mardi 31 décembre 2019

Et si on nommait Carlos Ghosn ministre des Finances, des Fastes et des Frasques, ministre du détournement des Fonds propres et ministre des Évasions spectaculaires et des Évadés fiscaux ? (Art.701)


🇯🇵 Ce n’est pas étonnant qu’il ait été un personnage de manga 😊 Quelques réflexions à chaud après l’arrivée tonitruante de l’ex-magnat du secteur automobile au #Liban 🇱🇧

• Carlos #Ghosn a réussi une « évasion spectaculaire », audacieuse sans doute, puisqu’il était dans une résidence surveillée avec l’interdiction absolue de quitter le Japon ou de s’éloigner longtemps de Tokyo sans une autorisation spéciale du procureur. Cette évasion soulève beaucoup de questions et non des moindres, à savoir avec quel passeport il a pu quitter l’archipel (libanais, brésilien ou français ; pourtant tous toujours confisqués selon ses avocats), sous quel nom (le vrai ou un faux), a-t-il eu un nouveau passeport, quand et par qui a-t-il été délivré (Macron ou GebB, Superman de France ou Don Quichotte de la République libanaise), qui sont ses complices (yakuzas, mercenaires, faussaires, États), par quels moyens il s'est évadé (avion, hélicoptère, bateau, sous-marin), et sous quel déguisement (samouraï, moine bouddhiste, tiré par une baleine, caché dans une contrebasse) ? Sérieux, aux dernières nouvelles, il aurait quitté Osaka dans une caisse d'instrument de musique, il aurait utilisé un passeport français lors de son transit à Istanbul et il aurait présenté une pièce d'identité libanaise à son arrivée à Beyrouth. Bond, James Bond, l'agent 007, peut prendre sa retraite, la relève est assurée.

• Le système judiciaire japonais est sans doute primitif pour une démocratie occidentale et un Etat-état de droit, je l’ai dénoncé il y a plus d’un an au moment de l’arrestation de l’ex-PDG de Nissan. Carlos Ghosn pouvait se considérer comme « otage » et faisant l'objet d'un « complot », il n’empêche que cette évasion fait de lui un « fugitif ».

• En fuyant, Carlos met dans l’embarras les pays dont il détient la nationalité, le Liban et la France.

• En filant à l’anglaise, Ghosn donne raison aux Japonais, qui voulaient le garder en prison. Nous avons eu tort de leur reprocher cela.

• Par cette fuite, « Cost Killer », comme on le surnommait jadis, donne raison aussi à ceux qui considèrent le Liban comme un havre de paix pour certains hors-la-loi. Ceux qui sont branchés illégalement sur le réseau électrique, les miliciens du Hezbollah, les évadés fiscaux qui en plein crise financière ont mis leur argent à l’abri en Suisse, les voleurs de fonds publics jamais inquiétés, les hommes politiques corrompus à outrance, ceux qui fuient le Tribunal spécial pour le Liban, et j'en passe et des meilleurs. Que dire alors de quelqu'un à qui la justice libanaise ne reproche rien et dont le pays n'extradie pas ses ressortissants !

• On dit qu’il est parti d'un aéroport de l'archipel sur un jet privé et serait passé par la Turquie. En piétinant les conditions de l'assouplissement de sa détention pour une résidence surveillée, il a sans doute perdu sa caution, 12 millions d’euros au total. Carlos Ghosn peut se le permettre. Beaucoup d’autres personnes de par le monde, victimes d'injustice, ne peuvent pas s’offrir ce luxe.

• En se réfugiant au Liban, Carlos Ghosn sait parfaitement bien qu'il ne risque pas d'être extradé vers le Japon. Il peut se la couler douce sur les côtés de la Méditerranée orientale et s'occuper de son vignoble Ixsir. Et pourtant, en fuyant, il s’est libéré de sa petite « prison » japonaise, la résidence surveillée, mais il s'est s’enfermé dans une grande prison, le Liban. Désormais, où qu’il aille, Interpol pourrait se mettre à ses trousses.

• Les éléments à charge contre l'ex-PDG de Nissan sont accablants. Il y a quatre mises en examen, infraction à la législation financière (pour avoir minoré ses revenus dans les déclarations faites aux autorités), abus de confiance aggravé et détournement de fonds. Tenez par exemple, une partie des fonds de Nissan qui ont été détournés, 15 millions $, serait passée par le Liban avant d'aller atterrir sur le compte de la société américaine Shogun Investments appartenant à son fils Anthony. Une autre partie aurait passée par Beauty Yachts, une société enregistrée aux îles Vierges britanniques, dont la représentante n'est autre que sa femme Carole, et aurait servi à acquérir un yacht de 37 mètres. Sa sœur demeurant au Liban aurait bénéficié d'un emploi fictif pendant des années, gracieusement payée comme conseillère par les fonds de Nissan. L'acquisition de ses luxueuses résidences aux quatre coins du monde, à Beyrouth (la fameuse "villa rose"), Tokyo, Paris, Rio et Amsterdam, ainsi que les travaux d'aménagement, auraient été payés par des filiales de Nissan. Préjudice, près de 18 millions $. Enfin bref, après cette évasion, avec un dossier accablant et l'humiliation infligée aux Japonais, il y a fort à parier que l’ex-PDG de l’Alliance ne bénéficiera d'aucune circonstance atténuante lors de son procès qui devait s'ouvrir au mois de mars. Il sera probablement condamné à la peine maximale prévue pour les délits qu'il aurait commis. Il n’aura donc plus jamais l’occasion dans sa vie de se blanchir de ses accusations qui lui collent au dos, de se présenter au moins comme victime. Il vient de donner lui-même le coup de grâce à sa légende. Désormais, pour une partie de l'opinion publique mondiale, on ne peut qu'être coupable pour s'enfuir de cette manière !

• Peu de gens se souviendront du génie de Carlos Ghosn qui a sauvé Nissan de la faillite et a fait de Renault-Nissan-Mitsubishi le numéro un mondial de l’automobile un laps de temps ! Dommage. On retiendra de lui ses fêtes extravagantes, grotesques parfois, au Château de Versailles pour son anniversaire et son mariage. Mais ce qui restera surtout dans toutes les mémoires et les annales, c’est sans doute la « chute spectaculaire » d’un homme exceptionnel victime d'un ego surdimensionné, qui n’a pas su tirer sa révérence à temps, ou au moins saisir cette chance inouïe de changer de cap en acceptant la proposition des équipes d'un Barack Obama fraichement élu, qui voulaient le débaucher pour le mettre à la tête du groupe américain numéro deux mondial de l'automobile ! Il avait décliné la proposition en répondant « j'aimerais que General Motors fasse partie de l'alliance Renault-Nissan ». Il est clair qu'il a péché par orgueil, doublement, en considérant les entreprises Renault-Nissan-Mitsubishi comme les siennes et en croyant qu'il était irremplaçable. Quand l’ambition se transforme en folie des grandeurs, elle s’incarne en Carlos Ghosn. Quel gâchis !

• Carlos Ghosn et Hassan Diab, le Premier ministre désigné du Liban, ont trois éléments en commun : la technocratie, la mégalomanie et le narcissisme. Cela étant dit, ne me faites ma dire ce que je n'ai pas dit !

• Je me demandais il y a un an, dans mon article sur cette affaire, « A qui donner la Palme d'or ‘kezbeh kbireh’ (gros mensonge) : à Carlos Ghosn, à Nissan ou au Japon? » Avec le recul, nous pouvons dire sans trop nous tromper, aux trois ex aequo.

• Allez, puisque c’est le dernier jour de l’année, place au délire. Dans cette affaire extraordinaire, beaucoup de compatriotes à la fierté nationale à fleur de peau, se concentrent sur la forme et pas sur le fond, ils s'arrêtent sur l'évasion et mais pas l'accusation. Ricardo Karam est allé jusqu'à souhaiter la « bienvenue à la liberté et aux droits de l'Homme ». En plein révolution et de la part d'un journaliste, ça fait tache ! Et puisqu'on y est, ouvrons les vannes du délire à fond. Le pompon serait de confier un poste ministériel à Carlos Ghosn maintenant qu'il est au Liban, nous sommes en pleine crise et nous recherchons l'homme providentiel ! Qu’est-ce que vous en dites ? Vous lui donnerez quoi ? L’Industrie, le Travail ou les Travaux publics ? Ohhh c'est trop banal et pas assez délirant. Personnellement, je vois un très grand ministère, à la hauteur de cette personnalité exceptionnelle et taillé sur mesure, avec un titre digne de notre héros national, de ses exploits et de ses mésaventures : « Ministre des Finances, des Fastes et des Frasques, ministre du détournement des Fonds propres et ministre des Évasions spectaculaires et des Évadés fiscaux ».

Allez, champagne 🍾 Bienvenue au fils prodige de la patrie 🥳 Santé à toutes et à tous, citoyens de cette agora, aux Dalton et à Plantu 🍷 Vive la République bananière du Cèdre 🌲 La petite souris me dit que nous aurons du pain sur la planche en 2020 😊


© 2011-2020 Bakhos Baalbaki