La condamnation de Michel Samaha par le Tribunal militaire libanais, a
de quoi susciter l’indignation. Les charges qui pèsent sur cet ancien
ministre sont lourdes. Et pourtant, la sentence s’apparente dans les
faits à une libération anticipée. D’où la joie des uns et la colère des
autres. Pour se rendre compte de la légèreté de la condamnation et des
failles de la lutte anti-terroriste au Liban, il suffit de transposer le cas Samaha en France. Selon la législation française,
il aurait pris 30 ans de réclusion criminelle, près de 7 fois sa
condamnation libanaise. Hasard du calendrier, celui qui a frôlé la peine
de mort, pourra accompagner les prières de la naissance de Jésus et de
Mahomet, que célébreront respectivement le même jour à la fin de cette
année, le patriarche maronite et le mufti sunnite, deux hommes que
Michel Samaha projetait éliminer car « c’est ce que souhaite Bachar el-Assad
». Pour qu’un type de ce poids politique se retrouve derrière les
barreaux, c’est qu’il a été pris en flagrant délit. Ce flagrant délit se
base sur plusieurs vidéos enregistrées avec une caméra cachée, de
conversations entre le terroriste et l’homme qui a dénoncé ce projet
d'attentats au service libanais de renseignements des FSI. Si nous avons
connu des centaines d’attentats à la voiture piégée et des dizaines
d’assassinats depuis 1975, c’est la première fois dans l’histoire du
Liban que les Libanais ont accès à la tête d’un de ces terroristes qui
ont ensanglanté le Liban et endeuillé ses citoyens 1001e fois et qui a
bien failli embrasser le pays du Cèdre à l'été 2012. Ces documents
exceptionnels font froid dans le dos, mais leur visionnage est un devoir
national car ils permettent de mieux éclairer les pages sombres de
notre tragédie qui n’en finit pas avec la tyrannie syrienne des Assad,
père et fils, et ses sbires libanais, de toutes confessions.