C’est au sujet des eurobonds. Non mais quel rapport ? 😳
1. Rembourser un « emprunt en dollar » de 1,2 milliard de valeur, quand un pays est endetté à hauteur de 100 milliards $ (et ne prévoit pour l’année en cours que 9 milliards $ de recettes pour 13 milliards $ de dépenses), revient à payer à peu près 1 000 € pour une Porsche Carrera achetée avec un emprunt de 100 000 € (alors qu’on n’a que 800 €/mois de revenus et 1 200 € de dépenses mensuelles prévues !).
2. Que notre débiteur, État ou particulier, paie ou ne paie pas, ses « Eurobonds » ou sa Porsche, cela ne changera pas sa situation : sa créance dépasse largement ses ressources, sa dette reste abyssale, sa santé financière est morbide.
3. Les fervents partisans du paiement de l’échéance du 9 mars par l’État libanais sont les banques libanaises. Leur positionnement s’explique avant tout par leurs propres intérêts financiers, ils détiennent l'essentiel de la dette publique. Le défaut de paiement des créanciers étrangers entrainera ipso facto un non-paiement des banques libanaises, à présent et à l’avenir, et compliquera leur business sur la scène internationale.
4. Les partisans du paiement arguent que si l’État n’honore pas cette échéance, cela conduira à une perte de confiance, ce qui nous obligera à emprunter à des taux d’intérêts encore plus élevés. Argumentation fallacieuse. Si le Liban emprunte tout court, ce n’est pas parce qu’il a toujours honoré sa dette comme dit la mythologie, c’est à cause des garanties constantes assurées depuis des lustres et à ce jour par la communauté internationale en générale et les pays arabes et européens en particulier. Il est donc clair que la restructuration de la dette libanaise est autant politique que financière. Sans l’appui des pays arabes et occidentaux, nous allons droit dans le précipice même si nous payons, une fois de plus, rubis sur l’ongle.
5. Parmi les fervents partisans du non-paiement de cette échéance par l’État libanais on trouve le Hezbollah, et même Fouad Siniora, la bête noire de ce dernier. Le positionnement du Hezb s’explique en premier par ses propres intérêts politiques. Le parti-milicien se retrouve piégé par un gouvernement monochrome qui lui ai acquis mais qui a une marge de manœuvre étroite (du fait de sa nature hezbollahi-compatible), du classement du Hezb comme entité terroriste par les pays arabes et occidentaux, et des sanctions financières américaines. La seule façon de briser cet isolement politique est de s’attirer la sympathie de la rue à travers une mesure populaire. Le problème est que le non-paiement de l’échéance du 9 mars, sans l’aval des pays arabes et occidentaux, nous conduira droit dans le précipice aussi.
6. Alors que faire ? A vrai dire, nous n’avons pas le choix, il ne faut pas payer les eurobonds ! Cela étant dit, il faudra rajouter aussitôt, à condition d’établir un plan de restructuration importante de la dette souveraine libanaise, à négocier avec les créanciers internes et externes, en coordination avec les pays arabes et occidentaux, et de prévoir en parallèle des réformes structurelles importantes. Reste à savoir quel type de restructuration ?
7. Deux options courantes : refinancement de la dette via la baisse des taux d’intérêt et l’étalement des échéances ou remboursement d’une partie conséquente à un taux avantageux. L’ampleur vertigineuse de notre dette, 97 milliards $ soit 162% du PIB, rend ces deux options caduques.
8. Par conséquent, pour sauver le Liban d’un effondrement financier inéluctable, la dette publique du pays du Cèdre doit être divisée par deux dans l'idéal, ou dans le pire des cas, réduite du tiers. C’est une opération chirurgicale à haut risque, mais c’est le seul moyen de sauver le patient Liban. Au stade où il est, tout ce qui en dehors de ça, relève de la politique de l’autruche, de la morphine et des soins intensifs.
9. Si nous ne descendons pas en-dessous du 100% du PIB, tous nos efforts et nos sacrifices financiers ne serviront absolument à rien, à part retarder l'inéluctable, l'effondrement général. Et comble du malheur, notre Porsche ne vaut plus qu’une vieille Citroën 🤔
1. Rembourser un « emprunt en dollar » de 1,2 milliard de valeur, quand un pays est endetté à hauteur de 100 milliards $ (et ne prévoit pour l’année en cours que 9 milliards $ de recettes pour 13 milliards $ de dépenses), revient à payer à peu près 1 000 € pour une Porsche Carrera achetée avec un emprunt de 100 000 € (alors qu’on n’a que 800 €/mois de revenus et 1 200 € de dépenses mensuelles prévues !).
2. Que notre débiteur, État ou particulier, paie ou ne paie pas, ses « Eurobonds » ou sa Porsche, cela ne changera pas sa situation : sa créance dépasse largement ses ressources, sa dette reste abyssale, sa santé financière est morbide.
3. Les fervents partisans du paiement de l’échéance du 9 mars par l’État libanais sont les banques libanaises. Leur positionnement s’explique avant tout par leurs propres intérêts financiers, ils détiennent l'essentiel de la dette publique. Le défaut de paiement des créanciers étrangers entrainera ipso facto un non-paiement des banques libanaises, à présent et à l’avenir, et compliquera leur business sur la scène internationale.
4. Les partisans du paiement arguent que si l’État n’honore pas cette échéance, cela conduira à une perte de confiance, ce qui nous obligera à emprunter à des taux d’intérêts encore plus élevés. Argumentation fallacieuse. Si le Liban emprunte tout court, ce n’est pas parce qu’il a toujours honoré sa dette comme dit la mythologie, c’est à cause des garanties constantes assurées depuis des lustres et à ce jour par la communauté internationale en générale et les pays arabes et européens en particulier. Il est donc clair que la restructuration de la dette libanaise est autant politique que financière. Sans l’appui des pays arabes et occidentaux, nous allons droit dans le précipice même si nous payons, une fois de plus, rubis sur l’ongle.
5. Parmi les fervents partisans du non-paiement de cette échéance par l’État libanais on trouve le Hezbollah, et même Fouad Siniora, la bête noire de ce dernier. Le positionnement du Hezb s’explique en premier par ses propres intérêts politiques. Le parti-milicien se retrouve piégé par un gouvernement monochrome qui lui ai acquis mais qui a une marge de manœuvre étroite (du fait de sa nature hezbollahi-compatible), du classement du Hezb comme entité terroriste par les pays arabes et occidentaux, et des sanctions financières américaines. La seule façon de briser cet isolement politique est de s’attirer la sympathie de la rue à travers une mesure populaire. Le problème est que le non-paiement de l’échéance du 9 mars, sans l’aval des pays arabes et occidentaux, nous conduira droit dans le précipice aussi.
6. Alors que faire ? A vrai dire, nous n’avons pas le choix, il ne faut pas payer les eurobonds ! Cela étant dit, il faudra rajouter aussitôt, à condition d’établir un plan de restructuration importante de la dette souveraine libanaise, à négocier avec les créanciers internes et externes, en coordination avec les pays arabes et occidentaux, et de prévoir en parallèle des réformes structurelles importantes. Reste à savoir quel type de restructuration ?
7. Deux options courantes : refinancement de la dette via la baisse des taux d’intérêt et l’étalement des échéances ou remboursement d’une partie conséquente à un taux avantageux. L’ampleur vertigineuse de notre dette, 97 milliards $ soit 162% du PIB, rend ces deux options caduques.
8. Par conséquent, pour sauver le Liban d’un effondrement financier inéluctable, la dette publique du pays du Cèdre doit être divisée par deux dans l'idéal, ou dans le pire des cas, réduite du tiers. C’est une opération chirurgicale à haut risque, mais c’est le seul moyen de sauver le patient Liban. Au stade où il est, tout ce qui en dehors de ça, relève de la politique de l’autruche, de la morphine et des soins intensifs.
9. Si nous ne descendons pas en-dessous du 100% du PIB, tous nos efforts et nos sacrifices financiers ne serviront absolument à rien, à part retarder l'inéluctable, l'effondrement général. Et comble du malheur, notre Porsche ne vaut plus qu’une vieille Citroën 🤔