L’entrée du bâtiment B de la prison de Roumieh où sont détenus les prisonniers islamistes. Photo de Haytham al-Moussawi (al-Akhbar) |
L’affaire de Roumieh
a éclaté au grand jour avec la diffusion de vidéos qui montrent des
membres des FSI infligeant des sévices à des prisonniers sans défense.
Pour comprendre tout le contexte, il faut commencer par rappeler que les
300 islamistes de Roumieh, sont impliqués dans des actes de terrorisme
et avaient formé au fil du temps un « émirat islamique » dans la
prison, une sorte de QG terroriste équipé par tous les moyens de
communication avec l’extérieur. Toutes
les données sont accablantes pour ces hommes et justifient selon
certains, de fermer les yeux sur les actes de torture ignobles dont ils
ont été victimes. Les suppliciés sont de confession sunnite. Ils sont
arrêtés depuis des mois, voire des années, emprisonnées sans jugement.
De l’avis général, la prison de Roumieh s’est transformée en une sorte
de Guantanamo.
La diffusion des vidéos avait pour objectif de ternir l’image d’un
ministre sunnite compétent, Achraf Rifi, et de discréditer le service
des renseignements des FSI, les bêtes noires du Hezbollah et d'Assad.
Quoiqu’en disent ses défenseurs, le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk
ne pouvait pas ignorer ce qui se passait derrière les barreaux de
Roumieh. Il y a près de neuf mois, le Comité contre la torture du
Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme lui a remis
les résultats des investigations qu’il a menées dans le monde. Ce
rapport de 526 pages, dont une partie est consacrée à la torture dans
notre pays, est accablant pour le Liban.
Rien de nouveau dans l’ancienne « Suisse de l’Orient ». On sait que
durant la Terreur du régime sécuritaire syro-libanais, la torture était
monnaie courante contre les opposants à l’occupation syrienne du Liban.
En tout cas, quand on lit certaines réactions émotives et impulsives
comme celle de Nadim Koteich, où il recommande la torture des
tortionnaires, comment peut-on s’étonner de la violence même des images
qu’on a vues ?