lundi 5 mai 2014

La loi libanaise sur la protection des femmes de la violence domestique serait inconstitutionnelle


Encore une gifle bien méritée pour les parlementaires libanais ! Comme si le ridicule qui règne en ce moment au Liban après la transformation de l'élection présidentielle en une commedia dell'arte ne suffisait pas.

Pour Marie-Rose Zalzal, une militante qui défend les droits de l'homme, les droits de la femme et les libertés individuelles, la loi libanaise qui concerne la protection des femmes de la violence domestique serait tout simplement « inconstitutionnelle ».  

Dans une longue interview accordée à L'Orient-Le Jour, l'avocate libanaise explique que « Le système politique libanais est confessionnel, mais le système légal ne l'est pas. Le Liban est le seul pays arabe dont la Constitution ne détermine pas la religion. Les lois en vigueur sont civiles, s'appliquant à tous les Libanais sans tenir compte de leurs croyances religieuses... Le législateur a porté atteinte à la neutralité de l'État (en votant la loi sur la protection de la femme). Il a imposé aux tribunaux civil et pénal l'application de centaines de textes de statut personnel (qui dépend de sa communauté religieuse). Il a mis cette neutralité en danger, sans pour autant protéger les femmes et les autres membres de la famille de la violence domestique. » Son verdict est sans appel: « Le chef de l'État devrait renvoyer la loi à la Chambre pour que les modifications nécessaires soient introduites. »

Alors, récapitulons. Le président de la République libanaise, Michel Sleiman, a donc aujourd’hui sur son bureau deux lois à retourner au plus vite au Parlement libanais: celle relative à la protection des femmes de la violence domestique et celle sur la libéralisation sauvage des loyers anciens, deux lois votées à la hâte et sans débats par les députés libanais lors du sprint législatif honteux du 1er, 2 et 3 avril.

Par ailleurs, il convient de saluer Beirut Marathon Association de May el-Khalil pour l'organisation de la manifestation sportive « Rkedi la eddam » qui a eu lieu hier sur le front de mer à Beyrouth et qui a rassemblée 10 000 femmes libanaises et étrangères. Impressionnant ! Cette course de 10 km avait comme objectif de sensibiliser les femmes pour « aller de l’avant » afin de réclamer et obtenir leurs droits au Liban.

Je profite de l’occasion pour rappeler à celles et ceux qui militent pour les droits des femmes (je préfère le pluriel au singulier !), qu’au Liban la « Commission de la femme et de l’enfant » est présidée par Gilberte Zouein (courant aouniste), eh oui ! Et ce n’est pas tout. Cette commission parlementaire a comme rapporteuse Nayla Tuéni (élue sur l’engagement de rejoindre le bloc du parti des Forces libanaises, une promesse qu’elle n’a pas tenue), deux députées qui ont fait un vœu de silence, depuis bientôt 5 ans, à faire rougir les bonnes sœurs de l’Ordre des Carmélites, sachant que le Parlement libanais ne compte que quatre femmes en tout et pour tout, soit 3 % des 128 députés, le même pourcentage que la République islamique d’Iran, un chiffre ridicule comparé à celui de l’Arabie saoudite qui se situe à 20 %. Eh na3am. Tenez, avant que je n'oublie, tout député ou candidat à la députation, homme ou femme, doit se sentir sur un siège éjectable et sans aucune assurance pour (sa)son (ré)élection. Sinon, ce n'est pas la peine d'espérer le moindre changement spectaculaire dans ce pays. A bon entendeur, salut !


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