Les deux premières photos sont terribles. Elles ont fait le tour des
réseaux sociaux. Sur la première, on voit une femme pendue avec deux
enfants. Sur la seconde, on aperçoit une vieille dame, ravagée par le
temps et la vie. La première était « commercialisée » selon le vecteur
de la propagande et la date de mise sur le marché, au mois de février,
comme une musulmane tuée par des bouddhistes, et au mois de mars, comme une chrétienne tuée par les djihadistes. L’autre cliché était « commercialisé » comme étant emm Kamal, une propriétaire de Beyrouth
condamnée à la pauvreté par les locataires anciens. La « femme
musulmane ou chrétienne » est devenue en quelques semaines, chez les
uns, l’icône du martyr musulman face à la « tragédie de l’islam » de
Birmanie, ignorée par cet Occident mécréant, chez les autres, l’icône du
martyr chrétien qui n’en finit pas, face à la « barbarie de l’islam » en Syrie et en Irak.
Pendant ce temps-là, « emm Kamal », quant à elle, s’est transformée au
fils du temps en l’icône vivante de l’injustice qui frappe les propriétaires du Liban face à la « cruauté des locataires
anciens ». Certes, tout cela est bouleversant sauf que rien n’est plus
trompeur qu’une photo et aucune région au monde n’est plus fertile pour
la désinformation que le Moyen-Orient.