dimanche 15 septembre 2019

Massacre à la tronçonneuse de près de 6 millions m2 de la magnifique prairie-vallée de Marj Bisri au Sud-Liban, pour construire un aberrant barrage dans une zone à haut risque sismique (Art.642)


Résumons la situation désastreuse de la gestion de l’eau au #Liban via l’aberrant projet de barrage de Marj Bisri (Sud-Liban):

- Comme je l’ai dit et redit à maintes reprises, les canalisations d’eau au Liban sont vétustes. Elles fuient aux quatre coins du pays du Cèdre. Par conséquent, la politique des barrages prônée par le gouvernement libanais de Saad Hariri, et les ministres de l’Eau, bloc CPL depuis 2008, notamment le trio Bassil-AbiKhalil-Boustani, alors que la tuyauterie du territoire libanais fuit, est absurde. La vidéo que je partage dans les commentaires le prouve: voilà plus d’un an et demi que l’un des principaux tuyaux d’alimentation en eau potable provenant de Nahr el Barrouk (Mont-Liban), déverse toute son eau dans les profondeurs de la terre entre wadi Chanaï et wadi Majdel-Baana. Les habitants de la région, nachaff temmoun wou henné yiqoulo, weiniyé el dawlé? Ils sont sans eau parce que le tuyau du Barrouk est abimé et non parce qu’il n’y a pas de barrages dans la région du Barrouk !

- Nous nous sommes réjouis du projet d’installation progressive de compteurs d’eau au Liban, car il était absurde en l’an de grâce 2019, dans une région comme le Moyen-Orient, de faire payer l’eau selon le débit et non selon la consommation, comme je le réclamais dans mes articles depuis des années. MAIS nous avons tenu à dire que ce n’est pas suffisant pour passer de la gestion actuelle stupide de l’eau à une gestion intelligente d’une denrée rare, l’or bleu. Il faut aussi maitriser le vol et le branchement illégal sur le réseau public. Vaste chapitre.

- Les ministres et les députés libanais, tawacho sama rabna, nous pompant l’air en nous disant, qu’ils ont réduit le déficit budgétaire à près 7,5%. Smallah wou yékhzel 3ein, quel exploit, les dépenses n’occasionneront qu’un trou de quelques milliards de dollars, c’est tout! Khalsinn el chabibé. Les coupes budgétaires concerneraient en théorie tout le monde. Tu parles ! A regarder de plus près, comme je l’ai expliqué dans un article sur le sujet, une des rares institutions à voir son budget exploser, c’est le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR, Nabil el-Jisr & Co), surnommé depuis qu’il est impliqué dans la construction du barrage de Marj Bisri, majlis el enmé2 wal e3mar wal tekhrib. Le budget du CDR concernant les chantiers qui sont en cours d’exécution au Liban passera de 211 milliards LL à 322 milliards LL (215 millions $, c'est beaucoup d'argent !), financés par l'argent des contribuables libanais et des taxes, soit une augmentation de 52,6 % (74 millions $ dans une soi-disant époque de disette). C'est du jamais vu. Et pour faire quoi? Bétonner, el akhdar wel yébiss, et aller saccager une magnifique prairie-vallée au fond d'une vallée située dans le Sud-Liban, en lisière du Mont-Liban, Marj Bisri, pour construire un des plus aberrants barrages de notre temps.

- D’après la page « Save The Bisri Valley أنقذوا مرج بسري », lien dans les commentaires et photo ci-jointe, le CDR vient d’offrir une partie de cette belle prairie-vallée de la contrée où coulaient jadis au temps biblique le lait et le miel aux tronçonneuses d'Abou Afiff Haidar, afin de raser les arbres et vendre le bois, étape nécessaire avant de se lancer dans la construction proprement dite. Selon STBV, le CDR compterait octroyer d’autres permis du même genre à d’autres « confessions » et « partis ». Et avec un culot d’autruche, le ministre de l’Environnement Fady Jreissati (courant Bassil) a affirmé il y a quelques jours : « Nous nous battons aujourd’hui pour préserver ce qui reste de l'environnement sur notre terre ». Où cela, devant le miroir de ta salle de bain? Une protestation est actuellement en cours ce dimanche sur le pont de Bisri, pour dénoncer ce « crime contre la nature libanaise ».

- Alors que le CDR n’est toujours pas en mesure de présenter une étude globale sérieuse sur l’impact de la construction de ce barrage sur l’environnement, une nouvelle étude sismique récente, qui sera prochainement publiée par Tony Nemer dans le magazine spécialisé Engineering Geology (partagée par la page STBV), revient encore sur la stupidité de la construction du barrage de Marj Bisri par le gouvernement libanais. On peut retenir 4 points essentiels :
. Le barrage de Bisri se situera sur une faille sismique active, la faille Roum, qui est en corrélation avec le séisme du 1er janvier 1837 (7,1 sur l’échelle de Richter)
. Le barrage de Bisri est prévu à un endroit qui fut, tenez-vous bien, l’épicentre du séisme du 16 mars 1956 (5,8 sur l’échelle de Richter)
. Le futur lac de Bisri (jusqu’à 125 milliards de kilos) peut avoir un effet direct sur l'induction et le déclenchement de la sismicité : « La future masse d’eau située derrière le barrage prévu de Bisri recouvrira une faille active, avec un potentiel énorme de déplacement de faille... cela peut potentiellement déclencher un séisme majeur pouvant affecter tout le Liban et ses environs. » Bass la 7ayata limann tounadi, tmési7.
. La vallée de Bisri constitue un site très défavorable pour un projet de barrage.

- Aujourd’hui, il est clair qu'il faut cesser sur le champ de gaspiller l’argent public, 1,2 milliard de dollars pour l'aberrant projet, sur une politique de barrage absurde alors que tout fuit au Liban. La priorité absolue est d’une part, à un vaste projet de renouvellement des canalisations d’eau publiques et privées, et d’autre part, à la sensibilisation des Libanais au gaspillage inadmissible de cette denrée rare. Il y a aussi d'autres projets moins couteux et plus efficaces comme la construction de petits lacs et étangs un peu partout au Liban, y compris la transformation du lit de Nahr Beirout et sa dépollution. Avant de dépenser l’argent public sur des projets pharaoniques, coûteux, inefficaces et dangereux, il faut commencer par s’attaquer aux sources du problème : le gaspillage de l’eau.

- « Laisse-moi passer, je te prie, laisse-moi voir ce bon pays de l'autre côté du Jourdain, ces belles montagnes et le Liban. » Celui qui implore Dieu de l’autoriser à franchir la frontière libanaise, n’est autre que Moïse, un migrant du 13e siècle avant Jésus. 3 292 ans plus tard, je ne suis pas sûr que si Dieu lui en donne la chance, que le prophète tiendra toujours à réaliser son rêve. La construction du barrage de Bisri conduira à la destruction de 6 000 000 m2 d’espaces naturels, 1/3 de Beyrouth, 0,06 % des 10 452 km2 du Liban de terres agricoles, de zones fertiles, de sites archéologiques, de vestiges romains, de sites chrétiens, l’ensemble de la faune et toute de la flore de l’une des plus belles et dernières régions libanaises restées encore à l’abri des hideuses mutilations environnementales et des abjectes spéculations immobilières et foncières. Et tout cela dans une zone sismique et pour acheminer une eau polluée aux Beyrouthins. Si la politique des barrages défendue par l'ensemble des ministres et des députés libanais, le Conseil du développement et de la reconstruction et la Banque mondiale n’est pas la stupidité incarnée, c’est alors de la corruption à grande échelle.

#أنقذوا_مرج_بسري


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