Depuis hier un rapport circule sur les réseaux sociaux concernant le gouverneur de la banque centrale libanaise, Riad Salamé. Le rapport a été rédigé par « Cristal Credit International ». Particulièrement impliqués dans cette campagne « mains propres », on retrouve « Daraj Media », des « partenaires internationaux » du site Daraj et « Dima Sadek ». Cela fait trois mois que tout ce beau monde est sur l’affaire. C’est pour vous dire combien les enquêteurs aimeraient que nous les prenions au sérieux. Nous jurons d'essayer 😊
Les accusations sont graves. L’inamovible banquier est accusé d’avoir transféré avec son frère et une employée, près de 2 milliards $ de leurs comptes au Liban vers leurs comptes à l’étranger. Ekhwet el-charmouta. Vous avez raison, mais minute ! Ce qui m’étonnera toujours, moi qui suis l’actualité depuis longtemps, c’est l’amateurisme de ceux qui fabriquent les fake news et la naïveté de ceux qui les partagent aussitôt.
*
Ce n'est qu'un secret de Polichinelle, Riad Salamé est depuis des lustres la bête noire de l'ex-camp du 8-Mars, le quatuor Nasrallah-Berri-Bassil-Aoun, qui voudrait le remplacer mais ne savent plus comment s'y prendre. Il a magouillé, sans l’ombre d’un doute. Vous pensez bien, depuis le temps qu’il est en poste et que c’est tentant ! Comme Nabih Berri d’ailleurs, soit dit au passage et sans arrière-pensée, hein. De là à inventer des histoires pour le coincer et l’évincer, franchement, on n’en a pas besoin. Cela fait 27 ans qu’il est au pouvoir, 28 ans pour l'estèz, comme gouverneur de la banque centrale au Liban, deux records dignes du Guinness Book et qui ne sont à l'honneur ni du Liban ni des intéressés d'ailleurs. Wlak cet élément seul est suffisant pour l’envoyer pêcher la sardine sur la Corniche le reste de sa vie !
Le gouverneur de la BDL gagne 500 000 $/an nous dit-elle. C'est un chiffre gonflé au max. Mais prenons-le pour argent comptant. C’est colossal, puisque c’est plus de deux fois le salaire de son homologue américain, Jerome Powell, président du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des États-Unis, la Fed. C’est honteux, quand on sait que le salaire minimum annuel libanais n’est que de 5 000 $. Encore un motif pour l’envoyer paître dans une autre prairie où l’herbe est moins grasse.
Mais analysons le chiffre. Supposons que Riad Salamé a réussi à ne rien dépenser depuis 27 ans et que les 500 000 $ annuels de salaires allaient directement sur son livret d’épargne. Alors question pour un champion, à combien devrait s’élever sa fortune aujourd’hui ? Figurez-vous, le petit malin n’aurait qu’à peine 13,5 millions $ ! Supposons même que le grand magouilleur avait réussi à détourner 1 million $/an depuis 27 ans. Il n’aurait que 40 millions $ aujourd’hui sur son compte bancaire. Tayeb, supposons maintenant qu’il a réussi à filer des salaires fictifs à sa femme et ses enfants. Voyons, tout ce beau monde aura autour de 100 millions $ de nos jours. Allons jusqu’à supposer qu’il a reçu autant d’argent pour blanchir les plus corrompus du monde, le régime syrien en tête. Après avoir magouillé en famille et entre amis toute sa vie à la sueur de son front, sans rien dépenser ni sur un chawarma ni sur un yacht ni sur une villa, Salamé & Co n’aurait amassé que 200 millions $ en tout et pour tout. Non mais, comment peut-on croire une seconde que Riad Salamé peut virer 2 milliards $ de ses comptes au Liban à ses comptes au Lichtenstein, Suisse, Monaco, Panama, Bahamas et j’en passe et des meilleurs ? Je peux me tromper sur certains éléments, mais le chiffre de 2 milliards $ avancé par les journalistes libanais est surement bidon.
*
Dima Sadek est une femme à croquer, mais elle n’est pas une flèche. Une petite recherche fait rapidement ressortir que Cristal Credit International, « la société de conseil, de renseignement et d’enquête » basée en France, est une parfaite inconnue dans les milieux financiers ! Ma7soubkoun, même moi j'ai plus de notoriété. On croit rêver. Toujours est-il, hasard des coïncidences, on apprend qu’au même moment « le ministre des Finances, Ghazi Wazni, a adressé une lettre au gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, au sujet de l’étude de la possibilité de diminuer les salaires et les allocations au sein de la BDL, du comité de contrôle bancaire et de l’Autorité des marchés financiers, et ceci, selon la résolution numéro 7 du Conseil des ministres en date du 4 février 2020 ». Smallah wou yi redd el-3ein, on a un gouvernement déterminé.
Baisser les salaires des hauts fonctionnaires de la BDL est une excellente initiative même par temps d’opulence, encore plus par temps de crise. Mais pourquoi se limiter à la BDL ? Hein, les Libanais n'ont pas vraiment compris ! Rien absolument rien ne justifie les salaires indécents d’une bande de nases de ministres, de députés, de hauts fonctionnaires et de conseillers à la mords-moi-le-noeud, qui ont poussé le Liban en 30 ans au bord du gouffre financier, 90 milliards $ de dettes publiques, pas loin des 200% du PIB, et encore, avant la pandémie de Coronavirus !
A ce propos, à ce brave ministre de l’inamovible Nabih Berri (au pouvoir même avant Riad Salamé !) et à ses collègues du gouvernement Hassann Diab, petite piqure de rappel. Pour désamorcer la révolte du 17 octobre, l’ex-PM Saad Hariri, s’est engagé, comme l’a réclamé votre obligé quelque temps avant, à réduire le salaire des députés et des ministres, au pouvoir et à la retraite, de moitié, sans le moindre avantage en sus. Ce n’est pas cela qui nous sauvera de la faillite, mais c’était symbolique pour moi. La fonction publique exige le dévouement. Enfin, avec 4 500 $/mois, les dévoués seront gracieusement payés tout de même ! Qui n’est pas prêt à ce dévouement et trouve ce salaire bas, doit débarrasser le plancher au vite, il y a beaucoup de Libanais compétents prêts à les remplacer pour beaucoup moins que cela. C'est resté un voeu pieu. De l’eau a coulé sous les ponts, Hassann Diab & Co se sont empressés d’oublier la proposition, une amnésie sélective bien évidement. Il est temps de leur rafraichir la mémoire.
Riad Salamé doit déguerpir et rendre des comptes, sans l’ombre d’un doute -à une nuance près, personnellement- comme tous celles et ceux qui le jugent aujourd’hui, ils sont tous co-responsables de la situation désastreuse du Liban.
Post-scriptum (mise à jour)
Dima Sadek vs Riad Salamé, la suite. « Nous (Dima Sadek et Daraj Media) répétons que (…) Nous ne sommes vraiment pas sûrs de l'exactitude de tout ce qui a été mentionné dans le rapport jusqu'à présent, mais nous le publions quand même afin de le mettre à la portée de l’opinion publique et des personnes concernées. »
Et nous, Bakhos Baalbaki et ses personnalités, répétons que publier des infos sans vérifier leur exactitude et sans vérifier même la plausibilité qu’elles le soient, comme nous l'avons fait il y a quelques jours, tout en oubliant que dans la vidéo à charge on prétend que cela fait trois mois qu'on est sur l'affaire, fait de la journaliste Dima Sadek « une femme à croquer, mais pas une flèche » 🤩
Les accusations sont graves. L’inamovible banquier est accusé d’avoir transféré avec son frère et une employée, près de 2 milliards $ de leurs comptes au Liban vers leurs comptes à l’étranger. Ekhwet el-charmouta. Vous avez raison, mais minute ! Ce qui m’étonnera toujours, moi qui suis l’actualité depuis longtemps, c’est l’amateurisme de ceux qui fabriquent les fake news et la naïveté de ceux qui les partagent aussitôt.
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Ce n'est qu'un secret de Polichinelle, Riad Salamé est depuis des lustres la bête noire de l'ex-camp du 8-Mars, le quatuor Nasrallah-Berri-Bassil-Aoun, qui voudrait le remplacer mais ne savent plus comment s'y prendre. Il a magouillé, sans l’ombre d’un doute. Vous pensez bien, depuis le temps qu’il est en poste et que c’est tentant ! Comme Nabih Berri d’ailleurs, soit dit au passage et sans arrière-pensée, hein. De là à inventer des histoires pour le coincer et l’évincer, franchement, on n’en a pas besoin. Cela fait 27 ans qu’il est au pouvoir, 28 ans pour l'estèz, comme gouverneur de la banque centrale au Liban, deux records dignes du Guinness Book et qui ne sont à l'honneur ni du Liban ni des intéressés d'ailleurs. Wlak cet élément seul est suffisant pour l’envoyer pêcher la sardine sur la Corniche le reste de sa vie !
Le gouverneur de la BDL gagne 500 000 $/an nous dit-elle. C'est un chiffre gonflé au max. Mais prenons-le pour argent comptant. C’est colossal, puisque c’est plus de deux fois le salaire de son homologue américain, Jerome Powell, président du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des États-Unis, la Fed. C’est honteux, quand on sait que le salaire minimum annuel libanais n’est que de 5 000 $. Encore un motif pour l’envoyer paître dans une autre prairie où l’herbe est moins grasse.
Mais analysons le chiffre. Supposons que Riad Salamé a réussi à ne rien dépenser depuis 27 ans et que les 500 000 $ annuels de salaires allaient directement sur son livret d’épargne. Alors question pour un champion, à combien devrait s’élever sa fortune aujourd’hui ? Figurez-vous, le petit malin n’aurait qu’à peine 13,5 millions $ ! Supposons même que le grand magouilleur avait réussi à détourner 1 million $/an depuis 27 ans. Il n’aurait que 40 millions $ aujourd’hui sur son compte bancaire. Tayeb, supposons maintenant qu’il a réussi à filer des salaires fictifs à sa femme et ses enfants. Voyons, tout ce beau monde aura autour de 100 millions $ de nos jours. Allons jusqu’à supposer qu’il a reçu autant d’argent pour blanchir les plus corrompus du monde, le régime syrien en tête. Après avoir magouillé en famille et entre amis toute sa vie à la sueur de son front, sans rien dépenser ni sur un chawarma ni sur un yacht ni sur une villa, Salamé & Co n’aurait amassé que 200 millions $ en tout et pour tout. Non mais, comment peut-on croire une seconde que Riad Salamé peut virer 2 milliards $ de ses comptes au Liban à ses comptes au Lichtenstein, Suisse, Monaco, Panama, Bahamas et j’en passe et des meilleurs ? Je peux me tromper sur certains éléments, mais le chiffre de 2 milliards $ avancé par les journalistes libanais est surement bidon.
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Dima Sadek est une femme à croquer, mais elle n’est pas une flèche. Une petite recherche fait rapidement ressortir que Cristal Credit International, « la société de conseil, de renseignement et d’enquête » basée en France, est une parfaite inconnue dans les milieux financiers ! Ma7soubkoun, même moi j'ai plus de notoriété. On croit rêver. Toujours est-il, hasard des coïncidences, on apprend qu’au même moment « le ministre des Finances, Ghazi Wazni, a adressé une lettre au gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, au sujet de l’étude de la possibilité de diminuer les salaires et les allocations au sein de la BDL, du comité de contrôle bancaire et de l’Autorité des marchés financiers, et ceci, selon la résolution numéro 7 du Conseil des ministres en date du 4 février 2020 ». Smallah wou yi redd el-3ein, on a un gouvernement déterminé.
Baisser les salaires des hauts fonctionnaires de la BDL est une excellente initiative même par temps d’opulence, encore plus par temps de crise. Mais pourquoi se limiter à la BDL ? Hein, les Libanais n'ont pas vraiment compris ! Rien absolument rien ne justifie les salaires indécents d’une bande de nases de ministres, de députés, de hauts fonctionnaires et de conseillers à la mords-moi-le-noeud, qui ont poussé le Liban en 30 ans au bord du gouffre financier, 90 milliards $ de dettes publiques, pas loin des 200% du PIB, et encore, avant la pandémie de Coronavirus !
A ce propos, à ce brave ministre de l’inamovible Nabih Berri (au pouvoir même avant Riad Salamé !) et à ses collègues du gouvernement Hassann Diab, petite piqure de rappel. Pour désamorcer la révolte du 17 octobre, l’ex-PM Saad Hariri, s’est engagé, comme l’a réclamé votre obligé quelque temps avant, à réduire le salaire des députés et des ministres, au pouvoir et à la retraite, de moitié, sans le moindre avantage en sus. Ce n’est pas cela qui nous sauvera de la faillite, mais c’était symbolique pour moi. La fonction publique exige le dévouement. Enfin, avec 4 500 $/mois, les dévoués seront gracieusement payés tout de même ! Qui n’est pas prêt à ce dévouement et trouve ce salaire bas, doit débarrasser le plancher au vite, il y a beaucoup de Libanais compétents prêts à les remplacer pour beaucoup moins que cela. C'est resté un voeu pieu. De l’eau a coulé sous les ponts, Hassann Diab & Co se sont empressés d’oublier la proposition, une amnésie sélective bien évidement. Il est temps de leur rafraichir la mémoire.
Riad Salamé doit déguerpir et rendre des comptes, sans l’ombre d’un doute -à une nuance près, personnellement- comme tous celles et ceux qui le jugent aujourd’hui, ils sont tous co-responsables de la situation désastreuse du Liban.
Post-scriptum (mise à jour)
جاءنا رد من بنك FNB ينفي فيه جملةو تفصيلاً ما ورد تقرير سلامة بخصوص البنك المذكور.نكرر ان قرارنا بنشر الوثيقة كاملة جاء لوضعها في متناول الرأي العام بعد إعلان سلامة هو بذاته عن وجودها ونحن فعلاً وحتى الساعة لسنا واثقين من دقة كل ما جاء في التقرير وانما ننشرها لنضعها برسم المعنيين pic.twitter.com/UgjAVMWzLR
— Dima ديما صادق (@DimaSadek) April 9, 2020
Dima Sadek vs Riad Salamé, la suite. « Nous (Dima Sadek et Daraj Media) répétons que (…) Nous ne sommes vraiment pas sûrs de l'exactitude de tout ce qui a été mentionné dans le rapport jusqu'à présent, mais nous le publions quand même afin de le mettre à la portée de l’opinion publique et des personnes concernées. »
Et nous, Bakhos Baalbaki et ses personnalités, répétons que publier des infos sans vérifier leur exactitude et sans vérifier même la plausibilité qu’elles le soient, comme nous l'avons fait il y a quelques jours, tout en oubliant que dans la vidéo à charge on prétend que cela fait trois mois qu'on est sur l'affaire, fait de la journaliste Dima Sadek « une femme à croquer, mais pas une flèche » 🤩