J'ai eu l'incongrue idée de regarder les journaux télévisés de ces derniers jours, heik, en bloc, et je peux vous dire c'est l'indigestion ce soir ! Bon, résumons la situation de notre pauvre pays 🇱🇧
1. On ne peut pas désarmer la milice du Hezbollah en application des lois en vigueur au Liban, de l’Accord de Taëf et de la Constitution de la République libanaise, car des voix s’élèvent pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre à la « lutte contre Israël » qui nous en empêche. Soit.
2. On ne peut pas désarmer les milices palestiniennes installées au Liban depuis 1969 non plus, en application des lois en vigueur au Liban, de l’Accord de Taëf et de la Constitution de la République libanaise, car des voix s’élèvent là encore pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre à la « cause palestinienne » qui nous en empêche. Soit.
3. On ne peut pas déférer l’affaire de Qabr Chmoun à la Cour de Justice, en application des lois en vigueur au Liban, après les échanges de tirs entre les partisans de Walid Joumblatt et de Talal Erslan (deux morts et plusieurs blessés !), car des voix s’élèvent pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre à la « communauté druze ». Soit.
4. On ne peut pas se référer au Code du travail dès qu’il s’agit des 175 000 Palestiniens installés au Liban (chiffre fantaisiste du gouvernement libanais, puisque d’après l’UNRWA ils sont plutôt 500 000 !), en application des lois en vigueur au Liban, car des voix s’élèvent pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre aux « réfugiés palestiniens » du pays du Cèdre. Soit.
5. On ne peut pas se référer au Code de séjour des étrangers dès qu’il s’agit de 1,5 million de Syriens installés au pays du Cèdre, en application des lois en vigueur au Liban, car des voix s’élèvent pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre aux « réfugiés syriens » du pays du Cèdre. Soit.
6. Inspirez et continuons. On ne peut pas élire un président de la République dans les temps, pourtant seul responsable politique à prêter serment de fidélité à la nation libanaise (c’est pour dire !), en application de la Constitution de la République libanaise, car des voix s’élèvent pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre aux « communautés chrétiennes ». Soit.
7. On ne peut pas organiser des élections législatives dans les délais (5 ans d’autoprorogation la dernière fois), former un gouvernement rapidement (8 mois de transactions) et voter un budget provisionnel à temps (mi-juillet 2019, ils palabrent encore sur le budget de 2019, alors qu’en septembre 2019 ils sont censés se pencher sur le budget de 2020 !), en application des lois en vigueur au Liban et de la Constitution de la République libanaise, à cause de la « particularité » liée au « corporatisme communautaire » de la société libanaise. Soit.
8. On ne peut pas demander des comptes aux ministres et aux députés libanais à propos de leur incompétence chronique (ne serait-ce qu’à maitriser les dépenses publiques, baisser la dette, ramener l’électricité, protéger l'environnement, stopper la défiguration des paysages par les carrières, sauver Marj Bisri, etc.), en application des lois en vigueur au Liban, à cause de la « particularité » propre à la classe politique libanaise d’être « toujours responsable mais jamais coupable ». Soit.
Bon Dieu, mais à quoi ça sert d'avoir une Constitution et des lois au Liban? Non mais, combien de « particularités » et de couleuvres peuvent-ils faire avaler au peuple libanais sans que celui-ci ne se révolte? Bon sang, comment peut-on encore envisager construire un pays digne de ce nom et demander au monde entier d'avoir confiance en nous dans des conditions aussi hallucinantes? Au mieux, on peut espérer vivre dans une bonne république bananière. Au pire, dans une espèce de ferme, mazer3a. Toujours est-il que nous avons aujourd'hui la certitude, notre contrée est fertile, les particularités, el khousousiyett, y poussent comme des champignons! Alors mes chers compatriotes, il va falloir retrousser nos manches et aller à la cueillette ☺️
1. On ne peut pas désarmer la milice du Hezbollah en application des lois en vigueur au Liban, de l’Accord de Taëf et de la Constitution de la République libanaise, car des voix s’élèvent pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre à la « lutte contre Israël » qui nous en empêche. Soit.
2. On ne peut pas désarmer les milices palestiniennes installées au Liban depuis 1969 non plus, en application des lois en vigueur au Liban, de l’Accord de Taëf et de la Constitution de la République libanaise, car des voix s’élèvent là encore pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre à la « cause palestinienne » qui nous en empêche. Soit.
3. On ne peut pas déférer l’affaire de Qabr Chmoun à la Cour de Justice, en application des lois en vigueur au Liban, après les échanges de tirs entre les partisans de Walid Joumblatt et de Talal Erslan (deux morts et plusieurs blessés !), car des voix s’élèvent pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre à la « communauté druze ». Soit.
4. On ne peut pas se référer au Code du travail dès qu’il s’agit des 175 000 Palestiniens installés au Liban (chiffre fantaisiste du gouvernement libanais, puisque d’après l’UNRWA ils sont plutôt 500 000 !), en application des lois en vigueur au Liban, car des voix s’élèvent pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre aux « réfugiés palestiniens » du pays du Cèdre. Soit.
5. On ne peut pas se référer au Code de séjour des étrangers dès qu’il s’agit de 1,5 million de Syriens installés au pays du Cèdre, en application des lois en vigueur au Liban, car des voix s’élèvent pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre aux « réfugiés syriens » du pays du Cèdre. Soit.
6. Inspirez et continuons. On ne peut pas élire un président de la République dans les temps, pourtant seul responsable politique à prêter serment de fidélité à la nation libanaise (c’est pour dire !), en application de la Constitution de la République libanaise, car des voix s’élèvent pour expliquer au peuple libanais qu’il y a une « particularité » propre aux « communautés chrétiennes ». Soit.
7. On ne peut pas organiser des élections législatives dans les délais (5 ans d’autoprorogation la dernière fois), former un gouvernement rapidement (8 mois de transactions) et voter un budget provisionnel à temps (mi-juillet 2019, ils palabrent encore sur le budget de 2019, alors qu’en septembre 2019 ils sont censés se pencher sur le budget de 2020 !), en application des lois en vigueur au Liban et de la Constitution de la République libanaise, à cause de la « particularité » liée au « corporatisme communautaire » de la société libanaise. Soit.
8. On ne peut pas demander des comptes aux ministres et aux députés libanais à propos de leur incompétence chronique (ne serait-ce qu’à maitriser les dépenses publiques, baisser la dette, ramener l’électricité, protéger l'environnement, stopper la défiguration des paysages par les carrières, sauver Marj Bisri, etc.), en application des lois en vigueur au Liban, à cause de la « particularité » propre à la classe politique libanaise d’être « toujours responsable mais jamais coupable ». Soit.
Bon Dieu, mais à quoi ça sert d'avoir une Constitution et des lois au Liban? Non mais, combien de « particularités » et de couleuvres peuvent-ils faire avaler au peuple libanais sans que celui-ci ne se révolte? Bon sang, comment peut-on encore envisager construire un pays digne de ce nom et demander au monde entier d'avoir confiance en nous dans des conditions aussi hallucinantes? Au mieux, on peut espérer vivre dans une bonne république bananière. Au pire, dans une espèce de ferme, mazer3a. Toujours est-il que nous avons aujourd'hui la certitude, notre contrée est fertile, les particularités, el khousousiyett, y poussent comme des champignons! Alors mes chers compatriotes, il va falloir retrousser nos manches et aller à la cueillette ☺️