Mashrou’ Leila! et la tragi-comédie continue 🎭 Flashback avant. Tout au long du conflit syrien, quand la majorité des politiciens, citoyens et médias 14-marsiens notamment, tablaient sur la chute du régime en 5 semaines, puis en 5 mois, un délai amendé en 5 trimestres, puis en 5 semestres et en 5 années, j’étais parmi les rares opposants à la tyrannie des Assad qui répétais immanquablement et inlassablement, que Bachar est là pour longtemps et qu’il va falloir construire nos plans autour de ce point. A l’époque la notion de « réfugiés syriens » n’existait pas. Si on y avait pensé, toute la suite aurait été différente. On ne serait pas aujourd’hui avec ce casse-tête et un risque sérieux de colonisation du Liban comme le souhaite le tyran de Damas. Alors Hakim, c’est un peu court de dire l’autre soir, que même Obama a sous-évalué l’espérance de vie de Bachar el-Assad ! Nous étions quelques uns à le prédire.
Un jour de cette époque lointaine, j’ai reçu une pétition sur le conflit syrien. C’était rédigé en français. Le texte m’a paru convenable, je l’ai donc signé. Qu’elle fut grande ma surprise de découvrir quelques jours plus tard dans les médias, mon nom apposé sous le texte en français mais aussi sous un texte en arabe. Rien de bien grave me diriez-vous, sauf qu’il y avait une différence entre les deux versions. Celle rédigée en arabe était parsemée de terminologies sur cette filiation forcée hypocrite, « al chakika souriya » (la sœur Syrie), « al achika2 el souriyinn » (nos frères et sœurs syriens), etc. Pourquoi pas sauf que je n’ai jamais approuvé une telle version, ni l'arrière-pensée qu'elle sous-entend ni la mythologie qu’elle contient, des éléments qui ont nourri la guerre civile au Liban, et qui continuent de diviser la population libanaise d'une certaine façon. Depuis, je me méfie des pétitions rédigées par des Libanais.
Et puisqu’on en parle, arrêtons-nous un instant sur la pétition de L’OLJ « La liberté d’expression : ne cédons pas à la violence ». Quelle bonne initiative! Elle rappelle à juste titre que les extrémistes chrétiens qui ont proféré des menaces à l’encontre du groupe de musique, doivent répondre de leurs actes devant la justice libanaise. Toutefois, la pétition de L’OLJ est imparfaite et induit les Libanais en erreur. Elle confirme que même dans la sphère intellectuelle libanaise, on aime la dramatisation à outrance. Elle fait croire à nos compatriotes que l’annulation du concert de Mashrou’ Leila à Byblos (par les organisateurs et non par l’Etat libanais, nuance !) est une exception au niveau mondial qui constitue une fin du monde en soi, alors que mon dernier post avait comme objectif justement de relativiser les choses et de prouver le contraire en énumérant un ensemble d’interdictions/annulations en France et en Suisse justifiées par les risques de « troubles à l’ordre public ». Par conséquent, demander au ministère de l’Intérieur de « garantir pleinement la sécurité de toute manifestation culturelle autorisée (car) il en va de la raison d’être et de la crédibilité de l’Etat de droit », en d’autres termes quel que soit le risque encouru, est déconnecté de la réalité, libanaise et mondiale.
D’ailleurs, parlant d’« état de droit », L’OLJ aurait dû saisir l’occasion pour insister plutôt sur deux éléments fondamentaux de la vie en communauté dans un Orient compliqué et complexe, où les intolérances communautaires islamo-chrétiennes depuis la nuit des temps sont toujours importantes (comme le confirment deux affaires récentes, Mashrou’ Leila et Cyrine Abdel-Nour).
. D'une part, l'enseignement de la tolérance intercommunautaire devrait figurer au programme scolaire au Liban, dans l'espoir de supprimer le confessionnalisme "des esprits avant les textes", mina al noufouss qabla el nousouss, comme le répétait le parrain de l'accord de Taëf et de la seconde indépendance de la Syrie, le patriarche maronite mar Nasrallah Boutros Sfeir.
. D'autre part, tout différend en sein de la société libanaise, quelle que soit sa nature, se règle devant les tribunaux et selon les lois en vigueur au Liban, et non sur les réseaux sociaux et devant le Kangaroo Court, la foule.
A ce propos, il faut tout de même rappeler que la liberté d'expression garantie par les lois en vigueur au pays du Cèdre se heurte à l'interdiction du blasphème par d'autres lois en vigueur. Alors, bala falsafé wou 2art 7aké wou ta2 7anak, qui trouve que ces dernières sont d’un autre temps, doit militer ouvertement pour leur abolition et non se cacher derrière la feuille de vigne de « la liberté d’expression est sacrée », une mythologie qui n'existe nulle part sur Terre. Idem pour la législation qui interdit les contacts avec Israël, considéré comme un Etat ennemi (cas Ziad Doueiri). Personnellement, je suis réticent dans les deux cas. Nous avons d'autres priorités. Mais encore, je n'ai nullement envie d'assister encore au déclenchement d'une guerre civile parce qu’il y a quelques adultes vivant dans une bulle égocentrique et en pleine crise d’adolescence qui veulent s’amuser bêtement avec les croyances chrétiennes et musulmanes ! La maturité de la société libanaise, qui concerne les illuminés de Byblos et de Baawerta comme les bobos de Beyrouth, est un processus lent et long. Il faut savoir militer intelligemment pour le réussir. Sinon, on aboutira exactement à l’effet inverse de ce qui est escompté 🤔
Un jour de cette époque lointaine, j’ai reçu une pétition sur le conflit syrien. C’était rédigé en français. Le texte m’a paru convenable, je l’ai donc signé. Qu’elle fut grande ma surprise de découvrir quelques jours plus tard dans les médias, mon nom apposé sous le texte en français mais aussi sous un texte en arabe. Rien de bien grave me diriez-vous, sauf qu’il y avait une différence entre les deux versions. Celle rédigée en arabe était parsemée de terminologies sur cette filiation forcée hypocrite, « al chakika souriya » (la sœur Syrie), « al achika2 el souriyinn » (nos frères et sœurs syriens), etc. Pourquoi pas sauf que je n’ai jamais approuvé une telle version, ni l'arrière-pensée qu'elle sous-entend ni la mythologie qu’elle contient, des éléments qui ont nourri la guerre civile au Liban, et qui continuent de diviser la population libanaise d'une certaine façon. Depuis, je me méfie des pétitions rédigées par des Libanais.
Et puisqu’on en parle, arrêtons-nous un instant sur la pétition de L’OLJ « La liberté d’expression : ne cédons pas à la violence ». Quelle bonne initiative! Elle rappelle à juste titre que les extrémistes chrétiens qui ont proféré des menaces à l’encontre du groupe de musique, doivent répondre de leurs actes devant la justice libanaise. Toutefois, la pétition de L’OLJ est imparfaite et induit les Libanais en erreur. Elle confirme que même dans la sphère intellectuelle libanaise, on aime la dramatisation à outrance. Elle fait croire à nos compatriotes que l’annulation du concert de Mashrou’ Leila à Byblos (par les organisateurs et non par l’Etat libanais, nuance !) est une exception au niveau mondial qui constitue une fin du monde en soi, alors que mon dernier post avait comme objectif justement de relativiser les choses et de prouver le contraire en énumérant un ensemble d’interdictions/annulations en France et en Suisse justifiées par les risques de « troubles à l’ordre public ». Par conséquent, demander au ministère de l’Intérieur de « garantir pleinement la sécurité de toute manifestation culturelle autorisée (car) il en va de la raison d’être et de la crédibilité de l’Etat de droit », en d’autres termes quel que soit le risque encouru, est déconnecté de la réalité, libanaise et mondiale.
D’ailleurs, parlant d’« état de droit », L’OLJ aurait dû saisir l’occasion pour insister plutôt sur deux éléments fondamentaux de la vie en communauté dans un Orient compliqué et complexe, où les intolérances communautaires islamo-chrétiennes depuis la nuit des temps sont toujours importantes (comme le confirment deux affaires récentes, Mashrou’ Leila et Cyrine Abdel-Nour).
. D'une part, l'enseignement de la tolérance intercommunautaire devrait figurer au programme scolaire au Liban, dans l'espoir de supprimer le confessionnalisme "des esprits avant les textes", mina al noufouss qabla el nousouss, comme le répétait le parrain de l'accord de Taëf et de la seconde indépendance de la Syrie, le patriarche maronite mar Nasrallah Boutros Sfeir.
. D'autre part, tout différend en sein de la société libanaise, quelle que soit sa nature, se règle devant les tribunaux et selon les lois en vigueur au Liban, et non sur les réseaux sociaux et devant le Kangaroo Court, la foule.
A ce propos, il faut tout de même rappeler que la liberté d'expression garantie par les lois en vigueur au pays du Cèdre se heurte à l'interdiction du blasphème par d'autres lois en vigueur. Alors, bala falsafé wou 2art 7aké wou ta2 7anak, qui trouve que ces dernières sont d’un autre temps, doit militer ouvertement pour leur abolition et non se cacher derrière la feuille de vigne de « la liberté d’expression est sacrée », une mythologie qui n'existe nulle part sur Terre. Idem pour la législation qui interdit les contacts avec Israël, considéré comme un Etat ennemi (cas Ziad Doueiri). Personnellement, je suis réticent dans les deux cas. Nous avons d'autres priorités. Mais encore, je n'ai nullement envie d'assister encore au déclenchement d'une guerre civile parce qu’il y a quelques adultes vivant dans une bulle égocentrique et en pleine crise d’adolescence qui veulent s’amuser bêtement avec les croyances chrétiennes et musulmanes ! La maturité de la société libanaise, qui concerne les illuminés de Byblos et de Baawerta comme les bobos de Beyrouth, est un processus lent et long. Il faut savoir militer intelligemment pour le réussir. Sinon, on aboutira exactement à l’effet inverse de ce qui est escompté 🤔