jeudi 6 février 2020

Ziad Assouad ne supporte pas d'être traité comme les autres « députés indésirables » du Liban (Art.726)


Il y a des signes de mauvais augure qui ne trompent pas. Avec de l’arak et du hommous, je veux bien, mais manger le kebbé avec la hindbé, tout arroser avec du whisky et tout enfumer avec les volutes du narguilé, non mais comment voulez-vous qu’une telle hérésie culinaire et cette insulte à la gastronomie libanaise se terminent ? En eau de boudine oui ! 😊

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Pour s’extraire du sale pétrin du côté d'Antélias/Jal el-Dib, Ziad Assouad a appelé à l’aide le député CPL Edy Maalouf et l’ex-ministre de la Défense CPL, Elias Abou Saab, avec leurs gardes du corps. Ça n’a pas suffi. Pour l’extraire du pétrin, on a mobilisé l’armée libanaise. Ça n’a pas suffi non plus. Pour l’exfiltrer la tête haute, il a fallu mobiliser les militants du CPL de la contrée. Bingo, le coq est libéré, il peut enfin fanfaronner. Sûr de lui, maintenant qu’il est protégé et entouré des siens, il s’est livré à quelques بهوريات وعنتريات وتهديد ووعيد .

Si le député Ziad Assouad s’est retrouvé dans un sale pétrin, c’est uniquement par sa faute et la faute de son parti, le Courant patriotique libre (CPL). Un fait, un seul, ce parti contrôle le secteur de l’Énergie depuis 11 ans. Il considère ce ministère vache à lait comme une chasse-gardée. Et pourtant, jamais les coupures électriques n’ont été aussi intenses, même en pleine guerre civile, sous l'occupation syrienne et sous les bombardements israéliens. La gestion désastreuse du secteur électrique au Liban est à l’origine de près de la moitié de notre dette abyssale, 90 milliards $, donc de tout notre malheur économique et financier. Le CPL n’est pas le seul responsable de cette désolation. Le peuple libanais est en partie tout aussi fautif, puisqu'il se sert sans payer depuis des décennies. Le Hezbollah, Amal, le Parti socialiste progressiste et le Futur, sont en pole position également, ils étaient aux commandes du navire, de facto ou de jure, depuis la fin de la guerre en 1990. Mais eux au moins, ils ont la décence de faire profil bas depuis la révolte du 17 Octobre.

Belote et rebelote, le lendemain de l'incident du Metn, le député est encore la cible d'un autre incident du côté de Jounieh-Maameltein. C'est que désormais, les révolutionnaires le traquent par GPS. Et belote et rebelote, il s’est livré de nouveau comme la veille à quelques بهوريات وعنتريات وتهديد ووعيد . Il a beau dire et redire comme la veille que ما حدا بيضهّرنا لا من مطعم ولا من بيت ولا من طريق, Ziad Assouad et ses friends auraient été obligés hier, d’après le propriétaire du restaurant Al-Jazira, de prendre le large et de fuir les révolutionnaires par la mer, sous la protection de la Sûreté de l'Etat.

Avant de partir l'autre soir, le député CPL a tenu à menacer les Libanais :
الرسالة لكل اللبنانيين... ما حدا يلعب معنا، من هلأ ورايح المزح خلص
Mettant ses menaces à exécution dans la région du Kesrouane, des militants non identifiés, mais manifestement pro-Assouad, probablement tournant autour de la mouvance CPL, aux attitudes miliciennes et xénophobes, ont pris à partie plusieurs concitoyens libanais, venant d’autres contrées libanaises, notamment de Tripoli. Ils les ont molestés en leur faisant savoir que les « Tripolitains » n’avaient rien à faire au « Kesrouane ». Et comme c’était prévisible, cette action abjecte a tiré tout le monde par le bas, l'incident secondaire a occulté l'incident principal. Les contre-posts xénophobes à l’égard des « Kesrouanais » ont fait surface sur les réseaux sociaux, sachant ironiquement que le Kesrouane et le Metn sont parmi les régions les plus cosmopolites et mixtes de tout le Liban, que Ziad Assouad n’est pas originaire du Kesrouane (ni son député d'ailleurs), et comble de l’absurde, les molesteurs ne le sont pas non plus, d’après leurs accents. Et le pompon du grotesque, c’est que la distance qui sépare tout ce beau monde, entre Jounieh et Tripoli, n’excède pas les 63 km et que ce fait divers éloigne les Libanais de l’essentiel.

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Ziad Assouad n’a pas supporté qu’on le culpabilise de prendre du bon temps comme si de rien n’était, dans un bon restaurant de la côte méditerranéenne alors que le peuple libanais trime, et de se faire plaisir et se délecter de mets relevés et exquis, alors que les Libanais trinquent. Gare aux protestataires qui ont classé Ziad Assouad dans la catégorie des députés indésirables par les temps qui courent. Gare à celles qui l’ont invité à débarrasser le plancher et à raser les murs dorénavant. Gare à ceux qui voulaient le mettre sur un pied d’égalité avec les autres personnalités qui ont la malchance de croiser la route d’un peuple en colère contre une classe politique pourrie et corrompue qui le gouverne et suce son sang depuis la nuit des temps.

Aux dernières nouvelles, le député du CPL a menacé de se servir de son arme, « si ma dignité et ma sécurité personnelle sont en jeu ». La révolution se doit donc de continuer contre les pratiques miliciennes de Ziad Assouad et consorts, avec intelligence, pour plus d'efficacité, loin des Kangaroo Courts, quelle qu’en soit leur nature 🤺 Dans ce long combat, les enfants de la patrie, de Tripoli comme de Jounieh, de Tyr comme de Beiteddine et de Beyrouth comme de Baalbek, seront unis comme les doigts de la main et les branches d'un Cèdre du Liban 🇱🇧


© 2011-2020 Bakhos Baalbaki