mercredi 26 février 2020

Pour le régime théocratique en Iran, la bataille contre le Covid-19 est également religieuse (Art.738)


🇮🇷 « L’isolement à domicile est très important. Par contre, la mise en quarantaine des villes aujourd’hui, comme on le faisait autrefois, n’est pas une mesure scientifique. » C’est ce qu’a affirmé hier le ministre iranien de la Santé, Saeed Namaki. De Téhéran, la Chine et l’Italie font fausse route. Seul l’Iran est à la pointe de la lutte contre l’épidémie de Coronavirus. Pour les dirigeants iraniens, essentiellement des mollahs et des conservateurs fidèles, l’enjeu est double. Comme les Italiens, ils sont préoccupés par l’épidémie qui frappe de plein fouet leur pays. Mais contrairement à ces derniers, ce n’est pas leur unique préoccupation. Ils ont une autre bataille à mener, contre le principe de la mise en quarantaine.

L’épicentre du coronavirus iranien est la ville de Qom. Officiellement, les premiers cas confirmés datent du 19 février. Étant donné l’ampleur et la vitesse de la propagation du virus, Covid-19 circule depuis bien plus longtemps. Officiellement, il n’y avait que quelques morts avant-hier. Officieusement, selon le député de Qom Ahmad Amirabadi Farahani, on dénombre au moins 50 morts rien qu’à Qom. La majorité des nouveaux cas concernent des personnes qui ont été à Qom, comme c’est le cas de la première patiente déclarée au Liban, renvoyée dans son pays, dans un avion avec 170 autres passagers, comme si de rien n'était, alors qu'on se doutait qu'elle était malade à son embarquement.

Disons que Qom est la Wuhan et la Codogno de l’Iran. Pour freiner la propagation du virus, la Chine et l’Italie n’ont pas hésité à mettre ces deux villes en quarantaine. Ils ne l’ont pas fait de gaieté de cœur, mais ils ont estimé que les avantages dépassaient les inconvénients et que la santé publique de l’ensemble de la population était au-dessus de toute autre considération. Dans la République islamique d’Iran, on y a pensé mais on ne l’a pas fait. Pas pour des raisons médicales ou sociales, mais essentiellement pour des motifs idéologiques et religieux. Qom est une ville de pèlerinage pour les musulmans chiites, c’est là où est enterrée la sœur d’Ali el-Rida le 8e imam chiite, Fatimah Maasoumeh, dont le tombeau est aspergé d'eau de rose du matin au soir.

Pour le régime théocratique des mollahs, la bataille contre le Coronavirus est également religieuse. Il est inconcevable de mettre en quarantaine ce qui est considéré comme le troisième sanctuaire le plus saint de l'islam chiite, même si cela signifie qu’ils laissent Covid-19 circuler librement sans entraves dans le pays. C'est leur droit. Le problème c’est que ce n’est pas uniquement l’affaire des Iraniens. Les avions en provenance de l’Iran continuent d’atterrir dans les aéroports du monde entier, Beyrouth compris, comme si de rien n’était, alors que les autorités iraniennes sont prises en flagrant délit de négligence pour ne pas dire d’incompétence. Et pourtant, les spécialistes ne cessent de le dire et le répéter, les premières mesures sont capitales pour circonscrire l'épidémie du Coronavirus. Le Premier ministre libanais Hassann Diab et le ministre de la Santé, nommé par le Hezbollah, Hamad Ali Hassan, assumeront pleinement les conséquences de leur tergiversation sur le Coronavirus et leur complaisance à l'égard de l'Iran.


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