mardi 4 février 2020

Une plainte contre les restrictions financières drastiques imposées par les banques au Liban (Art.725)


Pour l’info elle-même, il n’y a pas de doute la démarche judiciaire contre l’Association des banques du Liban finira en eau de boudin. Si j’étais le juge chargé de la question, je les débouterais sur le champ. L’intérêt suprême de la patrie l’emporte sur les actions nombrilistes, l’intérêt collectif du peuple libanais tout entier dépasse celui des individus.

Ça ne sert à rien de se mentir et de tirer des plans sur la comète. Aujourd’hui, si on lève les restrictions financières au #Liban, avant que le gouvernement libanais n’ait la confiance parlementaire et ne se mette sérieusement au travail, qu’un plan politique ne soit adopté pour relancer l’économie libanaise, des réformes structurelles ne soient mises en œuvre, la chasse à la corruption et au gaspillage de l’argent public ne soient engagée, la restructuration de la dette publique ne soit programmée, les milliers de millions de dollars ne soient retirés des bas de laine, la fuite des billets verts vers la Syrie ne soit stoppée, plusieurs milliards de dollars arabes et occidentaux frais ne soient injectés dans l’économie libanaise, le marché financier et nos compatriotes ne retrouvent la raison et une certaine sérénité, eh bien, il ne faut pas être doublement diplômé de Stanford et de la Sorbonne pour imaginer qu’une frange des Libanais se précipitera pour retirer ses dépôts bancaires, l’effet de foule et la crise de panique amplifieront les retraits, les banques seront rapidement dévalisés, elles finiront par déposer le bilan et la Suisse de l’Orient ira rejoindre l’Atlantide de Platon, engloutie par les flots de la bêtise humaine dans un cataclysme provoqué par l’irresponsabilité légendaire des dirigeants et du peuple libanais à la fois. Inutile de dire que c’est dans l’intérêt de personne, à part de celui des autruches qui ont une tendance suicidaire et des bobos-cocos-zozos de la révolution du 17 octobre qui prennent les vessies pour des lanternes.

Cela étant dit, si j’ai partagé cet article de L’OLJ avec vous, c’est autant pour la photo que pour l’info elle-même. Regardez-la bien, il y a de quoi écrire une thèse sur la psychologie de la société libanaise. Monsieur Salopette est aux anges. Maintenant que c’est enfin son tour, il prend tout son temps. Il est accroché au distributeur de billets, il déguste ce moment d’intimité devenu si rare de nos jours. Son compte est toujours là, Jean de La Fontaine avec sa fable-malheur peut aller paître chez les Grecs, le solde n’a pas bougé, il va pouvoir se servir avec délicatesse et une grande joie. C’est qu’on ne connait la valeur d’une chose que lorsqu’on la perd ! Il a beau entendre Jésus de Nazareth lui chuchoter à son oreille, « là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur », il reste imperturbable et se dit, à chaque chose son temps.

Et comme à toute bonne chose une fin, il doit céder la place. Il est triste de partir et d'abandonner son solde aux rapaces de la finance. Son malheur fait le bonheur des autres, sauf qu’on a un gros problème. Regardez bien, il n’y a pas de doute, il faudra une étroite collaboration entre un mathématicien médaillé Fields et un informaticien spécialiste des algorithmes, pour deviner qui sera l’heureux élu qui pourra remplacer Monsieur Salopette, parmi les six personnes qui se tiennent en cercle rapproché autour de la machine à sous, sans déclencher une révolte ! Oui bien sûr, les six protagonistes le savent très bien en vertu d’un accord non-dit tacite conclu entre eux par le clignotement des yeux et que nous vilains observateurs ignorons. Si chacun d’eux sait qui est devant lui, il ignore totalement l’ordre d’arrivée à l’ATM.

Les protagonistes avaient le choix. Option A, se mettre dans une file d’attente, en file indienne et à la queue leu leu, où tout est clair, qui est devant qui et qui est après qui. Option B, se mettre au hasard, où tout est compliqué par l’obligation imposée à tout arrivant de mémoriser non seulement le nombre, la tête et l’emplacement GPS de ceux/celles qui étaient avant lui (afin de suivre leur déplacement sur le trottoir car le Libanais a la bougeotte !), mais aussi, de ceux/celles qui viendront après lui, notamment de la catégorie spéciale des petits malins qui prétendront qu'ils étaient là, mais que la voiture est en double file, que la belle-mère s'impatiente, et patati et patata et blablabla. La première solution est simple et sans aucun risque de conflit. La seconde est compliquée et avec un grand risque de conflit entre les protagonistes. Et si cette dernière a été préférée, c’est hélas parce que l’indiscipline, le non-respect des règles et la volonté de doubler les autres font partie de la nature profonde d’une grande partie des Libanais. Eh oui, je vous l’ai dit et redit, et vous ne voulez pas me croire, il n’y a pas que le comportement des politicards qui posent problème au Liban 😊


© 2011-2020 Bakhos Baalbaki