🇱🇧 S’il est question de confiance demain, il est forcément question de déclaration de politique générale du nouveau gouvernement sur laquelle nous devons nous baser pour l’accorder ou pas. Technocrates ou non est le cadet de nos soucis. Certains d’entre nous ont dépassé l’âge de croire aux princes charmants et aux sauveurs providentiels 😊
Qui est habitué à ce genre de lecture politique, n’a pas été vraiment surpris par le contenu des 16 pages du « البيان الوزاري » de Hassann Diab et de ses ministres. A première vue, il n’est ni bon ni mauvais, c’est une déclaration et des promesses d’ordre général qui n’engagent que ceux qui les croient. Et pourtant, quand on plonge dans les détails et on lit entre les lignes, on parvient à débusquer le diable à divers endroits. Extraits.
*
• Salaires. Le 20 octobre 2019, j’ai proposé de diviser le salaire de tous les « hauts responsables libanais » par deux, de les lier au salaire minimum du peuple et de les plafonner. Ce n’est pas cela qui nous sauvera de la faillite, mais c’est symbolique, inscrire ce principe dans le marbre et les esprits : une carrière politique ne doit pas conduire à l’enrichissement personnel, même licite. Bingo, après 72 heures de réflexion, le Premier ministre Saad Hariri avait accepté de baisser de 50 % les salaires des actuels et anciens présidents, ministres et députés. Trois mois plus tard, Hassann Diab et la majorité 8-Marsienne ont renvoyé la proposition Baalbaki-Hariri aux calendes grecques.
• Finances. « Lutter contre la contrebande légale et illégale ». La mascarade ! Légale, c’est notamment par le port et l'aéroport de Beyrouth, actuellement tous deux sous le contrôle du Hezbollah, la colonne vertébrale du gouvernement Diab. Illégale, c’est notamment par la frontière syro-libanaise, grande ouverte aux miliciens du Hezb, aux armes, au pétrole, aux dollars et à tous les trafics. Elle n’a jamais été tenue d’une main de fer et ne le sera jamais. Il n’y a pas un seul mot explicite en ce sens dans la déclaration ministérielle.
• Dette. « Élaborer un plan de réduction du service de la dette grâce à la coopération entre le ministère des Finances, la Banque du Liban et les banques privées… Travailler à réduire la dette publique en prenant plusieurs mesures (…) partenariat public-privé. » C’est tout ce que prévoit le gouvernement Hassann Diab et le ministère des Finances de Nabih Berri (la chasse-gardée du mouvement Amal), alors que notre dette est abyssale (150% de notre PIB).
• Transport. « Approuver notamment la stratégie nationale de transport routier, notamment, les chemins de fer, les trains, le métro et le transport maritime. » 90 milliards $ de dette et des ministres pseudo-technocrates qui nous bassinent toujours avec le « métro » à Beyrouth ! Je parie que c’est encore GebB. Il en a parlé en 2013 dans sa BD électorale, « Rêve d’une nation ». Figurez-vous, c’était pour 2020. C'est comme lorsqu'il a promis l'électricité 24h/24 en 2010 pour 2015 😋
• Banque du Liban. « Nomination des vice-gouverneurs de la Banque du Liban. » Alors, vous comprenez mieux maintenant l’offensive contre le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, menée par le Hezb et le CPL ?
• Gaz. « Accélérer l’octroi des secondes licences d'exploration pétrolière et gazière. » Évidemment, c’est la bouée de sauvetage économique. Et heureusement que la révolution a précédé l’exploitation, pétrolière, gazière et financière !
• Déplacés. « Approuver le plan de fermeture du dossier des déplacés… » Si, si, trente après la fin de la guerre ! Bons baisers de Moukhtara, c’était la chasse-gardée de Joumblatt.
• Électricité. Une autre chasse-gardée, du CPL. « Mettre en œuvre le plan qui a été approuvé à l'unanimité le 8 avril 2019… Préparer une étude et développer un plan alternatif prendra plusieurs mois… », blablabla et patati et patata. Hallucinant. Alors que le gouffre du secteur électrique nous coûte 2 milliards $/an, voilà ce que nous sort le ministre de Gebrane Bassil en charge du secteur électrique, après 11 ans de contrôle du ministère de l’Énergie par le Courant patriotique libre ! 30 ans après la fin de la guerre, nous sommes encore au stade de l’ « étude » et du « plan alternatif » pour ramener l’électricité public 24h/24. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, quand l’incompétence épouse la corruption, ça donne le ministère de l'Energie au Liban !
• Israël. « Le gouvernement met l'accent sur le devoir de l'État à déployer ses efforts pour libérer les fermes de Chebaa, les collines de Kafr Chuba et la partie libanaise du village de Ghajar, par tous les moyens légitimes, avec l'affirmation du droit des citoyens femmes et hommes, de résister à l'occupation israélienne, de repousser ses attaques et de reprendre les territoires occupés. » Notez l'insertion surréaliste du terme « citoyens » dans ce texte pour désigner indirectement les miliciens du Hezbollah, ainsi que l'ordre d'arrivée délirant sur le champ de bataille, les « femmes » avant les « hommes », mais voyons ! Tragicomique. C’est la politique de l’autruche dans toute sa splendeur ! Cela donne cette tournure bidon trouvée par un gouvernement sous l’emprise totale de la milice chiite libanaise, afin de justifier encore et toujours « l’anomalie » que constitue la situation du Hezbollah au Liban, responsable par son existence armée et ses interventions miliciennes internes et externes, de plusieurs dizaines de milliards de dollars de dégâts matériels, de pertes économiques et de manque à gagner. Le gouvernement Diab zappe le principal obstacle à la prospérité du Liban d'une manière ahurissante.
• TSL. « Le gouvernement est soucieux de connaitre la vérité concernant le crime de l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri et de ses compagnons. » 21 personnes. Le même tribunal doit encore se pencher sur l’assassinat de Georges Haoui et les tentatives d’assassinat de Marwan Hamadé et Elias Murr, trois personnalités du 14-Mars. Jusque-là, RAS. Hassann Diab et ses ministres ajoutent, tenez-vous bien, « le gouvernement suivra le cours du Tribunal spécial pour le Liban, qui a été créé en principe pour établir la vérité et la justice… » Ils ont osé l'insérer ! « En principe », مبدئياً , parce qu’il faut voir en pratique ce que vaut ce tribunal expéditif, hein ? Et ils s’offusquent quand on leur dit que le troisième gouvernement de Michel Aoun est le gouvernement du Hezbollah par excellence.
Et ce n’est pas fini. Diab & Co rajoute « … loin de toute politisation et de vengeance … ». La meilleure ! Ils doutent de la plus haute juridiction internationale et viennent ensuite demander la confiance de la communauté internationale. Pire encore, ils osent nous balancer en guise de conclusion, « … et d’une manière qui n’affecte pas négativement la stabilité du Liban, ainsi que son unité et sa paix civile ». Palme d'or ex-aequo pour tous les imposteurs de la République libanaise qui prétendent bâtir un État de droit : les « hezbollahi-compatibles », les « idiots utiles » et les « autruches de la révolution » du 17 octobre.
Le Hezbollah et ses alliés préparent donc l’opinion publique au verdict imminent du TSL. Et pourtant, personne n’a d’illusion à ce sujet : cinq membres du parti-milicien chiite du Hezbollah ont exécuté minutieusement un plan d’assassinat visant l’ancien Premier ministre du Liban, Rafic Hariri, sunnite de confession. Les accusés ont même été élevés par Hassan Nasrallah au rang de « saints ». Et dire que Hassann Diab rêve toujours d’être reçu par le mufti sunnite de République libanaise, son gouvernement espère avoir le soutien financier des pays arabes sunnites du Golfe, Michel Aoun pense encore pouvoir sauver son mandat, et tout ce beau monde croit naïvement qu’ils auront la confiance de l’ensemble du peuple libanais !
*
Parlons peu, parlons bien. « Accorder la confiance » à un gouvernement hezbollahi-compatible jusqu’à la moelle, quand on est hezbollahi-incompatible, est antipatriotique (et vice versa). « Boycotter la séance » parlementaire, comme le souhaitent certains pôles du 14-Mars, comme l'a toujours fait le trio du 8-Mars (Hezb-Amal-CPL), est antidémocratique. « Empêcher les députés » d’accomplir leur obligation, comme le souhaitent certains révolutionnaires et des militants du 14-Mars, est anticonstitutionnel. Perdre encore du temps est nuisible pour le Liban. Faut pas rêver, nous sommes face à un dilemme ! Quel que soit notre choix, les ennuis nous rattraperont. La question que nous devons nous poser en ce début de semaine est plutôt de savoir quoi faire étant donné le contexte politique, les enjeux et les risques.
« Mother, should I trust the government? (…) Ooooh aah, is it just a waste of time? » se demande Roger Waters des Pink Floyd dans The Wall. Les réponses sont évidentes. Pour un certain nombre d'entre nous, nous ne pouvons pas accorder notre confiance au gouvernement de Hassann Diab pour diverses raisons. Cela étant dit, nous ne devons pas perdre notre énergie pour le faire tomber. C'est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre, ça détériorera la situation. De toute façon, nous avons mieux à faire : s'opposer à ses décisions quand cela s'avèrera nécessaire, influencer ses choix politiques et préparer la relève électorale. Comme n’importe quel fruit pas sain sur un arbre, il tombera tout seul ; secoué par la tempête ou avec la pointe de l'épée 🤺
Qui est habitué à ce genre de lecture politique, n’a pas été vraiment surpris par le contenu des 16 pages du « البيان الوزاري » de Hassann Diab et de ses ministres. A première vue, il n’est ni bon ni mauvais, c’est une déclaration et des promesses d’ordre général qui n’engagent que ceux qui les croient. Et pourtant, quand on plonge dans les détails et on lit entre les lignes, on parvient à débusquer le diable à divers endroits. Extraits.
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• Salaires. Le 20 octobre 2019, j’ai proposé de diviser le salaire de tous les « hauts responsables libanais » par deux, de les lier au salaire minimum du peuple et de les plafonner. Ce n’est pas cela qui nous sauvera de la faillite, mais c’est symbolique, inscrire ce principe dans le marbre et les esprits : une carrière politique ne doit pas conduire à l’enrichissement personnel, même licite. Bingo, après 72 heures de réflexion, le Premier ministre Saad Hariri avait accepté de baisser de 50 % les salaires des actuels et anciens présidents, ministres et députés. Trois mois plus tard, Hassann Diab et la majorité 8-Marsienne ont renvoyé la proposition Baalbaki-Hariri aux calendes grecques.
• Finances. « Lutter contre la contrebande légale et illégale ». La mascarade ! Légale, c’est notamment par le port et l'aéroport de Beyrouth, actuellement tous deux sous le contrôle du Hezbollah, la colonne vertébrale du gouvernement Diab. Illégale, c’est notamment par la frontière syro-libanaise, grande ouverte aux miliciens du Hezb, aux armes, au pétrole, aux dollars et à tous les trafics. Elle n’a jamais été tenue d’une main de fer et ne le sera jamais. Il n’y a pas un seul mot explicite en ce sens dans la déclaration ministérielle.
• Dette. « Élaborer un plan de réduction du service de la dette grâce à la coopération entre le ministère des Finances, la Banque du Liban et les banques privées… Travailler à réduire la dette publique en prenant plusieurs mesures (…) partenariat public-privé. » C’est tout ce que prévoit le gouvernement Hassann Diab et le ministère des Finances de Nabih Berri (la chasse-gardée du mouvement Amal), alors que notre dette est abyssale (150% de notre PIB).
• Transport. « Approuver notamment la stratégie nationale de transport routier, notamment, les chemins de fer, les trains, le métro et le transport maritime. » 90 milliards $ de dette et des ministres pseudo-technocrates qui nous bassinent toujours avec le « métro » à Beyrouth ! Je parie que c’est encore GebB. Il en a parlé en 2013 dans sa BD électorale, « Rêve d’une nation ». Figurez-vous, c’était pour 2020. C'est comme lorsqu'il a promis l'électricité 24h/24 en 2010 pour 2015 😋
• Banque du Liban. « Nomination des vice-gouverneurs de la Banque du Liban. » Alors, vous comprenez mieux maintenant l’offensive contre le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, menée par le Hezb et le CPL ?
• Gaz. « Accélérer l’octroi des secondes licences d'exploration pétrolière et gazière. » Évidemment, c’est la bouée de sauvetage économique. Et heureusement que la révolution a précédé l’exploitation, pétrolière, gazière et financière !
• Déplacés. « Approuver le plan de fermeture du dossier des déplacés… » Si, si, trente après la fin de la guerre ! Bons baisers de Moukhtara, c’était la chasse-gardée de Joumblatt.
• Électricité. Une autre chasse-gardée, du CPL. « Mettre en œuvre le plan qui a été approuvé à l'unanimité le 8 avril 2019… Préparer une étude et développer un plan alternatif prendra plusieurs mois… », blablabla et patati et patata. Hallucinant. Alors que le gouffre du secteur électrique nous coûte 2 milliards $/an, voilà ce que nous sort le ministre de Gebrane Bassil en charge du secteur électrique, après 11 ans de contrôle du ministère de l’Énergie par le Courant patriotique libre ! 30 ans après la fin de la guerre, nous sommes encore au stade de l’ « étude » et du « plan alternatif » pour ramener l’électricité public 24h/24. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise, quand l’incompétence épouse la corruption, ça donne le ministère de l'Energie au Liban !
• Israël. « Le gouvernement met l'accent sur le devoir de l'État à déployer ses efforts pour libérer les fermes de Chebaa, les collines de Kafr Chuba et la partie libanaise du village de Ghajar, par tous les moyens légitimes, avec l'affirmation du droit des citoyens femmes et hommes, de résister à l'occupation israélienne, de repousser ses attaques et de reprendre les territoires occupés. » Notez l'insertion surréaliste du terme « citoyens » dans ce texte pour désigner indirectement les miliciens du Hezbollah, ainsi que l'ordre d'arrivée délirant sur le champ de bataille, les « femmes » avant les « hommes », mais voyons ! Tragicomique. C’est la politique de l’autruche dans toute sa splendeur ! Cela donne cette tournure bidon trouvée par un gouvernement sous l’emprise totale de la milice chiite libanaise, afin de justifier encore et toujours « l’anomalie » que constitue la situation du Hezbollah au Liban, responsable par son existence armée et ses interventions miliciennes internes et externes, de plusieurs dizaines de milliards de dollars de dégâts matériels, de pertes économiques et de manque à gagner. Le gouvernement Diab zappe le principal obstacle à la prospérité du Liban d'une manière ahurissante.
• TSL. « Le gouvernement est soucieux de connaitre la vérité concernant le crime de l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri et de ses compagnons. » 21 personnes. Le même tribunal doit encore se pencher sur l’assassinat de Georges Haoui et les tentatives d’assassinat de Marwan Hamadé et Elias Murr, trois personnalités du 14-Mars. Jusque-là, RAS. Hassann Diab et ses ministres ajoutent, tenez-vous bien, « le gouvernement suivra le cours du Tribunal spécial pour le Liban, qui a été créé en principe pour établir la vérité et la justice… » Ils ont osé l'insérer ! « En principe », مبدئياً , parce qu’il faut voir en pratique ce que vaut ce tribunal expéditif, hein ? Et ils s’offusquent quand on leur dit que le troisième gouvernement de Michel Aoun est le gouvernement du Hezbollah par excellence.
Et ce n’est pas fini. Diab & Co rajoute « … loin de toute politisation et de vengeance … ». La meilleure ! Ils doutent de la plus haute juridiction internationale et viennent ensuite demander la confiance de la communauté internationale. Pire encore, ils osent nous balancer en guise de conclusion, « … et d’une manière qui n’affecte pas négativement la stabilité du Liban, ainsi que son unité et sa paix civile ». Palme d'or ex-aequo pour tous les imposteurs de la République libanaise qui prétendent bâtir un État de droit : les « hezbollahi-compatibles », les « idiots utiles » et les « autruches de la révolution » du 17 octobre.
Le Hezbollah et ses alliés préparent donc l’opinion publique au verdict imminent du TSL. Et pourtant, personne n’a d’illusion à ce sujet : cinq membres du parti-milicien chiite du Hezbollah ont exécuté minutieusement un plan d’assassinat visant l’ancien Premier ministre du Liban, Rafic Hariri, sunnite de confession. Les accusés ont même été élevés par Hassan Nasrallah au rang de « saints ». Et dire que Hassann Diab rêve toujours d’être reçu par le mufti sunnite de République libanaise, son gouvernement espère avoir le soutien financier des pays arabes sunnites du Golfe, Michel Aoun pense encore pouvoir sauver son mandat, et tout ce beau monde croit naïvement qu’ils auront la confiance de l’ensemble du peuple libanais !
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Parlons peu, parlons bien. « Accorder la confiance » à un gouvernement hezbollahi-compatible jusqu’à la moelle, quand on est hezbollahi-incompatible, est antipatriotique (et vice versa). « Boycotter la séance » parlementaire, comme le souhaitent certains pôles du 14-Mars, comme l'a toujours fait le trio du 8-Mars (Hezb-Amal-CPL), est antidémocratique. « Empêcher les députés » d’accomplir leur obligation, comme le souhaitent certains révolutionnaires et des militants du 14-Mars, est anticonstitutionnel. Perdre encore du temps est nuisible pour le Liban. Faut pas rêver, nous sommes face à un dilemme ! Quel que soit notre choix, les ennuis nous rattraperont. La question que nous devons nous poser en ce début de semaine est plutôt de savoir quoi faire étant donné le contexte politique, les enjeux et les risques.
« Mother, should I trust the government? (…) Ooooh aah, is it just a waste of time? » se demande Roger Waters des Pink Floyd dans The Wall. Les réponses sont évidentes. Pour un certain nombre d'entre nous, nous ne pouvons pas accorder notre confiance au gouvernement de Hassann Diab pour diverses raisons. Cela étant dit, nous ne devons pas perdre notre énergie pour le faire tomber. C'est un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre, ça détériorera la situation. De toute façon, nous avons mieux à faire : s'opposer à ses décisions quand cela s'avèrera nécessaire, influencer ses choix politiques et préparer la relève électorale. Comme n’importe quel fruit pas sain sur un arbre, il tombera tout seul ; secoué par la tempête ou avec la pointe de l'épée 🤺