabinet ou un porte-parole, le ministre des Affaires étrangères à la limite, de mener ce genre de mondanités politiques avec un candidat étranger de la pénombre, dont la notoriété nationale dans son pays en dehors de son propre village est sujette à caution. Toujours est-il que j’ai comme une vague impression, en lisant la presse libanaise, qu’il s’agit d’une propagande de la part des initiateurs de l’idée farfelue de la candidature de Frangié, Walid Joumblatt précisément, le chef du Parti socialiste progressiste, pour continuer ce forcing et faire croire que Sleimane Junior est d’ores et déjà traité comme un président ! Choufo ya 3kérit, arrêtez de vous moquer de la candidature du beik de Zgharta.

Bon, l’info peut être véridique aussi. Rappelez-vous, le 20 juillet dernier, Walid Joumblatt a déclaré à l’occasion de sa rencontre avec le président français, que sa visite à l’Elysée revêtit un caractère familial et qu’elle répondit à une demande personnelle de François Hollande, pour faire connaissance avec le nouveau dirigeant du Parti socialiste progressiste (le PS libanais), le fils du beik de Mokhtara, Teimour Joumblatt. Donc, il faut croire que Hollande est capable de passer un tel appel. En tout cas, si c’est le cas, François Hollande mérite haut la main le surnom que lui a attribué un jour Jean-Luc Mélenchon. Il faudrait des dizaines de visites sur le Charles de Gaulle, pour faire d’un « capitaine de pédalo », un commandant de bord. On devrait expliquer au président français, que Sleimane Frangié est lié par une amitié ancestrale à Bachar el-Assad. Alors, si François Hollande ne veut toujours pas de ce dernier en Syrie, qu’il sache qu’une grande partie des Libanais ne veulent pas de son « ami intime », comme président de la République libanaise.

© 2011-2020 Bakhos Baalbaki