Entrée de la statue Notre-Dame de Fatima au Parlement libanais le 16 juin 2015. Photo : Bilal Jawich, Anadolu Agency |
Qui a suivi les actualités libanaises ces derniers jours est
aujourd’hui persuadé que le pays des 18 communautés est le dernier
bastion de la laïcité sur Terre. A entendre certains et à lire d’autres,
il est clair que le peuple libanais ignorait qu’il vivait dans le
meilleur des mondes, jusqu’au débarquement de Notre-Dame de Fatima à l’aéroport de Beyrouth et son entrée tonitruante au Parlement libanais. Le hasard des événements a fait que je me suis retrouvé au Liban
lors d’une autre visite historique de même nature, celle de la châsse
de Sainte-Thérèse en 2002. Il serait fastidieux de relever toutes les
manifestations religieuses intempestives dans la vie quotidienne des
Libanais. L’essentiel c’est de comprendre que l’entrée de Sainte-Marie
au Parlement mardi dernier, s’inscrit dans une certaine logique des
choses. Notons dans ce sillage, que les grandes démocraties dans le
monde, notamment américaines et européennes, autorisent de par leurs
lois constitutionnelles ou par les usages, à invoquer Dieu dans les
serments d’investiture, et à jurer parfois sur la Bible ou le Coran au
sein même des institutions de l’Etat. Tout ce tapage autour de la
visite-éclair de Notre-Dame de Fatima au Parlement libanais, m’a plutôt
fait sourire. C’est digne d’un film d’Emir Kusturica ! Ce qui s’est
passé le 16 juin est « un symptôme » et non « la maladie ». Pour sortir
notre pays de sa religiosité excessive, qu’elle soit sincère ou
tartuffienne, il faut s’attaquer aux causes profondes et non aux
manifestations superficielles, aussi bien chez les communautés
chrétiennes que dans les communautés musulmanes.