dimanche 27 octobre 2019

Une chaine humaine du Nord au Sud du Liban : la nouvelle page de l'histoire de la Révolution (Art.659)


✅ Révolution populaire
❎ Révolution populiste

Bienvenue dans la merveilleuse « chaine humaine » qui se met actuellement en place du Nord au Sud du #Liban. J’y étais, j'y suis et j'y reste. Pas pour adhérer au slogan vaseux "kelloun ye3né kelloun" (qu'ils partent tous sans exception), mais pour réclamer la double édification:
• d'une part, de l’Etat de droit avec un « E » majuscule, pour désigner cette séparation des pouvoirs qui mettra la justice libanaise à l’abri des influences politiques, même de la "société civile", afin de pouvoir quitter les slogans, la mythologie et la prose un jour, 'ba3idan 3an el che3er wel zajal wel fioulé bel sama', et lutter contre la corruption et le gaspillage de l'argent public,
• d'autre part, l'état de droit avec un « e » minuscule, pour signifier urbi et orbi, la primauté du droit et des lois sur tout et tous.

Cependant, vu le risque de sabotage de la Révolution libanaise par certains révolutionnaires eux-mêmes, ceux qui les soutiennent et ceux qui couvrent l’événement historique, je continuerai à dénoncer les fantaisies de certains compatriotes et analystes occidentaux. Matières à réflexion pour la route, si vous avez le temps de lire 😎

PS : La photo n’est pas du pays du Cèdre, mais du Pays basque (2014, Wikimedia), Espagne-France, cela va de soi. Si nous avions cela, nous serions au paradis ☺️ En tout cas, je remets ce rêve pour lequel je milite depuis 2011 sur la table: reboisement massif de toutes les rues et routes de #Beyrouth et du Liban 🇱🇧

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Après la Ghada Aoun -et cette « empathie » qui l’a poussé à dépoussiérer le dossier d’enrichissement illicite du milliardaire Najib Mikati (et non l’application de l’Etat/état de droit !)- voici la dernière analyse de la situation au Liban par Walid Phares. « Cher président Donald Trump, les manifestants vous voient comme le leader du monde libre et leur voix pour la justice », nous dit l’ex-conseiller du président américain à l’époque où il était candidat. Faux et archifaux. Et si c’est vraiment le cas, non seulement il donne raison à Hassan Nasrallah mais nous devons rejoindre les Kurdes de Syrie sur le champ !

Notez que même pour cet analyste américano-libanais, il y avait vraiment deux millions de personnes dans la rue. Là aussi, il faut arrêter les envolées lyriques ! Au lendemain de l’attaque terroriste de Charlie Hebdo, la « Marche républicaine » du 11 janvier 2015 à Paris a rassemblé entre 1,5 et 2 millions de personnes, pour 66 millions d’habitants, 12 millions pour la région Ile-de-France, qui fait à peu près la superficie du Liban. Le chiffre qui circule est inexact.

Autre exemple avec Nassim Nicholas Taleb, le célèbre essayiste américano-franco-libanais, auteurs de plusieurs bestsellers, qui a annoncé la « bonne nouvelle » il y a quelques jours : « Les kleptocrates du Liban devraient se rendre compte que chaque transaction financière effectuée sur Terre depuis 2005 est traçable. Même si on utilise des prête-noms, la monnaie virtuelle, des œuvres d'art, etc. On ne peut plus rien cacher. » Mais bien sûr, on se demande encore pourquoi il y a 32 000 milliards $ déposés dans les paradis fiscaux que même les puissants gouvernements occidentaux n’arrivent pas ou ne veulent pas au choix, identifier, rapatrier ou taxer.

Aux dernières nouvelles Taleb, qui veut qu’on le prenne au sérieux, « retire son soutien à Beirut Madinati (mouvement issu des municipales de 2016), à moins qu’il ne communique dans la langue LOCALE (notez les majuscules !), et pas dans la langue contraignante, élitiste, fachiste et médiévale appelée "arabe" que les politiciens ne parlent que lorsqu'ils passent à la télévision. Si vous voulez représenter le peuple, parlez la langue du peuple. » Un témoignage du terrain quoi ! Faux et archifaux. Encore un exemple qui donne raison à Hassan Nasrallah, sans le vouloir. Au ras des pâquerettes ou à côté de la plaque, au choix.

Après la diaspora libanaise, passons maintenant aux journalistes occidentaux. « Au Liban, le pouvoir communautaire est tombé », titre du Monde hier. En fait, la phrase revient à Charbel Nahas, mais la rédaction a choisi de la mettre en avant. Pour introduire la personnalité interviewée, le quotidien français s’est contenté de « cette grande voix réformatrice de gauche... qui aspire à bâtir un Etat laïque, démocratique, juste et efficace ». Les deux journalistes français, ont omis, par flemme intellectuelle ou conviction, de préciser par exemple aux lecteurs, que le seul exploit de ce polytechnicien quand il faisait partie de l’establishment, jurait fidélité à Michel Aoun et occupait le ministère des Télécoms, c’est de mettre toute son énergie, non sur la couverture du Liban par la fibre optique ou la baisse du prix des communications, mais uniquement pour produire un rapport et accuser Israël d’espionner le Liban via le secteur des télécommunications, afin de justifier le réseau illégal de télécommunication mis en place par la milice du Hezbollah, à l’origine de la mini-guerre de mai 2008. "Voix réformatrice" ? Une autruche oui, comme tant d’autres qui ne veulent pas voir que le principal problème aujourd’hui qui empêche l’édification d’un Etat/état de droit au Liban, c’est le Hezbollah 🤔


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