vendredi 18 octobre 2019

Saad Hariri donne 72h pour que ses partenaires prouvent qu’ils ont la volonté de « réformer l'Etat, arrêter le gaspillage et lutter contre la corruption » au Liban (Art.653)


72 heures ⏱ C'est le temps que donne le chef du gouvernement libanais Saad Hariri à ses partenaires du "deal", pour qu'ils apportent une "réponse convaincante" aux Libanais en général et aux protestataires en particulier, ainsi qu'à la communauté internationale, sur l'existence d'une "décision unanime pour réformer l'Etat, arrêter le gaspillage et lutter contre la corruption", sinon, la kel 7édiss 7adiss, vogue la galère. Comme ils sont tous aussi déterminés, on se demande pourquoi ils ne s'entendent pas 🎭

J’ai rédigé deux réquisitoires accablants contre les dirigeants libanais pris en flagrant délit de négligence dans la maintenance de nos bombardiers d’eau Sikorsky ayant eu de graves conséquences. J’ai dénoncé aussi avec vigueur le gaspillage de l’argent public par le ministre de l’Environnement, Fady Jreissati (Courant patriotique libre), qui n’a pas jugé utile de trouver 100 000 $/an pour faire fonctionner nos bombardiers d’eau, mais qui est en négociation en Espagne depuis des mois pour acheter de nouveaux bombardiers d’eau pour 8 millions $. J’ai également réclamé sa démission ou son limogeage et une enquête approfondie pour déterminer qui sont ses complices. C’est pour vous dire, moi aussi je suis en colère.

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Mais en ce temps des émeutes de rues et des esprits fumants, où chacun a son idée sur la marque de l'interrupteur qu'il faut installer pour que 'bé kabsitt zirr' tout soit résolu 🎭, je pense pour ma part qu'il vaut mieux investir dans une bonne boussole plutôt 🧭 , afin de ne pas perdre le nord 😊Il nous revient en tant que citoyens responsables de nous rappeler trois principes fondamentaux de la vie en société :

1. Rien, absolument rien, ne justifie le recours de gens mécontents à la violence quelles qu’en soient les raisons et les époques. Les auteurs doivent être poursuivis selon les lois en vigueur.

2. Brûler des pneus, du mobilier urbain, des bennes de recyclage et des panneaux publicitaires, reste comme l’acte le plus primitif qu’un être humain ayant 100 milliards de neurones est capable de faire. Il doit être sévèrement puni par la justice. D’autant plus que ces émeutes sont devenues criminelles, on compte déjà plusieurs morts.

3. Les cercles du pouvoir, le Grand Sérail, le Parlement et le Palais présidentiel, ainsi que l'accès aux centres vitaux du pays -comme la Banque centrale, l'aéroport et le port de Beyrouth, les raffineries, les centrales électriques et téléphoniques, etc.- sont des lignes rouges. Quiconque s’y aventure doit être traduit devant les tribunaux et condamné avec la plus grande sévérité.

On peut ignorer ces principes, mais il faut assumer les conséquences, c’est la voie grande ouverte au chaos qui précipitera le #Liban dans l’abîme à la vitesse du son. Respecter ces principes et tout sera permis. Tout acte civique doit s’inscrire dans le respect des lois en vigueur dans notre pays. Sinon, il est nul et non avenu.

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. Qui a des revendications légitimes sur l’enquête concernant le scandale des Sikorsky, la taxation des narguilés, la cherté de la vie, le cumul des taxes, la hausse des prix scolaires et universitaires, la gestion des déchets, la pollution, la corruption, le népotisme, l'incompétence, les négligences, le confessionnalisme, le communautarisme, le recyclage, l’assurance maladie, la justice sociale, la relance de l’économie, le droit au logement, les locations anciennes, l’extension de la souveraineté de l’État sur tout le territoire libanais, le trafic illégal sur la frontière syro-libanaise, la réhabilitation d’Assad, le retour des réfugiés syriens installés au Liban en Syrie, la lutte contre Israël, la dissolution des milices palestiniennes, le désarmement du Hezbollah, est totalement libre de les exprimer dans le respect des lois en vigueur.

. Qui a envie de se perdre dans des slogans creux, « al cha3eb yourid eskatt el nizam » (à bas le régime), « sawra » (révolution), « yifello kelloun » (qu’ils partent tous), « tol3it ri7etkoun », « ta7élouf watani », les revendications vaseuses de la société civile 🎭, roue libre, dans le respect des lois en vigueur.

. Qui a un agenda politique déclaré, « faltaskout el 7oukoumé » (démission du gouvernement / revendications de la société civile, Parti socialiste et parti des Forces libanaises qui appellent à manifester mais dont les ministres ne démissionnent pas 🎭) et « éntikhebett niyébiyé moubakkira » (législatives anticipées / revendications de la société civile, Kataeb), ou un agenda politique non déclaré comme et surtout le Hezbollah (agiter la rue pour faire pression sur le gouvernement libanais afin de le contraindre à adoucir les conséquences des sanctions américaines sur le parti-milicien chiite), qu’il aille fumer sa moquette, il vaudrait mieux.

. Qui veut carreler la mer (société civile en général), qu’il ne se gêne pas, yirou7 yiballit el ba7er.

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OUI aux manifestations pacifiques à #Beyrouth, Baalbek, Tripoli, Sour, Jounieh, Saïda, Nabatiyeh etc. NON aux manifestations violentes aux quatre coins du Liban, même à celles qui consistent à couper les routes avec des pétales de roses ! Réclamer la baisse des tarifs des communications mobiles exorbitants est légitime, mais pénétrer dans les immeubles des compagnies pour les saccager est illégal. On n’hiberne pas 365 jours par an, pour ne se réveiller que le 366e jour, une fois tous les quatre ans, avec dans la tête l’idée incongrue de jouer au « Che » et de se prendre pour des « révolutionnaires » 🎭

Qui veut changer le monde s’implique en politique et travaille tous les jours pour cela dans le respect des lois en vigueur. S'il n'est pas content des lois, il n'a qu'à militer d'arrache-pied pour les changer. Jamais les citoyens n’ont disposé d’autant de moyens pour peser sur les décisions politiques. Il faut vraiment comprendre, que l’activisme agressif de nos jours est contre-productif par rapport à l’activisme pacifique qui est beaucoup plus efficace s’il est intelligemment mené.

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Mon soutien est total à la population pacifique qui manifeste dans le RESPECT ABSOLU des lois en vigueur au Liban. Je n’apporte aucun soutien aux protestataires agressifs dans la rue. Vu cette « violence » qui prend différentes formes et ces « revendications » de toutes sortes, que je vois et j’entends depuis jeudi, mon soutien est aussi total au président Michel Aoun, au Premier ministre Saad Hariri, au chef du Parlement Nabih Berri, au commandant de l’armée libanaise Joseph Aoun, au directeur général des forces de sécurité intérieure Imad Osman, au gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé, et à chacun-e des 128 députés de la nation. Je ne le fais pas spécialement par estime aux personnes citées, mais par respect à ces hauts représentants des institutions de la République libanaise et du peuple libanais, jusqu’à nouvel ordre, qui ne peut survenir qu’à travers des élections organisées dans les délais prévus par la Constitution libanaise et jamais sous la violence de la rue.

Halte au populisme à 5 piastres. Demander des élections présidentielles alors qu'il a fallu 900 jours de vacances pour y parvenir la dernière fois est grotesque. Réclamer des élections législatives en octobre 2019, alors qu'on vient d'organiser en mai 2018 est une aberration démocratique. Saad Hariri est incontournable au niveau internationale pour mettre en oeuvre les accords de la conférence CEDRE, promesses de 11 milliards $ de prêts avantageux et de dons contre des réformes structurelles. Former un gouvernement de technocrates apolitiques, alors que le Parlement est politisé à 99% est une chimère, il faut 9 mois pour y parvenir et ne tiendra que 3 mois. En abolissant le "Parlement des singes" au profit de "Kangaroo courts" populaires qui se prennent pour des tribunaux révolutionnaires, nous ne sommes pas en train de construire un Etat de droit digne de ce nom, mais une ferme au fin fond d'une jungle 🎭

Vive la République, vive le Liban. A bon entendeur, salut ! 🇱🇧


© 2011-2020 Bakhos Baalbaki