mardi 19 mars 2019

L’exploitation du drame de Christchurch par la Turquie : Erdogan ne sait plus quoi inventer pour propager la haine et gagner quelques sièges électoraux (Art.602)


Après l’exploitation du drame de Christchurch par l’Iran, qui n’a pas hésité à calomnier l’Occident, voici la Turquie qui s’y met à son tour. Pendant que la Première ministre néozélandaise, Jacinda Ardern, fait tout ce qui est possible et imaginable pour compatir, apaiser, rassurer, assumer, réformer et prévenir, allant jusqu’à porter le voile un laps de temps, ne pas nommer le terroriste, organiser un récital coranique au Parlement et modifier la loi sur la détention d’armes, Recep Tayyib Erdogan ne sait plus quoi inventer de son côté, pour faire des amalgames, mettre de l’huile sur le feu, propager la haine et gagner quelques sièges électoraux.

Alors que les réseaux sociaux traquent et éliminent les images de la tuerie filmée par le terroriste d’extrême droite, plus de 1,5 million d’intervention cybernétique dans les 24h qui ont suivi le massacre, le président turc s’est permis de diffuser les vidéos funestes sur des écrans géants lors d’un meeting électoral, et dans d’autres meetings de son parti AKP, où il n’était pas présent. Il l’a fait pour soi-disant dénoncer l'attitude de la communauté internationale envers l'Islam et la Turquie. Toute la communauté internationale, hein ! Pas un pays n'a trouvé grâce à ses yeux.

Quand une grande figure de l’extrême droite française et mondiale, Marine Le Pen, a diffusé trois photos, et non des vidéos, d'exécutions perpétrées par les jihadistes de l'Etat islamique-Daech en 2015, elle fut condamnée à la quasi unanimité par la classe politique, la justice française s’en est mêlée et son immunité parlementaire a été levée. L'affaire est toujours en cours d'instruction. En cause, la diffusion de message violent.

Pour comprendre l’irresponsabilité de cet homme à la tête d'un grand pays de 80 millions d'habitants qu'il façonne à sa convenance depuis deux décennies, pour le meilleur et pour le pire, il suffit d’imaginer un Emmanuel Macron diffusant les vidéos des massacres du Bataclan et des cafés parisiens, ou de n’importe quelle vidéo des nombreuses attaques terroristes islamistes qui ont frappé les pays occidentaux dans le passé, à l’occasion des prochaines élections européennes ! Heik, chadd 3asab. Impensable. Et pour cause, une question d’éthique, de décence et du sens des responsabilités. Pas pour Erdogan!

« La vision portée par le tueur… a commencé à gagner du terrain en Occident comme un cancer. Avec cet attentat, l'hostilité envers l'islam (...) a franchi les limites du harcèlement individuel pour atteindre le niveau d'une tuerie de masse ». Foutaises, nulle part ailleurs que dans les pays occidentaux, il fait bon de vivre, sûrement pas en Turquie!, que l’on soient athées ou musulmans, chrétiens ou bouddhistes, citoyens, résidents ou réfugiés de toutes nationalités. Après on s’étonne que l’extrême droite et la droite extrême trouvent de plus en plus d’oreilles réceptives à leurs discours en Europe et aux Etats-Unis.

Pire encore, Erodgan a tenu à informer ses électeurs ce weekend qu'une partie du manifeste du terroriste australien avait pour objectif de garder les Turcs hors de l'Europe. Ça alors ! Peut-être avant de s’en prendre aux autres, il devrait commencer par s’en prendre à lui-même. Son comportement et ses déclarations depuis plus de 20 ans n’ont cessé de prouver la naïveté de ceux qui ont cru que la Turquie était suffisamment mûre pour faire partie de l’Union européenne. En 2008, dans un meeting au coeur de l'Allemagne, Erdogan avait considéré que « l’assimilation (des Turcs) est un crime contre l’humanité ». Ni plus ni moins. Rebelote en 2014, en meeting à Cologne aussi : « Nous continuons à soutenir l'intégration de la communauté turque en Allemagne (...) mais si l'on parle d'assimilation, nous disons non ». Pour ce petit esprit communautaire, okay pour le business, mais pour le reste, comme devenir Allemand à tout hasard et pas que sur les papiers, niet !

Eh bien tant qu’il y a des leaders populistes comme Erdogan et Trump dans ce monde, Liban compris, ma3 kamel el e7tiram wa hofz el alkab, comme Bassil pour ne citer que lui, avec des masses populaires pour les applaudir, il serait illusoire de s’attendre à ce que notre monde aille mieux. Les pères-fondateurs de la Turquie, des Etats-Unis et du Liban doivent se retourner dans leurs tombes. Dommage pour ces trois pays grands pays.


© 2011-2020 Bakhos Baalbaki