vendredi 10 avril 2020

Le gouvernement libanais accorde 875 millions de dollars en sus pour le projet de barrage contesté de Marj Bisri, en plein pandémie de Covid-19 et sachant que plus de 2 millions de Libanais vivaient en dessous du seuil de pauvreté avant la crise sanitaire (Art.776)


Le Coronavirus ne nous fera pas oublier les scandales chroniques au Liban et les choix contestés du gouvernement Hassann Diab. Il y a quelques jours le ministre de l’Energie et de l’Eau, Raymond Ghajar, ce technocrate dépendant du CPL, a justifié la poursuite de l’aberrante construction du barrage de Marj Bisri par sa détermination à « éviter le gaspillage de l’argent public ». En temps normal, on rirait d’une excuse aussi bancale.

Récapitulons. Sur une grave crise économique due à une dette publique de 90 milliards $ s’est greffée une grave crise sanitaire due au Coronavirus, aux conséquences économiques désastreuses même pour les pays qui ont les reins solides. Il ne faut pas être dans le secret des dieux pour savoir que crise sur crise, l’intérêt international pour le Liban est relégué au 36e plan jusqu’à nouvel ordre. On voit mal des pays arabes et occidentaux, devant faire face à des milliers de milliards de dollars de pertes économiques, voler au secours d'un Liban mal géré depuis la nuit des temps, en ce moment et cela pour longtemps. Pour faire face aux crises, le gouvernement Hassan Diab a déjà réquisitionné l’argent des Libanais pour une durée indéterminée et prévoirait à ce qu’il parait un haircut des comptes en dollars pouvant aller jusqu’à 50%. Les Libanais constatent en parallèle, la livre libanaise ayant perdu la moitié de sa valeur, que le haircut de 50% est déjà appliqué aux comptes dans la monnaie nationale. Qui avait 3000 LL hier n'a plus que 1$ aujourd'hui. Rajoutez à cela que depuis trois semaines une grande partie des Libanais est au chômage à cause du confinement de la population, sans solde et sans indemnisation.

C’est dans ces conditions particulièrement inquiétantes, que le Premier ministre Hassann Diab et Raymond Ghajar, ex-conseiller de l’ex-conseiller de l’ex-conseiller de Gebrane Bassil (respectivement Nada el-Boustani et César Abi Khalil ; le CPL considère le ministère de l’Energie et de l’Eau comme sa chasse-gardée since 2008), ont jugé utile de poursuivre les projets du barrage de Marj Bisri et du fleuve Awali. 875 millions de dollars de prêts de la Banque mondiale, pour poursuivre des travaux financés aussi par "majlis el enme2 wal e3mar wal tadmir", sur une faille sismique active (cf. 1956), qui ne peut pas être rempli d’une manière optimale pour diverses raisons notamment la nature du sol, dans un pays sans compteurs d’eau généralisés, dont la tuyauterie publique et privée fuit, où la fraude est un sport national, pour acheminer une eau polluée à la population beyrouthine, dont la majorité est imperméable à modérer sa consommation de l’or bleu, parce que le ministère n'est pas fichu de les sensibiliser dans ce sens.

Qu’est-ce que vous en dites de tout cela : Diab et Ghajar ont décidé de dépenser maintenant 875 millions de dollars en sus pour des projets de long terme contestés, sachant que plus de 2 millions de Libanais vivaient déjà en dessous du seuil de pauvreté, avant même le déclenchement de la pandémie du Coronavirus, et que des dizaines de milliers d’autres les rejoindront au cours de toute l'année que durera cette grave crise sanitaire ! Alors à votre avis de quoi s’agit-il au juste : une idée de génie du gouvernement libanais, de l’incompréhension de la part des contestataires, de la corruption caractérisée du pouvoir libanais, de la mauvaise gestion de l’argent public ou de la pure bêtise ? 🤔

PS: OUI aux 5 points établis par le militant écologiste Paul Abi Rached. Cette magnifique prairie-vallée de Marj Bisri doit être classée sur le champs en Parc national protégé. Les solutions alternatives sont non seulement nombreuses, mais elles sont plus économiques, plus écologiques, et surtout plus adaptées.


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