jeudi 23 avril 2020

La légalisation de la culture du cannabis à usage thérapeutique au Liban : apporter au Hezbollah une bouffée d’oxygène pour renflouer ses caisses en toute légalité et en pleines sanctions internationales (Art.781)


Chers députés et ministres libanais, « vous n’êtes pas bons à rien » ! Vous pourriez voir en cela une flatterie. Disons plutôt que « vous êtes mauvais à tout », comme le Schpountz de Marcel Pagnol. C’est ce qu’écrira l’histoire à votre sujet, au moins en ce qui concerne la majorité d’entre vous. Ça sera votre malédiction jusqu’à la fin des temps, votre boulet aux élections et au jugement dernier. Trois jours d’un soi-disant marathon législatif, alors que les Libanais sont plongés dans une triple crise économique depuis 2018, sociale depuis 2019 et sanitaire depuis 2020, une course écourtée au final, pour qu’à l’arrivée la montagne n’accouche que d’une souris.

• Mauvais parce que vous avez donné le feu vert pour dépenser encore 875 millions $, entre 1 300 et 2 600 milliards LL selon le taux de change, pour continuer l’aberrant barrage de Marj Bisri qui détruira un des derniers patrimoines écologiques du Liban afin d’acheminer de l’eau polluée à des compatriotes insensibles à l’économie de l’or bleu, dans un pays sans compteur d’eau, à la tuyauterie de distribution vétuste où les fuites sont partout.

• Mauvais parce que vous légalisez les réseaux existants et la mafia de la hachiché et du cannabis dans la Bekaa, sans autoriser pour autant les honnêtes libanais du Mont-Liban, du Nord comme du Sud, à se lancer dans sa culture pour un usage médical et industriel. Une discrimination qui n’a comme véritable but que d’apporter au Hezbollah une bouffée d’oxygène pour renflouer ses caisses en toute légalité et en pleines sanctions internationales.

• Mauvais parce sur les écrans de TV vous dissertez sur la nécessité de juger les ministres corrompus et à l’intérieur du Parlement, il n'y a plus personne pour voter la levée de l’immunité des ministres et étendre la juridiction pour les juger en cas de corruption. Mauvais aussi parce que malgré des mois de révolte populaire, vous jugez encore que la levée du secret bancaire sur vos comptes, aussi imparfaite soit-elle pour combattre vos magouilles financières et récupérer les fonds que vous avez détournés ou laissés voler, n’a pas de caractère urgent.

• Mauvais parce que pendant que vous êtes assurés de revenus confortables, vous refusez de réserver 1 200 milliards LL pour offrir une sécurité aux niveaux social et financier à tous les Libanais qui sont affectés par la crise économique et sanitaire. Mauvais parce que vous refusez même de suspendre les délais concernant les locataires anciens que vous avez décidé d’expulser de leurs villes et de leurs appartements il y a quelques années, afin d'offrir les beaux quartiers de Beyrouth aux promoteurs sans scrupules et sans vergogne.

• Mauvais pour un tas d’autres raisons mais surtout mauvais parce que vous êtes de grands imposteurs. Vous faites croire à vos « partisans » et « idiots utiles » au moment des élections, qu’un tel ou un tel est la source de nos problèmes. Non mais qui au juste ? Rafic Hariri ? Mais l’ex-Premier ministre est mort il y a 15 ans ! Qu'est-ce que vous avez fait depuis ? Il est où le courant électrique continu 24h/24 promis par Don Quichotte de la République libanaise pour 2015 ? Nulle part. Il est où le dollar de nos jours ? A plus de 3 000 LL ! Qui est responsable au juste ? Ah, Riad Salamé bien sûr. Mais le gouverneur de la banque centrale est un exécutant et non un donneur d’ordre. Sans une couverture politique large, j'insiste sur « large », et vos ententes politiciennes hypocrites, il a le pouvoir d’un planton.

*

Il y a rien à dire, vous n'êtes pas à la hauteur, ni de l'enjeu ni des risques, vous êtes tout notre malheur. Vous, toute cette classe politique nase toutes tendances politiques confondues, incompétentes et hypocrites, qui élisez et réélisez et réréélisez et réréréélisez et réréréréélisez et réréréréréélisez encore et toujours ce même Nabih Berri, en fonction bien avant l’ex-Premier ministre défunt et l'actuel gouverneur de la banque centrale, qui fait la pluie et le beau temps à la tête de l’Assemblée nationale depuis 1992, après avoir été un seigneur de la guerre civile pendant longtemps. Son successeur pourrait être pire je crains, mais un demi-siècle avec Nabih Berri, deux générations de Libanais, c'est le surréaliste politique à son comble.

Hier, alors que le Premier ministre libanais Hassann Diab lui demande d’organiser une nouvelle séance nocturne le même jour, afin de discuter de ce projet de loi, « garantir la sécurité sociale et alimentaire » des Libanais en difficulté à travers un projet de loi d’aides de 1 200 milliards LL, il s’entend répondre avec énervement par l’inamovible chef du Parlement, l'octogénaire Nabih Berri : « Ni toi ni personne d’autre ne me dicte ce que je dois faire ! »

Aucun député, ministre ou leader politique n’a protesté contre ce mépris flagrant pour le Premier ministre du Liban et pour le peuple libanais dans le besoin, pas même Hassann Diab lui-même ! Le projet de loi prévoyait de venir en aide à tous les Libanais individus et sociétés affectés par la pandémie de Covid-19 de la manière suivante :

- 600 milliards LL d’aides directes à raison de 400 000 LL par famille et pendant un an (pour les personnes vivant sous le seuil de pauvreté, âgées ou handicapés, etc.) ;
- 300 milliards LL comme prêts pour soutenir les grandes industries du pays (250 bénéficiaires) ;
- 140 milliards LL comme prêts aidés pour soutenir les petites industries (7 000 bénéficiaires) ;
- 130 milliards comme prêts aidés pour les agriculteurs (30 000 bénéficiaires) ;
- 15 milliards LL de dons aux agriculteurs comprenant des graines et des plants (30 000 bénéficiaires) ;
- 15 milliards LL de prêts aidés aux artisans (3 300 bénéficiaires).

Ces prêts devaient être financés par la Banque du Liban et les banques libanaises privées, et être accordés aux bénéficiaires avec un taux d’intérêt de 0%. Nabih Berri et ses complices n’en ont pas voulu. Au moment de la discussion du projet du gouvernement hier, les députés ont commencé à se retirer les uns après les autres. Personne n'en a fait un scandale national et n'a osé clouer "el-estèz" au pilori. Faute de quorum le vieux a levé la séance et renvoyé le projet d’aides aux familles et aux entreprises libanaises aux calendes grecques, aux magouilles politiques de salon et aux transactions politiciennes en coulisse, alors que nous vivons une triple crise, économique, social et sanitaire. Pour cette flagrante mascarade qui couronne votre incompétence légendaire, votre hypocrisie flagrante et votre imposture irréfutable, soyez maudits jusqu’à la fin des temps.


© 2011-2020 Bakhos Baalbaki