mardi 31 décembre 2019

Et si on nommait Carlos Ghosn ministre des Finances, des Fastes et des Frasques, ministre du détournement des Fonds propres et ministre des Évasions spectaculaires et des Évadés fiscaux ? (Art.701)


🇯🇵 Ce n’est pas étonnant qu’il ait été un personnage de manga 😊 Quelques réflexions à chaud après l’arrivée tonitruante de l’ex-magnat du secteur automobile au #Liban 🇱🇧

• Carlos #Ghosn a réussi une « évasion spectaculaire », audacieuse sans doute, puisqu’il était dans une résidence surveillée avec l’interdiction absolue de quitter le Japon ou de s’éloigner longtemps de Tokyo sans une autorisation spéciale du procureur. Cette évasion soulève beaucoup de questions et non des moindres, à savoir avec quel passeport il a pu quitter l’archipel (libanais, brésilien ou français ; pourtant tous toujours confisqués selon ses avocats), sous quel nom (le vrai ou un faux), a-t-il eu un nouveau passeport, quand et par qui a-t-il été délivré (Macron ou GebB, Superman de France ou Don Quichotte de la République libanaise), qui sont ses complices (yakuzas, mercenaires, faussaires, États), par quels moyens il s'est évadé (avion, hélicoptère, bateau, sous-marin), et sous quel déguisement (samouraï, moine bouddhiste, tiré par une baleine, caché dans une contrebasse) ? Sérieux, aux dernières nouvelles, il aurait quitté Osaka dans une caisse d'instrument de musique, il aurait utilisé un passeport français lors de son transit à Istanbul et il aurait présenté une pièce d'identité libanaise à son arrivée à Beyrouth. Bond, James Bond, l'agent 007, peut prendre sa retraite, la relève est assurée.

• Le système judiciaire japonais est sans doute primitif pour une démocratie occidentale et un Etat-état de droit, je l’ai dénoncé il y a plus d’un an au moment de l’arrestation de l’ex-PDG de Nissan. Carlos Ghosn pouvait se considérer comme « otage » et faisant l'objet d'un « complot », il n’empêche que cette évasion fait de lui un « fugitif ».

• En fuyant, Carlos met dans l’embarras les pays dont il détient la nationalité, le Liban et la France.

• En filant à l’anglaise, Ghosn donne raison aux Japonais, qui voulaient le garder en prison. Nous avons eu tort de leur reprocher cela.

• Par cette fuite, « Cost Killer », comme on le surnommait jadis, donne raison aussi à ceux qui considèrent le Liban comme un havre de paix pour certains hors-la-loi. Ceux qui sont branchés illégalement sur le réseau électrique, les miliciens du Hezbollah, les évadés fiscaux qui en plein crise financière ont mis leur argent à l’abri en Suisse, les voleurs de fonds publics jamais inquiétés, les hommes politiques corrompus à outrance, ceux qui fuient le Tribunal spécial pour le Liban, et j'en passe et des meilleurs. Que dire alors de quelqu'un à qui la justice libanaise ne reproche rien et dont le pays n'extradie pas ses ressortissants !

• On dit qu’il est parti d'un aéroport de l'archipel sur un jet privé et serait passé par la Turquie. En piétinant les conditions de l'assouplissement de sa détention pour une résidence surveillée, il a sans doute perdu sa caution, 12 millions d’euros au total. Carlos Ghosn peut se le permettre. Beaucoup d’autres personnes de par le monde, victimes d'injustice, ne peuvent pas s’offrir ce luxe.

• En se réfugiant au Liban, Carlos Ghosn sait parfaitement bien qu'il ne risque pas d'être extradé vers le Japon. Il peut se la couler douce sur les côtés de la Méditerranée orientale et s'occuper de son vignoble Ixsir. Et pourtant, en fuyant, il s’est libéré de sa petite « prison » japonaise, la résidence surveillée, mais il s'est s’enfermé dans une grande prison, le Liban. Désormais, où qu’il aille, Interpol pourrait se mettre à ses trousses.

• Les éléments à charge contre l'ex-PDG de Nissan sont accablants. Il y a quatre mises en examen, infraction à la législation financière (pour avoir minoré ses revenus dans les déclarations faites aux autorités), abus de confiance aggravé et détournement de fonds. Tenez par exemple, une partie des fonds de Nissan qui ont été détournés, 15 millions $, serait passée par le Liban avant d'aller atterrir sur le compte de la société américaine Shogun Investments appartenant à son fils Anthony. Une autre partie aurait passée par Beauty Yachts, une société enregistrée aux îles Vierges britanniques, dont la représentante n'est autre que sa femme Carole, et aurait servi à acquérir un yacht de 37 mètres. Sa sœur demeurant au Liban aurait bénéficié d'un emploi fictif pendant des années, gracieusement payée comme conseillère par les fonds de Nissan. L'acquisition de ses luxueuses résidences aux quatre coins du monde, à Beyrouth (la fameuse "villa rose"), Tokyo, Paris, Rio et Amsterdam, ainsi que les travaux d'aménagement, auraient été payés par des filiales de Nissan. Préjudice, près de 18 millions $. Enfin bref, après cette évasion, avec un dossier accablant et l'humiliation infligée aux Japonais, il y a fort à parier que l’ex-PDG de l’Alliance ne bénéficiera d'aucune circonstance atténuante lors de son procès qui devait s'ouvrir au mois de mars. Il sera probablement condamné à la peine maximale prévue pour les délits qu'il aurait commis. Il n’aura donc plus jamais l’occasion dans sa vie de se blanchir de ses accusations qui lui collent au dos, de se présenter au moins comme victime. Il vient de donner lui-même le coup de grâce à sa légende. Désormais, pour une partie de l'opinion publique mondiale, on ne peut qu'être coupable pour s'enfuir de cette manière !

• Peu de gens se souviendront du génie de Carlos Ghosn qui a sauvé Nissan de la faillite et a fait de Renault-Nissan-Mitsubishi le numéro un mondial de l’automobile un laps de temps ! Dommage. On retiendra de lui ses fêtes extravagantes, grotesques parfois, au Château de Versailles pour son anniversaire et son mariage. Mais ce qui restera surtout dans toutes les mémoires et les annales, c’est sans doute la « chute spectaculaire » d’un homme exceptionnel victime d'un ego surdimensionné, qui n’a pas su tirer sa révérence à temps, ou au moins saisir cette chance inouïe de changer de cap en acceptant la proposition des équipes d'un Barack Obama fraichement élu, qui voulaient le débaucher pour le mettre à la tête du groupe américain numéro deux mondial de l'automobile ! Il avait décliné la proposition en répondant « j'aimerais que General Motors fasse partie de l'alliance Renault-Nissan ». Il est clair qu'il a péché par orgueil, doublement, en considérant les entreprises Renault-Nissan-Mitsubishi comme les siennes et en croyant qu'il était irremplaçable. Quand l’ambition se transforme en folie des grandeurs, elle s’incarne en Carlos Ghosn. Quel gâchis !

• Carlos Ghosn et Hassan Diab, le Premier ministre désigné du Liban, ont trois éléments en commun : la technocratie, la mégalomanie et le narcissisme. Cela étant dit, ne me faites ma dire ce que je n'ai pas dit !

• Je me demandais il y a un an, dans mon article sur cette affaire, « A qui donner la Palme d'or ‘kezbeh kbireh’ (gros mensonge) : à Carlos Ghosn, à Nissan ou au Japon? » Avec le recul, nous pouvons dire sans trop nous tromper, aux trois ex aequo.

• Allez, puisque c’est le dernier jour de l’année, place au délire. Dans cette affaire extraordinaire, beaucoup de compatriotes à la fierté nationale à fleur de peau, se concentrent sur la forme et pas sur le fond, ils s'arrêtent sur l'évasion et mais pas l'accusation. Ricardo Karam est allé jusqu'à souhaiter la « bienvenue à la liberté et aux droits de l'Homme ». En plein révolution et de la part d'un journaliste, ça fait tache ! Et puisqu'on y est, ouvrons les vannes du délire à fond. Le pompon serait de confier un poste ministériel à Carlos Ghosn maintenant qu'il est au Liban, nous sommes en pleine crise et nous recherchons l'homme providentiel ! Qu’est-ce que vous en dites ? Vous lui donnerez quoi ? L’Industrie, le Travail ou les Travaux publics ? Ohhh c'est trop banal et pas assez délirant. Personnellement, je vois un très grand ministère, à la hauteur de cette personnalité exceptionnelle et taillé sur mesure, avec un titre digne de notre héros national, de ses exploits et de ses mésaventures : « Ministre des Finances, des Fastes et des Frasques, ministre du détournement des Fonds propres et ministre des Évasions spectaculaires et des Évadés fiscaux ».

Allez, champagne 🍾 Bienvenue au fils prodige de la patrie 🥳 Santé à toutes et à tous, citoyens de cette agora, aux Dalton et à Plantu 🍷 Vive la République bananière du Cèdre 🌲 La petite souris me dit que nous aurons du pain sur la planche en 2020 😊


lundi 30 décembre 2019

Comment des activistes nombrilistes encouragent la panique bancaire qui peut favoriser l’effondrement du système financier au Liban (Art.700)


L'artiste-activiste Lucien Bourjeily est ravi, il pense القوة للشعب. Pour preuve, il a partagé un post qui affirme que الغضب الشعبي هوي الحل. Certainement والسطلنة كمان للشعب والمثقف من فضلكم. Pas de doute, certains sont en train de dériver cette révolution vers la forme la plus stupide, le suicide collectif. Nouvelle démonstration de force et d'enfantillages dans une banque libanaise. Les protestataires aurait occupé une agence de Bank Audi et ont insisté pour réclamer leur argent. Je n'ai pas de détails, mais à croire cette page, ils sont non seulement repartis avec des billets verts, mais avec un montant bien supérieur à ce qui est autorisé, un voire plusieurs milliers de dollars. Mise en scène artificielle ou véridique, fake news, info bidon, en tout cas, les incidents de ce genre se multiplient tous les jours aux quatre coins du Liban. Il semble que piétiner les règles et terroriser son interlocuteur, ça fonctionne bien au Liban.

Si on croit les metteurs en scène, comme des imbéciles heureux, les nombrilistes ont aussitôt exhibé leurs dollars comme des trophées sur les réseaux sociaux, ne se doutant pas un instant que par des actions stupides de ce genre ils propagent la panique. Et de ce fait, ils vont favoriser l’effondrement du système bancaire encore plus vite et placer le Liban en pole position sur la route de la faillite totale. S'ils veulent la perte des économies de l'ensemble des Libanais, la pérennisation des restrictions financières ad vitam aeternam ou ne serait ce que la fermeture des banques de nouveau, ils ne pouvaient pas mieux s’y prendre.
#يسقط_حكم_المصارف
#تسقط_حمرنة_بعض_الثوار


Alphone Baudin, représentant du peuple, mort en défendant le droit et la loi (Art.699)


Tout l’enjeu de l’année 2020 pour le Liban réside dans ce bel hommage que l’on retrouve sur un tombeau de la 27e division du cimetière de Montmartre réalisé par le sculpteur Aimé Millet : « A Alphone Baudin, représentant du peuple, mort en défendant le droit et la loi, le 3 décembre 1851. Ses concitoyens 1872 ». Ce médecin et homme politique français a été tué par balle sur une barricade à Paris, non loin de la place de la Bastille, au cours d’un mouvement insurrectionnel contre le coup d’Etat de Napoléon III. Rapidement il est devenu un symbole de la République face à « Napoléon le Petit », surnom donné par Victor Hugo au neveu de Napoléon Ier. Ses restes ont été transférés au Panthéon à l'occasion du centenaire de la Révolution française.

Nous ne demandons pas aux 128 représentants du peuple libanais, de faire preuve d’autant de courage et de sacrifice. Nous leur demandons simplement de présenter leur démission afin d’offrir au peuple libanais la seule option constitutionnelle pour choisir de nouveaux représentants à la hauteur de leurs espoirs, d'une manière anticipée, sans attendre mai 2022.


samedi 28 décembre 2019

La course de saut d'obstacles pour doter le Liban d'un nouveau gouvernement de salut national (Art.698)


Nombreux compatriotes ne croient qu’au salut à travers un gouvernement de technocrates, de spécialistes et d’experts. Alors imaginons pour une fois comment iront les choses en pratique si nous décidons de suivre cette stratégie 🇱🇧

• 1er obstacle : le Premier ministre doit se faire accepter par la rue et l’establishment sunnites
C’est une évidence pour un poste réservé à la communauté sunnite d’après le Pacte national islamo-chrétien. A défaut, il aura le plus grand mal à trouver des ministres sunnites crédibles, et plus tard, à faire accepter ses décisions par la rue et l’establishment sunnites. Pour l'instant, Hassann Diab ne peut compter que sur 6 députés-coreligionnaires.

• 2e obstacle : le choix des ministres et l’attribution des ministères
Former un gouvernement technocrate implique deux démarches concrètes : sélectionner les noms et attribuer les ministères. Bien que difficile, la première est à portée de main. La seconde est plus problématique, mais trouvera une solution simple en adoptant une de mes propositions politiques, attribuer les ministères par tirage au sort parmi les noms suggérés pour chacun d’entre eux. Cela éliminera les tractations, interminables et arbitraires. Nous pourrons en finir une fois pour toutes avec les « ministères chasses gardés» réservés à tels communauté, parti et politicien. Le problème c'est que la majorité des leaders politiques ne le souhaitent pas.

• 3e obstacle : obtenir la confiance des Libanais
Ce qui implique d'accorder la confiance à des personnalités dont on n’a jamais entendu parler ! Ce n’est pas gagné d'avance. Comme la procédure n’est que symbolique, les ministres gagneront le Grand sérail, avec ou sans la confiance des Libanais, au risque de garder la rue mobilisée, ce qui rendra l’exercice du pouvoir fastidieux.

• 4e obstacle : obtenir la confiance des représentants de la nation
Pour ce faire, il faut qu’une majorité de représentants de la nation accordent leur confiance à des personnalités dont ils ignorent leurs avis sur les principaux problèmes de notre pays. Oh, on n'est pas sortis de l'auberge. Mais il ne faut pas rêver, Hassann Diab a été nommé exclusivement par le camp « pro-Hezb et pro-Assad », le vote de confiance de son gouvernement a toutes les chances de suivre le même schéma.

• 5e obstacle : tenir compte de la force de gravité du Hezbollah au Liban
Il est particulièrement naïf d’imaginer qu’un narcissique Premier ministre, qui fait cavalier seul, déconnecté de sa communauté et de la réalité, inconnu au bataillon, propulsé sur le devant de la scène par les moteurs « pro-Hezb et pro-Assad » pour être mis sur orbite autour de la planète 8-Mars, soit capable de gouverner le Liban en apesanteur, sans tenir compte de la force de gravité politique exercée par le Hezbollah au pays du Cèdre !

• 6e obstacle : rédiger la déclaration de politique générale du nouveau gouvernement
Après la publication du décret de formation du nouveau gouvernement, on dispose de 30 jours pour le faire. Si nous prenons en considération le 5e obstacle, cette déclaration qui doit tracer les grandes lignes politiques du prochain gouvernement, devra être forcément favorable au Hezbollah ! Sinon, pas de vote de confiance au Parlement. Là, point de mystère, pour éviter cela, les cuistots du 8-Mars déclareront que la préoccupation majeure des Libanais est d’ordre économique, on remettra le triptyque mythologique « peuple-armée-résistance » sur la table et on décrétera avec une audace digne des autruches qu’il n’y aucun lien entre la « prospérité » du Liban et l’ « anomalie » du Hezbollah.

• 7e obstacle : obtenir la confiance de la communauté internationale
Et nous voilà au cœur du problème et d'un paradoxe. Si nous surmontons le 6e obstacle comme prévu, ne vous réjouissez pas trop vite, nous n’aurons absolument pas la confiance de la communauté internationale, la majorité des pays arabes et occidentaux classent le Hezbollah comme une entité terroriste. Et si nous ne réussissons pas, nous serons bloqués dans une impasse. Personne n’investira 1$ dans un pays contrôlé par un parti-milicien où l’État fait de la figuration sur des questions souveraines, comme l'application des lois en vigueur sur tout le territoire libanais, le contrôle des frontières et la déclaration de la guerre. Le Liban s’engagera alors dans une période de grande incertitude où tous les risques sont envisageables (faillite du pays, perte d’une partie de nos économies, troubles sécuritaires, etc.).

• 8e obstacle : les 100 premiers jours du prochain gouvernement
Faut pas rêver, les premières décisions du nouveau gouvernement devront porter sur les points suivants : lutter contre le gaspillage de l’argent public ; augmenter les ressources de l’État ; fixer le nouveau taux officiel de change LL/dollar ; légaliser les mesures bancaires ; mettre fin à l’hémorragie financière du secteur électrique ; prendre les mesures concrètes pour récupérer les fonds volés ; restructurer la dette publique ; et j’en passe et des meilleures. Peu importe les détails, ce qu’il faut comprendre c’est que nous serons contraints de prendre des décisions populaires ET impopulaires.

*

Pour que notre cheval parvient à franchir ce 8e obstacle, le plus important de tous, nous aurons besoin d'appliquer les lois en vigueur avec une main de fer, de prendre de nouveaux décrets et de voter de nouvelles lois. Essayons d’imaginer cela concrètement : le Conseil des ministres technocrates concocte des lois, les envoie pour discussion aux commissions parlementaires et les soumet au vote des députés. Soit. Mais comment peut-on imaginer sérieusement que 128 députés politisés jusqu’à la moelle, voteront gentiment pendant deux ans et demi (jusqu’aux prochaines élections législatives de mai 2022, car on ne peut pas organiser des élections anticipées à moins de piétiner la Constitution !), des lois décidées par des technocrates retranchés dans leurs tours d’ivoire (et qui ne sont soumis à aucune sanction électorale ou disciplinaire qu'ils réussissent ou qu'ils échouent) ? Il ne faut pas être devin, même si c'est la période, pour comprendre que ce système ne fonctionnera pas jusqu'au printemps, SAUF si les technocrates sont nommés par les partis politiques représentés dans l'actuel Parlement ! Elémentaire mon cher Watson. Et pourtant, l'imagination d'une frange de nos compatriotes et de tous les leaders libanais n'est pas arrivée jusque-là ? 🤔

Ce n'est pas la peine d'engager notre cheval plus loin, nous avons déjà suffisamment d'obstacles comme ça. La course pour sortir le Liban de la crise dans laquelle il s'enfonce progressivement, commence par la formation rapide d'un gouvernement efficace. L'option qu'il soit composé de technocrates, dans le contexte actuel au #Liban - l'anomalie du Hezbollah, un parlement politisé, une majorité parlementaire huit marsienne, un pays communautaire, un chef de Parlement complice de l'anomalie, un président de la République partisan de l'anomalie, un gendre qui joue le rôle de Don Quichotte de la République libanaise, et le péril en la demeure - engage les Libanais dans une course longue, semée d'embûches et surtout, périlleuse. Une chose est sûre, miser sur Hassann Diab pour réussir ce concours de saut d'obstacles est très risqué. Je l'ai dis et redis, je persiste et signe, c'est un tocard, un cheval qui ne finira pas sa course.


jeudi 26 décembre 2019

Saad Hariri adopte une politique de l’autruche avec Hassan Nasrallah, fait les yeux doux à Nabih Berri, se montre indulgent avec Walid Joumblatt, mais en veut à Samir Geagea et ne peut plus voir Gebrane Bassil en peinture (Art.687)


Saad Hariri aurait dit la veille de Noël tout ce qu’il avait sur le cœur devant un petit groupe de journalistes. Excellent, sauf qu’en résumé, il aurait dû garder le silence.

- Pour l'ex-PM, le cabinet de Hassann Diab sera le « gouvernement de Gebrane Bassil ». Et le Hezb fait de la figuration peut-être ? De ce fait, « nous ne participerons pas ». Respect. Et si on ne parvient pas à le former ? Hariri a tenu à faire savoir qu’il ne présidera aucun gouvernement qui inclura Bassil car il ne peut pas travailler avec des « gens racistes, communautaires et qui ne respectent pas la Constitution ». Et travailler avec le Hezb, ça ne pose aucun problème particulier ? C’était son « ami » lors des élections législatives de mai 2018 ! Plus maintenant. « Que Gebrane Bassil se débrouille. »

- Hariri a annoncé aussi que le Futur ne donnera pas la « confiance au gouvernement Hassann Diab », mais avoue avoir vu ce grand narcissique plusieurs jours avant sa désignation. Pas pour parler couleurs de teinture, mais dans l’éventualité de l’intégrer dans un gouvernement de technocrates.

- Le chef du Futur justifie son refus de nommer Nawaf Salam par la volonté de « le protéger car il n’allait pas recevoir une seule voix chiite » et qu’il tient à préserver l’équilibre dans le pays.

- C’est la « décision des Forces libanaises de ne pas le soutenir » qui l’a poussé à jeter l’éponge.

- « Joumblatt veut être avec le mouvement social mais attaque le Futur, je ne sais pas comment traiter le problème avec lui. »

- Par contre, « les relations avec Berri sont bonnes ». Ah ça nous rassure ! « Ses déclarations s’inscrivent dans le cadre de son souci de préserver la stabilité. » Depuis 1992 svp. « Le duo chiite (Hezbollah et Amal) tenait à me nommer pour éviter de plonger le pays dans la discorde (conflit sunnites-chiites) ». Ahhh quelle harmonie magnifique !

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Depuis le 17 octobre, je suis de ceux qui considèrent que Saad Hariri est potentiellement l’homme politique qu’il faut dans les circonstances exceptionnelles que traversent notre pays, pour trois raisons principales : il a un poids politique et représentatif important, il est capable de rassembler la nation autour de sa personne et il est en mesure d’inspirer confiance, à l’intérieur comme à l’extérieur, auprès des Libanais et de la communauté internationale. Hélas, il vient de semer le doute dans les esprits. Pour preuve, récapitulons.

Exiger depuis sa démission fin octobre, de ne présider qu’un gouvernement de technocrates alors qu’on a soi-même gouverné le Liban directement et indirectement 12 des 15 dernières années, est le moins qu’on puisse dire une intransigeance injustifiée qui cache un calcul politicien.

Dans ce règlement de comptes, il est étonnant de constater que Saad Hariri se résigne à adopter une politique de l’autruche avec Hassan Nasrallah (aucun reproche, comme si le Hezb est une association de Scouts et non une « anomalie » qui entrave l'édification d'un double Etat-état de droit au Liban, accusée de l'assassinat de Rafic Hariri et classée terroriste par les pays arabes et occidentaux !), faire les yeux doux à Nabih Berri (et lui rendre même un hommage pour tout l’effort qu’il a déployé afin de préserver la paix civile, alors que l'Estèz ne l’a pas ménagé en l’avertissant, « ne joue pas avec le feu » !), se montrer encore et toujours indulgent avec Walid Joumblatt (qui ne l’a pas raté avec son tweet « Trahir Nawaf Salam, comme l’ont fait les députés du Futur qui se cachent derrière la technocratie, comme s’ils sortaient tous de la Silicon Valley, par peur du changement, montre leur futilité et leur faillite » !). Mais par contre, Saad Hariri semble en vouloir à Samir Geagea (présenté comme celui qui a imposé le fâcheux deal présidentiel avec Aoun en 2016, alors qu’à l’époque les députés FL se comptaient sur les doigts d’une main et ceux du Futur par dizaines) et ne peut plus voir Gebrane Bassil en peinture après une bromance qui a duré quand même trois ans.

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Gebrane Bassil est présenté par Saad Hariri aujourd’hui comme le « grand manitou de la politique libanaise », alors qu’il n’est en réalité que le « Don Quichotte de la République libanaise ». Hélas, le refus de Hassann Diab par le chef du Futur est motivé uniquement par le fait que le gouvernement qu’il formera sera celui de « Gebrane Bassil », disons un refus pour des considérations politiciennes, et non parce qu’il a été désigné exclusivement par des députés « pro-Hezb et pro-Assad », un refus qui relève de considérations nationales, patriotiques et souverainistes. Les Libanais jugeront la pertinence de ce constat. On croyait naïvement que les principaux responsables des positions incongrues du courant du Futur étaient Ahmad et Nader Hariri. Apparemment le ménage a été mal fait !


mercredi 25 décembre 2019

Il braque une banque et distribue le butin aux passants, déguisé en père Noël (Art.696)


🎄 Pour l’establishment américain, la personnalité de l’année est Greta Thunberg. Pour les bien-pensants, c’est Nancy Pelosi. Pour les mal-pensants, c’est Donald Trump. Pour moi, c’est incontestablement David Oliver. Ce citoyen américain s’est décidé à 65 ans d’incarner le double rôle de père Noël et de Robin des Bois. Il faut dire qu’il a la tête de l’emploi. Pour ce faire, il a préparé un plan audacieux.

Dans un premier temps, il a braqué l’Academy Bank à Colorado Springs, où il s’est emparé d’un butin de plusieurs milliers de dollars. Dans un second temps, il est allé se mettre au milieu du trottoir où il s’est empressé de répandre les billets de banque aux quatre vents, en souhaitant aux passants un « joyeux Noël ». Mission accomplie, il est allé prendre un café tranquillement au Starbucks du coin, en attendant l’arrivée des policiers pour l’arrêter. Certains ont rapporté l’argent à la banque, d’autres futés se sont offerts un bon repas de Noël aux frais de la princesse.

Food for thought, en ces temps difficiles au Liban, où le pays manque de dollars, où l’argent des Libanais est retenu par les banques, où l’esprit de Noël fait parfois défaut et où des naïfs attendent le salut d'un narcissique Premier ministre 😊


dimanche 22 décembre 2019

Hassann Diab doit renoncer au gouvernement mort-né qu’il compte former : seule une personnalité qui a un poids politique important et un gouvernement techno-politique polychrome sont capables d’éviter au Liban le pire (Art.695)


C’est de la folie d’espérer sortir le #Liban indemne de la crise en perdant encore du temps sur ce gouvernement mort-né en préparation. Hassann Diab n’est absolument pas l’homme de la situation. C’est un tocard, un mauvais cheval qui ne finira pas sa course ! Cela pour diverses raisons.

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❎ Il a été désigné par 69 députés qui tournent tous sur la même orbite et autour de la même planète, 8-Mars. Hezbollah, Amal, Courant patriotique libre, Tashnag, Marada, Hezb el-Qawmé el-Souré, Jamil el-Sayyed, Faïssal Karamé, Élie Ferzli, Talal Erslane, etc. Cherchez l'erreur, enfin, la cohérence !

❎ Qu’il le veuille ou pas, Hassann Diab a été habillé par la maison « pro-Hezb et pro-Assad ». De ce fait, il n’aura pas la « confiance » de la communauté internationale, puisque le premier est considéré comme une entité terroriste et le second comme un tyran sanguinaire, non moins terroriste pour autant.

❎ C’est la première fois de l’histoire du Liban qu’un Premier ministre, poste attribué à la communauté sunnite selon le Pacte national islamo-chrétien de 1943, accède au Grand sérail avec seulement 6 voix sunnites sur les 69 qu’il a obtenu, moins de 10 % du suffrage parlementaire. C’est un détail pour les ex 8-Mars, HD aussi, mais la rue sunnite ne l’entend pas de cette oreille, elle gronde ! Elle a l’impression d’être marginalisée par le quatuor Nasrallah-Berri-Bassil-Aoun.

❎ Hassann Diab est le technocrate dans toute sa splendeur, un homme déconnecté de la réalité. Faire un CV de 136 pages, c’est être tellement narcissique au point d’oublier le principe de base d’un curriculum vitæ, détailler le parcours et les compétences dans un document court.

❎ Wiam Wahab est semble-t-il le premier à avoir proposé sa désignation, ce qui est suffisant pour s’en inquiéter. La romanisation de son nom, renvoie l’inconscient occidental à un autre compatriote soupçonné un temps d’être impliqué dans un attentat terroriste à Paris. Comble du malheur, il se teint les cheveux, donc c’est un homme qui ne sera pas disponible pendant une heure ou deux, tous les dix jours. Vous imaginez la tête de Macron, quand il entendra : ‘ah non, samedi à midi, je peux pas, هيدى يوم الصبغة’. Eh bien, انشاء الله تظبط.

❎ Trêve de plaisanterie, Hassann Diab porte un boulet lourd, il a été ministre dans le gouvernement de Najib Mikati. Pendant trois ans, lui et ses collègues ont laissé les frontières syro-libanaises grandes ouvertes à la fois aux miliciens du Hezbollah, aux jihadistes et aux réfugiés syriens, avec toutes les conséquences que nous connaissons. Aujourd’hui, nous sommes avec le casse-tête de 1,5 million de ressortissants syriens, qui ne sont pas prêts de rentrer dans leur pays et dont la présence prolongée au Liban a fait passer au rouge tous les voyants. Une partie de l’actuelle crise financière du dollar est dû à cette présence, personne n’en parle. A long terme, l’identité libanaise est sérieusement menacée par le plan pernicieux de Bachar el-Assad, coloniser le Liban via les réfugiés syriens, personne n’en parle non plus.

❎ De par sa désignation monochrome, les forces de l’ex 8-Mars, même s’il est décidé à devenir un Premier ministre indépendant, HD ne pourra pas l’être, puisqu’il n’aura aucune marge de manœuvre. Sa survie au Parlement dépendra de ceux qui l’ont nommé. Et ce qui est encore plus inquiétant c’est qu’il ne l’a pas été quand il était ministre : intégration dans un gouvernement 8-marsien, ouverture vers l’Iran, embauche de 8 000 profs sous contrat dont 3 500 pour la seule année électorale de 2013, etc.

❎ Hassann Diab est un mauvais gestionnaire de l’argent public. Il a passé une grande partie de son temps au ministère, un peu moins de trois ans, à préparer deux livres auto-promotionnels de 1 000 et de 600 pages, sans grand intérêt, invendables en librairie, destinés naturellement à être distribuer à la famille, aux amis et à quelques relations. Le gigantesque album-photo et surtout les légendes (lien dans les commentaires), montrent que nous avons affaire à une personnalité narcissique et immature. Pire encore, Hassan Diab a utilisé de grandes ressources du ministère, personnel et matériel, et a gaspillé l’argent public, pour réaliser un projet purement personnel. Circonstance aggravante, il l’a fait alors qu’il était démissionnaire, expédiant les affaires courantes et sachant très bien qu’il allait faire ses cartons quelques mois plus tard.

❎ Sa première interview accordée avant-hier à la chaine al-Hadath est surréaliste. Les Libanais ont découvert un homme impassible, maitrisant la langue de bois comme aucun politicien, partisan de la politique de l’autruche et bien évidemment, nombriliste. Il avait en arrière-plan sa propre photo ! Sur le fond, c’est un piètre politicien. Il est pour des élections législatives anticipées, comme le répète naïvement la société civile, ce qui n’est absolument pas possible au Liban, à moins de décider de piétiner la Constitution de la République libanaise. La seule façon constitutionnelle de les obtenir c’est de pousser les députés actuels à la démission comme je le réclame dans une pétition.

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✅ Parlons peu, parlons bien. Si Hassann Diab a une once de patriotisme, il doit renoncer sur le champ à la mésaventure du gouvernement mort-né qu’il compte former. Le Premier ministre désigné n’est pas à la hauteur de la mission pour toutes les raisons évoquées précédemment.

Et combien même, ce n’est pas un Premier ministre « technocrate » qu’il nous faut. Ni un « indépendant ». Ni un « spécialiste ». Ni même un « compétent ». Nous faisons fausse route et nous perdons un temps précieux. Tout cela est important mais secondaire étant donné l’urgence de la situation, les enjeux et les risques. Ce qu’il nous faut avant tout c’est un chef de gouvernement et des ministres qui inspirent CONFIANCE.

▶️ D’une part, la confiance des Libanais. Il ne faut pas se leurrer, le nouveau Premier ministre et son gouvernement, quelle que soit sa forme, seront amenés à imposer de grands sacrifices au peuple et aux responsables, afin de sauver le Liban de l’abîme. Qui dit le contraire est un amateur ou un imposteur ! Prenons l’une des revendications de la révolution, récupérer les fonds volés. Croyez-vous vraiment qu’un technocrate retranché dans sa tour d’ivoire soit capable d’atteindre cet objectif au pays du Cèdre ? Autre exemple, le dollar à 1 500 LL, c’est une époque révolue. Qui est capable à votre avis, d’annoncer urbi et orbi le nouveau taux officiel de change ? Ce technocrate du haut du balcon de sa tour d’ivoire ? On parle en coulisse d’une hausse de la TVA. Qui est capable de mettre en route une telle option ? Et si nous voulons dégraisser le mammouth, l’administration, pour éliminer les emplois fictifs ? Et si nous voulons sanctionner les auteurs de branchement illégal sur le réseau électrique et d’eau potable aux quatre coins du territoire libanais ? Et si nous voulons assainir la gestion du port et de l’aéroport de Beyrouth ? Seule une personnalité qui a un poids politique important et un gouvernement techno-politique polychrome en sont capables.

▶️ D’autre part, la confiance des pays arabes et occidentaux, dont le soutien politique et les aides financières sont déterminants pour éviter au Liban la faillite totale et l’écroulement de son système bancaire. Certains Libanais, notamment les bobos-révolutionnaires et les cocos-révolutionnaires, n'ont toujours pas compris qu'il y a un risque important que la population perde sérieusement une partie de son agent, gagné à la sueur de son front. Il va falloir descendre de sa tour d'ivoire. Non mais qui croit une seconde qu’un technocrate qui ne représente personne, déconnecté de la réalité, soit en mesure de débloquer les 11 milliards de dollars promis par la conférence CEDRE pour booster l'économie libanaise ? Là encore, seule une personnalité qui a un poids politique important et un gouvernement techno-politique polychrome en sont capables.

🇱🇧 Dans le contexte actuel, étant donné tous les paramètres, les enjeux et les risques, seul Saad Hariri remplit les conditions. Il n’est pas sans défaut, mais il a le poids politique qu’il faut. Ce n’est pas une raison pour lui donner un chèque en blanc. Le chef du Futur doit commencer par abandonner son caprice de diva et sa stratégie populiste : n’accepter de diriger qu’un gouvernement de technocrates, alors qu’il est la principale figure politique libanaise depuis 14 ans ! Enno ma3lé. Tous les autres protagonistes, de la société civile au parti des Forces libanaises, doivent abandonner leurs chimères, l'idée des technocrates qui décident du fond de leurs tours d’ivoire. Quant à la population libanaise, elle doit demeurer mobiliser plus que jamais et bien davantage que dans le passé pour bâtir le nouveau Liban. Nous ne sommes qu’au début de la route. Nous devons concentrer notre énergie pour peser sur les décisions politiques et pas la perdre sur le choix de personnes inadaptées et des projets utopiques. 🤺


samedi 21 décembre 2019

La députée Paula Yacoubian s'obstine à se démarquer, au point de tomber dans le ridicule (Art.694)


Quand j’ai entendu Paula Yacoubian annoncer qu’elle a nommé Halimé Kaakour au poste de Premier ministre, j’ai cru un instant qu’elle nous refaisait un remake de sa stupide blague quand elle a voté pour Nadine Labaki pour la présidence de l’Assemblée nationale en mai 2018, car elle voulait prendre une « position pour l’Histoire ». Pas du tout, la députée de Beyrouth était plus sérieuse qu’une nonne dans les deux cas. Jeudi, elle a affirmé que « nous sommes face à des candidats des axes », estimant que le nom qu’elle a proposé « n’est pas soutenu par les ambassades ou les axes » (iranien, saoudien et américain).

Et pour bien mettre en lumière ce nouveau choix historique et illustrer ses propos abjectes, elle aurait partagé dans la soirée, à croire Nadim Koteich, un post tout aussi abjecte. Cette publication prétend que le choix de Paula Yacoubian est le seul dicté par des considérations patriotiques, alors que les 123 autres choix s’inscrivent tous dans un agenda étranger : iranien pour Hassann Diab (Hezb, Amal, Tashnag, CPL), américain pour Nawaf Salam (PSP, Kataeb) et saoudien pour les députés qui se sont abstenus de nommer (Futur, FL). Le moins qu’on puisse dire c'est qu’il s’agit d’une lecture politique particulièrement stupide des consultations parlementaires de jeudi.

Je viens de vérifier, le post ne figure plus dans le fil d’actualité de la page de Paula Yacoubian. Comme je fais plus confiance au journaliste libanais qu’à cette députée opportuniste, je conclus qu'elle l’aurait effacé. Sur ce, je ne peux que lever ma tête au ciel et prier 😊 اللهم نجنا من السخافة والغباء والسطلنة


jeudi 19 décembre 2019

Nomination de Hassan Diab comme Premier ministre au Liban : il n’y a rien à espérer de ce technocrate, mauvais gestionnaire de l'argent public, nombriliste et piètre politicien, qui accède au pouvoir grâce au Hezbollah et ses alliés (Art.693)


Quelle saugrenue idée de nommer au poste de Premier ministre quelqu’un dont la romanisation du nom, Hassan Diab, renvoie à un individu libano-canadien que la justice française a soupçonné un moment d’être impliqué dans l’attentat terroriste qui a visé la synagogue de la rue Copernic à Paris en 1980 ! حسن دياب و حسان دياب, ohhh la Pythie est formelle, c’est un signe de très mauvais augure, même si le premier a été relaxé faute de preuves et le second est un ingénieur respecté en génie informatique, agréé au Royaume Uni et en Australie, et vice-président des programmes externes régionaux de l'American University of Beirut (AUB) depuis une douzaine d'années.

Le boulet de Hassann Diab, qu'il trainera toute sa vie où qu'il soit, au Grand sérail compris, est d’avoir été ministre de l’Éducation et de l'Enseignement supérieur du gouvernement issu du coup de force des chemises noires organisé par Hassan Nasrallah avec la complicité de Michel Aoun, Nabih Berri et Walid Joumblatt le 12 janvier 2011, qui a conduit au remplacement de Saad Hariri, par un hezbollahi-compatible et ami personnel du tyran de Damas, Najib Mikati.

*

Son ministère a été marqué par une volonté d'établir des "accords de coopération" dans le secteur éducatif. Avec qui? La Sorbonne, Oxford, Stanford? Non, plutôt avec la République islamique d'Iran svp. "Nous avons hâte de signer un accord dans un proche avenir pour bénéficier de l'expérience éducative de l'Iran" a osé affirmer un jour Hassann Diab (2012). En pratique, il a profité de son passage dans ce ministère, pour lancer un grand chantier, deux recueils de ses propres interventions et exploits, écrits, interviews, conférences, communiqués de presse, réflexions académiques sérieuses, états d'âme et une immense galerie de photos officielles et mondaines bien évidemment. L'un s'intitule "Le livre documentaire du mandat du ministre-professeur Hassann Diab au ministère de l'Education et de l'Enseignement supérieur", sans grand intérêt en dehors des cercles familial et amical, suivi quelque mois plus tard par "Vers la modernisation : Plan de sauvetage, projets et réalisations du ministère de l'Education et de l'Enseignement supérieur 2011-2013", un livre beaucoup plus intéressant, qui a pourtant fait pschitt à cause du grand désintérêt suscité par le premier. Un ministre victime de son nombrilisme on dirait, qui a passé plus de temps sur ses livres que sur le terrain.

Et ce n'est pas tout. Le problème c'est que Hassann Diab s'est dépêché pour publier ce qui s'est avéré n'être qu'une double auto-promotion, tout juste avant de faire ses cartons et quitter les lieux. Le premier recueil date de mai 2013 et le second de décembre 2013, deux mois avant la fin de la mésaventure de Najib Mikati au Grand sérail. Pire encore, les deux gros volumes, 1 000 et 600 pages (la mégalomanie dans toute sa splendeur !), couchés sur du papier glacé, ont été publiés au frais de la princesse svp, le ministère, l'Etat, donc les contribuables libanais ! Etant donné la quantité du travail assurée par le personnel du ministère et la qualité de la publication, le gaspillage d'argent public pourrait dépasser les 100 000 dollars, pour un intérêt personnel en grande partie. ماشاء الله Certes, Hassann Diab n'est ni le premier ni le dernier responsable a avoir un rapport aussi léger avec l'argent public, mais la nuance ici c'est qu'on a affaire à un technocrate et non à un politicard. Comme quoi, il vaut mieux bannir ce mot du débat actuel, c'est loin d'être un critère suffisant de qualité. Il nous faut des (com)patriotes, intègres et compétents pour la charge publique, point barre, conscients que l'argent public ne sort pas d'une imprimante laser, il est gagné à la sueur du front du peuple libanais.

Pendant trois ans, 2011-2014, Hassann Diab a participé à toutes les décisions prises par un désastreux gouvernement 8-marsien, dont la plus préjudiciable pour le Liban et les Libanais a été d’avoir laissé les frontières syro-libanaises grandes ouvertes. Nous avons payé le prix fort pour cela et nous le paierons encore pendant longtemps.

D’une part, nos frontières sont restées ouvertes à l’afflux de miliciens du Hezbollah vers la Syrie afin de participer à la guerre civile et sauver la tyrannie des Assad, une famille de dictateurs criminels de père en fils qui martyrise le Liban et la Syrie depuis un demi-siècle déjà ! Et d’autre part, nos frontières sont restées ouvertes aussi dans l'autre sens, à l’affluence massive de ressortissants syriens vers le pays du Cèdre, jusqu’à deux millions de personnes (dont le retour n’est pas à l’ordre du jour et dont la présence prolongée risque d'avoir de graves conséquences sur l'avenir du pays), ainsi qu’à l’installation de jihadistes (de Daech et d’al-Nosra entre autres, sur le flanc ouest de l’Anti-Liban), dont les actes terroristes a couté la vie à plusieurs compatriotes et dont l’élimination a nécessité une opération militaire d’envergure et d’importants sacrifices (qui se sont soldés hélas, par leur évacuation vers la Syrie dans des bus climatisés et parfumés à l'eau de rose, sur ordre du parti-milicien du Hezbollah).

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Hassann Diab vient d'être désigné comme Premier ministre par les groupes de députés de Hassan Nasrallah (Hezbollah), de Nabih Berri (Amal) et de Gebrane Bassil (Courant patriotique libre), ainsi que par les députés des partis Tashnag, Marada et Qawmé el-Souré, et d'autres parlementaires dont Jamil el-Sayyed, Faïssal Karamé, Élie Ferzli, Talal Erslane et Farid el-Khazen. A part ce dernier, une espèce hybride, tous ceux qui ont nommé Hassann Diab sont comme par hasard pro-Hezb et pro-Assad. Cherchez l'erreur, enfin, la cohérence ! Détail important au pays du Pacte national islamo-chrétien et des 18 communautés, seuls 6 députés sur les 69 parlementaires qui ont choisi l'ex-ministre de l'Education, sont issus de la communauté sunnite. S'il fallait que ce pouvoir en décomposition se foute de la gueule des Libanais, il ne pouvait pas mieux s'y prendre !

La Pythie est donc catégorique, il n’y a rien à espérer de bon de ce nouveau Premier ministre libanais qui a la faveur à la fois du Hezbollah, une entité classée terroriste par la majorité des pays arabes et occidentaux, et d'une ribambelle de fervents défenseurs de l'axe Dahiyé-Damas-Téhéran. La confiance fera certainement défaut du côté de la communauté internationale, ce qui sera préjudiciable pour relancer l'économie libanaise, freiner la dégradation financière et ramener la prospérité. Nous pouvons encore moins espérer de Hassann Diab, un excellent académicien sans doute (et encore, au conditionnel, c'est qu'il y a des rumeurs sur ses publications et on l'accuse aussi de favoritisme pour caser son fils à l'AUB), mais qui semble être incontestablement un très mauvais gestionnaire de l'argent public et un piètre politicien ayant des choix idéologiques qui laissent beaucoup à désirer. Et là, il y a de quoi douter sérieusement que l'homme soit capable de sortir le Liban de cette grave crise existentielle, ce qui ne manquera pas d'amplifier la colère de la population libanaise qui proteste depuis 64 jours 🤺


mardi 17 décembre 2019

Oui pour la préservation de la retraite par répartition, oui pour l’instauration du régime de retraite universel, oui pour la généralisation de la retraite par points. Paris-Montmirail récit d’une journée de grève ordinaire en France (Art.692)


Combien de fois avons-nous entendu qu’il ne faut pas trop tirer sur l’élastique, en #France comme au Liban. Hier, je devais me rendre à Montmirail, une commune de l’Est située à une centaine de kilomètres de #Paris. J’aime y séjourner, me dépayser et me dynamiser dans cette belle région de la Mésopotamie de l’Ile-de-France, située entre la Seine et la Marne, terre à blé et grenier de la France, rendue célèbre par le film "Les Visiteurs" de Jean-Marie Poiré à travers son personnage médiéval fictif, Godefroy de Montmirail, joué par le grand Jean Reno, et son inoubliable écuyer, Jacquouille la Fripouille, le grand Christian Clavier. Tous les deux se sont perdus dans les couloirs du temps, comme ces bobos-révolutionnaires libanais, qui croient prendre la Basille en demandant à l'ancien Premier ministre libanais Fouad Siniora de quitter un concert de Noël à l'AUB 😋 J’avais déjà décalé mon départ à plusieurs reprises. Ce lundi, j’étais décontracté malgré les prévisions, mais décidé à y aller par les transports en commun, parce que les chauffeurs routiers menaçaient de bloquer les routes. Ce fut une erreur, un cauchemar. Récit d’une journée de #grève ordinaire en France 🇫🇷

*

► La météo n’était pas au beau fixe, mais pas exécrable. Il faisait doux pour la saison. Ayant des choses à régler la veille jusqu’à 2h du matin, je n’ai pu quitter qu’à 10h. Du coup, le plan A n’était plus d’actualité, puisque le train RER B ne circule qu’aux heures de pointe en ce moment, 2h le matin et 2h en fin d’après-midi. Je passe tout de suite au plan B, le bus 197 pour la Porte d'Orléans. Après 15 minutes d’attente, le premier arrive, bondé, impossible d’entrer, c’est une boite de sardines. 15 minutes plus tard, le second arrive, pire encore, on ne peut même pas glisser un cheveu entre les gens. Il faut dire que les grèves sont des jours bénis pour les frotteurs des transports. Pas la peine de perdre du temps, j’abandonne la piste sur le champ.

► Je passe au plan C, le bus 297. Idem et même topo, et donc, même conclusion.

► Avec un plan D improvisé, je décide de me rendre au départ du bus 388, pour la Porte d'Orléans. Bingo, il est vide et pas grand monde en attente. Et pour cause, il fait un détour pas possible dans la banlieue-sud, 30 arrêts svp avant d'arriver aux portes de Paris. C’est comme lorsqu’on gratte son oreille gauche par-dessus la tête avec sa main droite. Je me suis dit « Keep Calm BB », ne rechigne pas à embarquer, c’est une expérience qui donnera lieu à une note ultérieurement. Mon Nokia commençait déjà à vibrer.

► Arrivé à la Porte d'Orléans, je mets en route le plan E en me rendant à l’arrêt du bus 38 pour aller directement à la Gare de l'Est via Châtelet. Surprise, il n’y a rien de prévu avant 17h, alors que les autres jours, le 38 circulait, d’après l’application de la RATP svp. Eh bien, il est temps qu’ils partent à la retraite on dirait, hein ? 😊 D’après le plan F, élaboré par un gréviste, retraité dans sa tête depuis un long moment, mais très actif sur le plan salarial, il faut prendre 3 bus pour s’y rendre, via Montparnasse et Châtelet. Je lui ai fait savoir qu’il peut le garder son plan nase, étant donné le monde qu'il y avait ne serait que pour la première étape.

► Face au déchainement des éléments, je sors le plan G, m’engager dans un triathlon constitué de trois épreuves enchainées qui doivent me conduire surement à la gare de l’Est : la natation à travers un crachin pas méchant sauf si on porte des lunettes, une marche à pied sur laquelle les grévistes n’ont aucune prise, et le Vélib, les vélos en libre-service à Paris à condition d’en trouver de disponibles car il n’est pas question de jouer aux cascadeurs sur les trottinettes qui jonchent les trottoirs. Ce fut une heure hors du temps et de ses peines, à Paris de surcroit, dans une belle ville, « c’est déjà ça » comme dit Souchon. J’ai slalomé entre les marcheurs et les vendeurs, les travailleurs et leurs sacoches, les touristes et leurs valises, les glandouilleurs et les mammas africaines qui vendaient en pleine rue des plats qui sentaient bon (du côté de Château d’eau pour les intéressés). Je l’ai fait comme un visiteur passant pour la première fois devant le lion de Belfort, le magnifique jardin du Luxembourg, le Quartier latin, Marks & Spenser (leur hommous est exquis, avec un filet d’huile d’olive, j’avais un petit flacon dans ma besace, avec les oignons verts et les radis de la maison, il rivalise avec le libanais !), la Seine, l’Ile de la Cité et le boulevard de Sébastopol. J’ai eu une pensée émue en prenant un double espresso avec Notre-Dame de Paris mutilée sur l’autre rive.

► Je croyais être au bout de mes peines à la gare de l'Est. Pas du tout, une surprise m’attendait, aucun train prévu pour Coulommiers, comme le délicieux fromage. Non mais comment ça ? Ah oui monsieur, c’est comme ça ! Ah oui madame, mais c’est indiqué sur le site de la RATP que la ligne est perturbée mais fonctionne. Ah non monsieur, c’est comme ça depuis 10 jours. Ah non madame, il est temps que vous partez à la retraite vous aussi ! 😋

► Brainstorming avec moi-même, il en ressort un plan H, passer par Château-Thierry. Un détour sauf qu'il n'y aucun bus direct entre le village de naissance de Jean de La Fontaine et Montmirail.

► Plan I, passer par Meaux, capitale de la Brie, comme le bon fromage, avec un train prévu dans 2h30. Pas question.

► Plan J, passer par Melun, la cité médiévale. Oh ce n’est pas un détour, c’est un grand détour de 3h.

► Plan K, vu sur le site RATP-Itinéraires svp, qui est censée tenir compte des grèves, se rendre à la station Auber et prendre le RER A qui reprend du service, en allant jusqu’à Marne-la-Vallée, via Disneyland. Puisque j’y suis, ça me semble raisonnable. Je me rends à pied et par le RER E, pour tomber sur des portes closes. Le A ne sera sur les rails que dans 1h30, ce qui repousse mon arrivée à 18h.

*

Paris, 14h30. Il est temps de prendre une grande décision et de sauter les plans L, M, N, O, P et Q et passer directement au plan R, R pour Retour à la case de départ. Plus de 8h sur les routes pour un trajet qui prend habituellement 2h et quelques, c’est de la folie. C’est ce que font vivre quelques milliers de grévistes à des millions de personnes de la population française et étrangère en France. On peut débattre à l’infini de la nouvelle réforme des retraites en France, ou de la formation du nouveau gouvernement au Liban, mais nul ne peut nier le fait que depuis plusieurs semaines, en France comme au Liban, la majorité est prise en otage par une minorité.

Dans les transports parisiens, voilà mon récit d'une journée ordinaire d'une grève illimitée. Aux dernières nouvelles des grévistes ont coupé le courant électrique alimentant la population en Gironde et à Lyon. Ils menacent de recourir à des coupures plus massives sur tout le territoire français en plein hiver. Idem au Liban, ces derniers jours on a vu des minorités de manifestants brûler encore des pneus et couper encore les routes, des forces de l'ordre s'en prendre violemment aux gens désarmés et regarder les gens armés, et plus grave encore, des miliciens du duo Hezbollah-Amal brûler des voitures, casser des vitres, saccager les tentes des protestataires, terroriser les habitants, tabasser les manifestants et menacer la population avec leurs armes, en toute impunité.

Eh bien la nature a horreur de ce genre d’équation et de déséquilibre ! C’est intenable à long terme, en France comme au Liban. Tôt ou tard il y a un équilibrage qui s’imposera à tous. A force de tirer sur l’élastique, il va finir par nous péter à la gueule. Et quand il pétera, il y aura dans l'Hexagone : restriction du droit de grève, abolition du fonctionnariat, automatisation de toutes les lignes de métro et privatisation des services publics. Ah pour pousser les choses dans ce sens, les grévistes ne peuvent pas mieux s'y prendre ! Au pays du Cèdre, la menace est bien plus grande : il y a un risque sérieux de faillite totale du système et d'implosion du pays ! Et ce jour-là, en France comme au Liban, les lamentations, les pleurs et les grincements de dents ne serviront à rien.

• Oui pour la préservation d’une extraordinaire spécificité française concernant notre système de « retraite dit par répartition », basé sur la « solidarité intergénérationnelle », où les cotisations des travailleurs paient les pensions des retraités et donnent droit à une pension de retraite, loin du « système par capitalisation », notamment anglo-saxon, où l’on cotise pour soi-même. C’est un système à la française qu’il nous faut au Liban, dont le financement devant être complété par la taxation des capitaux et des biens immobiliers.

• Oui pour l’instauration d’un régime de retraite universel et la fusion des 42 régimes de retraite différents actuels, qui font de la France la risée du monde.

• Oui pour la généralisation de la retraite par points, où chaque euro cotisé est pris en compte pour le calcul de la retraite. Le projet de loi prévoit pour 10€ cotisés, 1 point de retraite et 0,55€ de pension. Les chiffres ne sont pas définitifs. La valeur peut être modifiée ultérieurement, mais jamais à la baisse, ça sera inscrit dans la législation ! En pratique, cela permettra aux salariés comme aux travailleurs à temps partiel et à la carrière discontinue, ainsi qu’aux professions libérales d’avoir enfin la possibilité de bénéficier d’un système basé jusqu'à maintenant sur l'inique validation de trimestres.

Par conséquent, j’apporte un soutien total au projet de réforme de la retraite en France décidée par le président de la République Emmanuel Macron et mis en place par le Premier ministre Edouard Philippe. A mon humble avis, c’est un progrès indéniable. Et que les grévistes défendant leurs intérêts personnels aillent au diable 😈


jeudi 12 décembre 2019

Le député Hadi Hobeich fait une crise d'hystérie dans le bureau du juge Ghada Aoun, à l'occasion de l'arrestation de "bint akkar" (Art.691)


Sedd ni3ak. Cet homme filmé dans une crise délirante aiguë est le député Hadi Hobeich svp ! Il s’est permis de s’introduire dans les locaux du Palais de justice et les bureaux d’un haut magistrat, Ghada Aoun, vociférant et menaçant la procureure de la Cour d'appel du Mont-Liban, l’accusant d’être le « symbole de la corruption » et de se comporter comme une « milicienne ». Et pourquoi donc ? Parce cette juge libanaise a ordonné l’arrestation de « بنت عكار » comme l'a répété « ابن عكار » à six reprises, la directrice du centre d’enregistrement et de contrôle technique des véhicules, Hoda Salloum, sur la base d’informations accusant cette dernière de pots-de vin, de faux et usage de faux, de dilapidation de fonds publics et d’enrichissement illégal.

Branle-bas de combat dans la classe politique. Nouhad Machnouk qui est du même camp que ce député, a volé à son secours. « Hoda Salloum est l’une des fonctionnaires les plus méticuleuses et les plus honnêtes de l’État libanais. Ce qui s’est passé est une violation des règles juridiques. Convoquer un directeur général sans autorisation du ministre concerné n’est pas banal. » Peut-être bien mais ceci ne justifie pas cela. Et comme si de rien n’était, Hady Hobeich est revenu à la charge, accusant la juge Aoun d’être proche du CPL et de vouloir remplacer l’actuelle directrice par un proche de ce parti. Peut-être bien aussi, mais ça ne justifie pas son comportement. Après la fuite des vidéos, montrant sa crise délirante aiguë au palais de justice, il a baissé le ton, s’est excusé et s’est comporté comme un toutou. Trop tard, on a vu comment un député se croyant au-dessus de la loi, peut abuser de son immunité !

Qu’importe les détails de ce dossier, qui sont sans doute complexes, rien absolument rien, ne donne à Hady Hobeich le droit de crier comme un hystérique sur un magistrat. Son comportement est inadmissible. Il n’est pas digne d'un député de la nation, encore moins d'un avocat de formation. Et de ce fait, sa place est surement en dehors du Parlement libanais, du Courant du Futur et des tribunaux, sauf éventuellement en tant qu'accusé.

Toute ma solidarité avec la juge Ghada Aoun, pour ce qu'elle représente, l'institution judiciaire. Si elle outrepasse ses prérogatives, il y a des moyens légaux pour y mettre un terme. Mais on ne peut pas réclamer l'application des lois et s'autoriser de les violer, parce qu'on bénéficie d'une immunité parlementaire, sous prétexte qu'un tel ou une telle ne les a pas respectées. Au parti de Saad Hariri de prononcer la mise à pied de ce membre du bueau politique aux méthodes de voyou. Son immunité parlementaire doit être levée. Il doit être poursuivi pour menaces et insultes à un haut magistrat dans l’exercice de ses fonctions. En tout cas, cette séquence donne une idée bien précise des difficultés que nous allons rencontrer pour bâtir un Etat-état de droit au Liban, de lutter contre la corruption et de juger tous ceux qui se croient au-dessus des lois.


mardi 10 décembre 2019

Quand un homme d’Église au cœur de lion fait son sermon, les autruches se cachent dans leurs bonnets, les tartuffes regardent le lustrage de leurs chaussures et les imposteurs bouchent leurs oreilles avec les cierges ! Monseigneur Elias Audi à l’occasion du 14e anniversaire de l’assassinat de Gebrane Tuéni (Art.690)


Quand un homme d’Eglise au cœur de lion fait son sermon, les autruches prennent leurs bonnets et chapeaux à deux mains et les enfoncent profondément sur leurs têtes, les tartuffes regardent plutôt leurs chaussures et contrôlent la qualité de leur lustrage, et les imposteurs saisissent les longs cierges allumés par les fidèles et bouchent leurs deux oreilles 😊 C’est que monseigneur Elias Audi n’est ni un habitué de la langue de bois ni un partisan d’arrondir les angles, لا قرط حكي ولا تبويس لحي. Il a le verbe haut et libre, il a le mot juste et rien de plus. Il ne s'est jamais teint les cheveux comme certains de son rang. C'est pour dire qu'il fait partie des derniers Mohicans du pays du Cèdre. Il est de la trempe du défunt patriarche maronite Nasrallah Sfeir, le père spirituel de la seconde indépendance.

A l’occasion du 14e anniversaire de l’assassinat de Gebrane Tuéni, le métropolite de l'archidiocèse grec-orthodoxe de Beyrouth a tenu à mettre les points sur les i. Cela donne ceci. C'est que l'heure est grave, la nation est plongée dans une crise existentielle sans précédent.

« Aujourd'hui, ce pays est dirigé par un individu, vous le connaissez tous, mais personne n’ouvre la bouche. Par un seul individu. Il est dirigé (aussi) par un groupe qui se protège avec les armes. (Non mais) Où est la culture ? Où est la science ? Où est le (haut) niveau de ces Libanais dont nous sommes fiers ? Où est-il ? Par un seul individu ! On ignore ce qu’il sait (au juste), mais il nous gouverne. » Et pour les autruches, les tartuffes et les imposteurs réfugiés dans le déni, il donne un indice. « On revient vers lui, mais pas vers celui qui est au-dessus de lui. Pauvre pays. » Très fin Monseigneur, très très fin.

Face au tollé médiatique des hezbollahi-compatibles, Son Eminence Mgr Elias Audi a eu l’amabilité de me charger de dévoiler les noms des fautifs et de remettre les points manquants sur certains i. Sa position au sein de l’Église l’empêche de rentrer dans de basses et petites polémiques et de prêter trop l'oreille aux cris, au caquetage et aux piaillements des mécontents. J'ai pris cette mission à coeur et je l'ai accepté avec beaucoup d'honneur 🤩

*

« L’individu » en question est Gebrane Bassil que j’ai gentiment surnommé il y a fort longtemps « Don Quichotte de la République libanaise ». Il est toujours prêt à bondir pour se battre contre les géants moulins à vent, accusant tout le monde de lui mettre des bâtons dans les roues. Il prévoyait dans une campagne électorale récente, une BD intitulée « Rêve d’une nation », le métro à Beyrouth pour 2020 svp. Ah si, j’ai fait un article dessus. Oh les mauvaises langues ne ratent pas une occasion pour déblatérer sur ce génie mal-aimé de la nation libanaise ! Il lui reste quand même trois semaines pour faire descendre cet éléphant rose lâché dans le ciel libanais et les esprits naïfs en 2013, à un moment où il a cru que les élections législatives allaient avoir lieu. Il contrôle le ministère de l’Énergie depuis 11 ans svp, une chasse-gardée du Courant patriotique libre (CPL). Malgré une hémorragie financière de plus de 1,5 milliard $ par an, les Libanais ne bénéficient toujours pas de courant électrique public 24h/24. La gestion du secteur par le CPL est un fiasco. Cherchez l’erreur.

Celui qui est « au-dessus » c’est Michel Aoun, le président de la République, ex-chef du CPL jusqu’en 2016 et beau-père de Gebrane Bassil à ses heures perdues depuis des décennies. Son principal fait d’armes, les 900 jours de vacance du poste présidentiel (2014-2016) pour se voir récompenser par les « dindons de la farce », le duo Geagea-Hariri, la présidence de la République sur un plateau en argent, en oubliant le gendre caché sous la table ! Exploit remarquable, il faut l’avouer. يلا بسيطة، صدر راحت إلحلقوم للحكيم و للشيخ سعد، البقلاوة غالية بهل الايام et nous devons nous rendre à l’évidence, les ex-piliers du 14-Mars ne les méritent pas, un plateau de loukoums est largement suffisant.

Une fois installé à Baabda, Michel Aoun s’est illustré par 270 jours de tractations politiciennes pour la formation de l’actuel gouvernement démissionnaire (2018-2019). Ah mais les enjeux étaient triple et de taille.

• Primo, garder le ministère des Affaires étrangères dans la famille, alors que le bilan bassilien dans ce domaine est médiocre. دون كيشوت الجمهورية اللبنانية n'a convaincu que 85 000 expatriés libanais à s'inscrire sur les listes électorales des ambassades à l'étranger pour les élections législatives de mai 2018, alors quelque temps auparavant il avait sillonné l'Amazonie au frais de la princesse en disant que nous étions 15 000 000 de Libanais dans le monde!

• Secundo, laisser le ministère de l’Énergie entre les mains de Gebrane Bassil via une ex-conseillère de son ex-conseiller César Abi Khalil, la dénommée Nada Boustani. الاميرة النائمة dort depuis 9 mois sur l’importation de carburants par les « cartels ». Elle ne s’est réveillée pour agir qu’après un mois et demi de révolution, lorsqu'elle est passée au statut démissionnaire, et à la suite de plusieurs jours d’une grève suspecte des « stations-service dépendantes » et l’intimidation exercées par de faux contrôleurs du ministère de l'Economie, qui se sont révélés faire partie du Syndicat des stations-service (proche du CPL) sur les « stations-service indépendantes » (proches des FL), qui étaient opposées à la grève. C'était le scandale de l’affaire Sakr qui a éclaté il y a quelques jours, du nom d'un autre compatriote de mon pays au coeur de lion !

• Tertio, filer le ministère de l’Écologie à un tocard, Fady Jreissati, la grande gueule. معالي الاستاذ ما حدن يسمعني صوته rase les murs de nos jours. Il n’a pas su trouver 150 000 $/an pour assurer la maintenance de nos 3 hélicoptères-bombardiers d’eau Sikorsky, mais était en négociation en Espagne pendant les deux mois qui ont précédé les grands feux de forêts qui ont ravagé une partie de notre patrimoine écologique la veille du déclenchement de la Révolution libanaise, pour acheter de nouveaux bombardiers d’eau pour 8 millions $ svp.

Et nous voilà aujourd’hui avec un Michel Aoun engagé depuis 43 jours, والخير لقدام, dans des tractations politiciennes avant d’organiser des consultations parlementaires contraignantes pour la nomination du futur Premier ministre comme l'exige la Constitution. Cherchez l’erreur. Oh, du côté du principe de cohérence sans doute !

Quant au « groupe armé » dont parle Mgr Audi, c’est le célèbre Hezbollah qui est le principal responsable des blocages politiques au Liban (depuis 2005), le principal obstacle à l’édification d’un double État-état de droit au pays du Cèdre (depuis 2005 aussi) et le principal frein au retour de la confiance (depuis 2005 également), une condition sine qua non sans laquelle la situation économique des Libanais ne peut que se détériorer. Un fait, un seul. Non mais qui va investir 1 $ dans un pays où le 12 décembre 2005, on a distribué des douceurs aux passants dans les fiefs du parti-milicien, quelques minutes seulement après l’annonce de l’odieux assassinat du député, écrivain et journaliste, Gebrane Tuéni, au cours d’un attentat terroriste à la voiture piégée ? Faut pas rêver, personne. Paix à ton âme Gebrane.

Pour rappel, des membres du Hezbollah, avec lequel est allié le CPL depuis 2006, sont poursuivis actuellement par le Tribunal spécial pour le Liban à La Haye. On les soupçonne de l’attaque terroriste ayant tué l’ancien Premier ministre Rafic Hariri et 21 autres personnes (février 2005), des tentatives d’assassinat de Marwan Hamadé (octobre 2004) et d’Elias Murr (juillet 2005), et de l’assassinat de Georges Haoui (juin 2005). Puisqu'on y est, non mais qui mettra un centime dans un pays où les accusés d'assassinat politiques, membres du Hezbollah, sont libres comme l'air et élevé par le chef du parti-milicien au rang de « saints »? Pas une personne. Et dire que depuis le 17 octobre, le Hezb boit du petit lait car certains révolutionnaires de pacotille remettent tout en cause, sauf cette grave anomalie. Cherchez l’erreur.

*

Toujours est-il qu'on trouve encore des autruches, des tartuffes et des imposteurs qui vous parlent de « révolution » du fond de leurs bonnets, avec de la cire plein les oreilles, tout en regardant la brillance de leurs chaussures ! Pauvre de nous comme l’a si bien dit Mgr Elias Audi, un véritable homme d’Église au cœur de lion. Longue vie à cet esprit libre, consciencieux, perspicace et inébranlable du #Liban. Des leaders dotés de ces qualités se font très rares de nos jours 🇱🇧


dimanche 8 décembre 2019

Trois certitudes sur le soulèvement populaire du 17 octobre : les acquis sont maigres, le coût socio-économique est exorbitant, le Liban est coincé dans une impasse. Pourquoi? (Art.689)


Belle prise de #Beyrouth, même la meilleure de notre capitale à l'urbanisation chaotique. Merci YAB. Rien ne sera plus comme avant, n'est-ce pas? Sauf que vouloir n’est pas toujours pouvoir. Et ce n’est pas faute d’essayer. Jusqu'à présent nous avons réussi à faire tomber le gouvernement de Saad Hariri et à griller le nom de Mohammad Safadi. Et maintenant que la date des consultations parlementaires est fixée, tout le monde voudrait les saboter! Bienvenue au #Liban. Le nom de Samir Khatib, un mammouth engraissé grâce aux marchés publics, est déjà sur le barbecue, à juste titre.

Pour certains, ce n’est que le début, pour d’autres, la montagne n’a accouché que d’une souris, pour l'instant. Dans tous les cas de figure, le peuple libanais est aujourd’hui face à trois certitudes sur le soulèvement populaire du 17 octobre : les acquis sont encore maigres, le coût socio-économique est exorbitant, le Liban est coincé dans une grave impasse politique, un luxe que nous ne pouvons pas nous offrir. Alors que faire pour notre bien-aimé Liban ? 🇱🇧

*

A ce stade et face à tel constat, il est primordial d’en connaitre les raisons pour inverser la tendance. J’en vois quelques-unes qu’on peut classer en 3 catégories selon qu’elles soient liées au pouvoir, à la révolution ou à la société libanaise.

▪️ Pouvoir

• Irresponsabilité des dirigeants du Liban. Que peuvent faire des dirigeants qui se sont illustrés dernièrement par une autoprorogation du mandat parlementaire de 5 ans, une vacance présidentielle de 900 jours et un enlisement dans la formation du gouvernement de 9 mois? A rien d’autre qu’à la simple nomination d’un Premier ministre deux mois au moins après la démission de l’ancien. Ce n’est pas demain la veille et on n'est pas à la formation du nouveau gouvernement.

• Incompétence du leader libanais. « Tu n’es pas bon à rien, tu es mauvais à tout », Marcel Pagnol dans le Schpountz. Et si les leaders libanais ne l’étaient pas, on n’en seraient pas là. Un fait, un seul, malgré les défaillances graves de la démocratie libanaise citées précédemment, personne, y compris de la société civile, ne propose quoi que ce soit pour que de telles anomalies ne se répètent plus.

▪️ Révolution

• Imprécision des revendications, en adoptant des slogans généralistes et vaseux : كلن يعني كلن, تحقيق كل المطالب, استعادة الأموال المنهوبة, طاقم من خارج المنظومة السياسية, الغاء الطائفية, إلخ. Et en plus, ça va dans tous les sens. Certes, cette option a permis de ratisser large, mais en même temps, elle a empêché d’identifier des objectifs concrets et réalistes. Si la révolution du 14-Mars a été couronnée de succès, c’est parce qu’elle s’était fixée deux objectifs précis et clairs : mettre fin à l’occupation syrienne du Liban et mettre en œuvre une enquête internationale sur l’attentat terroriste du 14 février 2005.

• Déconnection de la réalité. La plus grave des erreurs, en agissant comme si les partis traditionnels n’existaient plus, en surestimant ses forces et en sous-estimant celles de ses adversaires. Cela s’illustre merveilleusement bien par la réclamation surréaliste d’un gouvernent de technocrates et d’imaginer renvoyer ces partis politiques, les ministres sortants, les 128 députés politisés et leurs partisans en colonies de vacances!

• Pêle-mêle il y a le zapping par une majorité de révolutionnaires de la principale anomalie qui empêche l’édification d’un double Etat-état de droit au Liban, le Hezbollah ; l’enlisement du conflit, au risque d’augmenter le désintérêt et la démotivation, contrairement à 2005, où l’action était massive et de courte durée ; et le parasitage du mouvement par les opportunistes, les autruches, les tartuffes et les imposteurs, qui ont porté atteinte à l’authenticité du mouvement.

▪️ Société libanaise

• L'enracinement du clanisme, le confessionnalisme n’étant qu’une de ses formes. Le principal problème du clanisme c’est l’absence de sanctions par la base quelles que soient les erreurs commises par les chefs des clans. Deux exemples flagrants. Le Hezb n’est pas sanctionné par sa base alors que c'est un parti-milicien armé, qui est accusé d’assassinats politiques, d'agressions contre les manifestants et de blocages constitutionnels ! Idem pour le CPL, qui arrive à tirer son épingle du jeu, alors qu’il est le principal responsable de la gestion désastreuse du secteur électrique au Liban, qu’il contrôle depuis 2008 et qui est à l’origine d'une hémorragie financière de plus 1,5 milliard $/an. On peut citer Amal et le 7-Mai, le Futur et la double politique monétaire et d’endettement mise en place depuis 1992, le PS et les magouilles politico-financières, les FL et le partage du pouvoir chrétien via l’accord de Meerab qui a pavé la route de Baabda à Michel Aoun, etc. Les bases défendent les chefs de clans coûte que coûte.

• Un système judiciaire défaillant. On entend parler de scandales à longueur d'années, de colonnes et de d’antennes, sans jamais avoir de procès, encore moins de condamnations. Comprenne qui pourra.

• Enfin, si les choses ne bougent pas au Liban c’est aussi parce que la majorité des intellectuels, médias compris, et des technocrates justement, issus de ladite société civile, ne sont à la hauteur ni de leur positionnement social ni des enjeux existentiels. Prenons une revendication courante, la réclamation d’un « gouvernement intérimaire » (حكومة انتقالية), doté de pouvoirs exceptionnels (صلاحيات استثنائية), qui préparera des « élections législatives anticipées » (انتخابات نيابية مبكرة) qui permettront de « renouveler le pouvoir » en donnant à la démocratie libanaise de nouveaux parlementaires, un nouveau premier ministre, un nouveau gouvernement et un nouveau président de la République.

C’est magnifique, mais il s’agit de foutaises sur toute la ligne ! Il n’y a rien dans la Constitution qui évoque de près ou de loin « l’intérim gouvernemental ». Ça n’existe que dans l’esprit de compatriotes qui vivent en apesanteur et hors-sol. Idem, cumuler le pouvoir exécutif (gouverner) et législatif (légiférer), n'est pas possible légalement, c'est une grave atteinte à la Constitution !

Quant aux élections législatives anticipées, quelle rigolade, elles sont tout simplement impossibles à réaliser au Liban, sauf si nous décidons collectivement de piétiner la Constitution de la République libanaise ! Il ne suffit pas de s’inspirer de l’actualité du Royaume-Uni et de l'Espagne. C’était possible, nuance, c’est au passé. Ce n’est plus le cas depuis belle lurette et l’adoption de l’accord de Taëf en 1989. Et pourquoi ? Parce que justement Michel Aoun lui-même en avait abusé lorsqu’il était à Baabda en tant que Premier ministre (1988-1990). Il a tellement menacé du dissoudre le Parlement si les parlementaires ne suivaient pas à la lettre ses recommandations, et il a fini par le faire, que les députés de l'époque avaient décidé de restreindre drastiquement cette prérogative présidentielle. Merci qui ? Merci mon général. Les conditions aujourd’hui ne sont pas réunis pour aller dans ce sens.

*

A mon humble avis, pour sortir de l'impasse il faut plus que jamais agir dans des directions concrètes et faire des propositions acceptables par tous les protagonistes:

✳️ Imposer désormais et pour l’avenir le principe des gouvernements techno-politiques (1/3-2/3) au Liban et élaborer des critères précis pour la sélection des ministres en général. Nous devons surtout avancer un processus de sélection des ministres apolitiques. Dans ce but, proposons des consultations citoyennes organisées via internet par le ministère de l’Intérieur, ouvertes à tous les électeurs libanais du Liban et de la diaspora. Allons même plus loin et proposons un processus révolutionnaire pour la composition des prochains gouvernements libanais : l’attribution des ministères aux personnes sélectionnés et compétentes, par tirage au sort, ce qui éliminera les interminables tractations politiciennes.

✳️ Pour provoquer des élections législatives anticipées au Liban avant le mois de mai 2022, la seule voie constitutionnelle est de pousser les 128 députés actuels à lâcher leurs sièges et à déposer leur démission. Cela a l’avantage de provoquer des élections législatives partielles et de renouveler une partie de l’Assemblée nationale.

Au 53e jour de la révolution, alors que nous sommes coincés dans une impasse politique avec peu de résultats et un coût économique exorbitant, si on veut éviter le pire et produire un important changement dans le paysage politico-économique, il va falloir changer de disque. « La folie est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent », Albert Einstein. Avis aux amateurs 😊


jeudi 28 novembre 2019

En pleine crise bancaire, des propriétaires sans scrupules au Liban exigent de leurs locataires le paiement des loyers en dollars et cash (Art.688)


Voici la dernière du terrain. Alors que le #Liban traverse une grave crise économique, des propriétaires sans vergogne et sans scrupules exigent de leurs locataires le paiement des loyers en dollars et cash svp. اي نعم. Et comme les banques contrôlent les retraits et les mouvements financiers pour les « citoyens ordinaires » jusqu’à nouvel ordre, les locataires sont alors contraints de retirer le montant des loyers en livres libanaises, d’aller sur le marché noir débourser 2000 LL pour 1$ (alors que le taux de change officiel théorique est de l’ordre de 1500 LL/1$), avant de retourner voir le bailleur pour s’acquitter des sommes dues concernant leurs habitations/bureaux/boutiques avec des billets verts.

Ce comportement est illégal et abject. Par conséquent, le Premier ministre Saad Hariri doit d’URGENCE réunir son gouvernement et frapper fort via une circulaire ou même un décret s'il le faut. Il faut rappeler aux rapaces quelques évidences et prendre des mesures punitives contre les vautours. C’est qu’il n’y a pas que certains propriétaires qui tentent de profiter des difficultés de leurs compatriotes. Des pompistes font de même et exigent un paiement exclusif en dollars. Mais bon, on n'est pas dans le même ordre de grandeur ! Cette attitude ne peut être tolérée au sein d'un état de droit et dans une période de crise nationale.

La monnaie de la République libanaise est la livre libanaise et rien d'autre. L’usage du dollar est juste toléré au pays du Cèdre. En vertu des principes souverains et des lois qui régissent l’Etat libanais et la société libanaise, personne ne doit être en mesure d’exiger le paiement de quoi que ce soit sur le territoire nationale libanais exclusivement dans la monnaie américaine ! Ni les propriétaires, ni les garagistes, ni les médecins, ni les écoles, ni les universités, ni les hôpitaux, ni les rapaces, ni les vautours, ni qui que ce soit de quelque espèce que ce soit. Les contrevenants doivent écoper d'une amende salée.

Comme la situation perdure et durera encore longtemps, alors bien avant la nomination d'un nouveau Premier ministre et la récupération des fonds volés par les politiciens, le gouvernement démissionnaire doit immédiatement protéger les citoyens libanais de la cupidité et de la bassesse de certains de leurs compatriotes qui tentent de tirer profit de l'impasse politique et du chaos actuel, motivés par un égoïsme consternant.

#racaille_en_col_blanc


On peut résoudre la crise du dollar si un million de Libanais de la diaspora et amis du Liban injectent 6 000 $ sur le marché libanais. Oui mais... (Art.687)


Au moment où j’apprends que le dollar est changé actuellement sur le marché noir libanais contre plus de 2 000 livres, mes yeux tombent sous les coups de l’inscription « In God We Trust » en rafales de six billets. Ohhhh nom de Dieu, je viens de m’apercevoir que j’ai quitté le Liban avec 400 dollars américains dans les poches. Et encore, ça ne date pas d’hier. Mea culpa, mes compatriotes. J’assume entièrement ma responsabilité dans la crise en cours. Seulement à hauteur de 400/6 000 000 000 ième, montant des dollars qui ont disparus dans la nature depuis quelques semaines. En gros, ma7soubkoun est responsable de 1/15 000 000 ième de la situation. Par conséquent, je m’engage en retour à libérer ces 6 billets détenus à l’étranger dans l’économie libanaise le plus rapidement possible 😊

Cela étant dit, mais au fait, si nous pouvons être un million de Libanais de la diaspora ou amis du Liban et des Libanais, ou Libanais ayant des comptes bien à l’abri aux quatre coins de la Terre, paradis fiscaux compris, à ramener et à injecter 6 000 dollars en billets sur le marché libanais, nous pouvons classer la crise actuelle dans les archives. Le problème c’est que rien n’indique que ça ne recommencera pas aussitôt. Plusieurs éléments contribuent à l’instabilité du taux de change actuellement :

- la léthargie d’un pouvoir moribond, avec un président de la République réfugié dans sa tour d’ivoire en serrant la clé de sortie de la crise bien entre ses mains;
- la panique d’une population désemparée ;
- l’impasse politique à cause de l’extrémisme de la majorité des protagonistes, hommes politiques, société civile et citoyens ;
- les restrictions bancaires auxquelles sont soumis les « citoyens ordinaires ».
- les piqures de rappel, pas plus tard qu'avant hier, sur l’anomalie que constitue la situation du parti-milicien du Hezbollah au Liban.

Ce sont des facteurs connus, tout le monde en parle. Mais il y a des facteurs dont on ne parle pas ou peu, qui contribuent à détériorer la situation du dollar au Liban :
- Primo, les exceptions accordées par les banques libanaises aux « citoyens extraordinaires », aux hommes et femmes politiques, ainsi qu’aux hommes et femmes d’affaires, leur permettant en pleine crise de confiance de mettre leur pactole et fortune, bien à l’abri à l’étranger.
- Secundo, la spéculation des Libanais sans vergogne et sans scrupules, descendants des rapaces. Ils sont légion en ce moment. On achète au prix du marché à l’étranger et on revend au prix fort sur le marché noir libanais. C’est ce qui vaut au Libanais la réputation d’être 7arbou2. Je dirais plutôt khreiyenn.
- Tertio, la fuite des dollars américains vers la Syrie, pour renflouer les caisses du tyran de Damas et dynamiser l’économie agonisante du régime syrien. Eh oui, ça aussi !

Il est donc clair, que nous pouvons injecter tout le trésor américain dans l’économie libanaise, cela ne changera rien quant à la dégradation inéluctable de la situation au Liban. Il ne faut pas rêver, tout est basé sur la confiance, sur le plan personnel comme sur le plan national. Et tant que celle-ci fait défaut, difficile de croire au Père Noël. Pour y remédier, il nous faut un gouvernement compétent le plus rapidement possible. Personnellement, je n’ai aucun problème d’où viendront les futurs ministres, de Mars, de la Lune ou de la Terre, qu’importe. Je suis autant méfiant des « politiques » que des « technocrates », qui je le rappelle n’est absolument pas un compliment dans les démocraties occidentales. Mes vetos sont motivés par l’incompétence, l’imposture et la hezbollahi-compatibilité. Par exemple, Paula Yacoubian, elle peut affuter ses canines autant qu’elle veut, c’est niet. Et puis je ne fais aucune confiance à ceux qui crachent dans le puit duquel ils ont bu 😋

Mais il est tout aussi clair, qu’il faut s’attaquer aux paramètres invisibles. Les exceptions à disposer de son argent, accordées aux « citoyens extraordinaires » doivent cesser et les directeurs de banque qui les ont accordées sévèrement sanctionner, pour discrimination et avoir mis en danger l’économie libanaise. Les spéculateurs qui profitent de la situation doivent aussi être identifiés et sévèrement condamnés, pour les mêmes raisons. La fuite des dollars vers la Syrie, doit être sévèrement contrôlée également et pour les mêmes raisons.

NB : Il y a un post-scriptum destiné aux tartuffes de la révolution dans les commentaires. Indice : 💵

#ماما_وبابا_نحنى_مظبوط_رايحين_على_انهيار_والولاد_عم_بطقوا_حنك 🤔


lundi 25 novembre 2019

Un milicien du Hezbollah armé menace les révolutionnaires pacifiques au Liban


@ autruches de la révolution libanaise


Le titre d' « Imposteure de la Révolution » est décerné à Paula Yacoubian : la députée de Beyrouth s'inquiète pour l'image du Hezbollah et dénonce les ingérences de Jeffrey Feltman, l'ex-ambassadeur américain au Liban (Art.686)


Dans la série « Imposteurs de la Révolution », le portrait du jour est consacré à بولا يعقوبيان Paula Yacoubian , au lendemain d’une nouvelle attaque nocturne des chemises noires du duo Hezb-Amal. A la fête de l’Indépendance, la députée de Beyrouth est montée au créneau pour prendre la défense d’Al-Jadeed et dénoncer les pressions du Hezbollah pour empêcher la réception de la chaine dans ses fiefs (Sud-Beyrouth, Liban-Sud et la Békaa) par « des milliers de libanais qui constituent l’environnement protecteur du Hezb ».

New TV est présentée par Paula Yacoubian comme la « chaine de la Révolution », mais aussi « la voix haute et criante aux côtés de la ‘Résistance’ » (autodésignation du Hezbollah). Là commence l’imposture conjointe de la chaine libanaise et de la représentante de la nation. Cette dernière s’est demandée dans sa vidéo si « cette mesure ne détériorera pas l’image du Hezb auprès de son public ». Pour donner du poids à son inquiétude, la députée de Beyrouth a affirmé : « Je n’ai aucune rancune et aucune haine contre le Hezbollah, mais bien au contraire, je trouve que la ‘Résistance’ a fait beaucoup de sacrifices ». Ah bon, lesquels ? Celles qui lui valent d’être poursuivi par le Tribunal spécial pour le Liban à La Haye ? Celles d’avoir permis aux Israéliens de s’acharner sur le Liban pendant 33 jours ? A moins que ça ne soit le « jour glorieux » lors de l’invasion de la capitale ? Ou peut-être même ces attaques violentes contre les manifestants pacifiques à Beyrouth comme à Nabatiyé ? Quelle mascarade !

Paula Yacoubian semble très inquiète même, pour la mauvaise raison hélas. « Qu’est-ce qui grignote le crédit du Hezbollah aujourd’hui, l’attaque américaine contre l’Iran au Liban, Israël qui a tenté de ternir la réputation de la 'Resistance' ou cette façon d’agir précisément (contre al-Jadeed) ? » Ah mais nous aurions aimé qu’elle s’inquiète davantage de ce qui ternit la réputation du #Liban et des Libanais dans le monde, une entité classée terroriste par l’écrasante majorité des pays arabes et occidentaux, le Hezbollah.

Ce que cette députée appelle « Résistance », est un parti-milicien islamiste armé qui constitue une « anomalie » au Liban, à l’origine de l’instabilité économique chronique depuis trente ans, ayant provoqué une guerre destructrice en 2006 qui a couté une douzaine de milliards de dollars au peuple libanais (qui dépassent largement tout ce qu’elle rêve naïvement de récupérer comme argent volé !), accusée d’assassinats politiques dont un ancien Premier ministre, Rafic Hariri. C’est dire si Paula Yacoubian est à côté de la plaque.

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Et ce n’est pas tout. Paula Yacoubian a tenu aussi à lancer une virulente attaque contre Jeffrey Feltman. Elle a voulu lui signifier « qu’elle rejette ses propos et qu’il ferait mieux de ne pas s’ingérer dans les affaires libanaises ». Ce sont exactement les termes qui ont été utilisés par al-Akhbar et al-Manar, les médias du Hezbollah. « C’est un homme qui a beaucoup d’amis au Liban… qui par le biais d’un seul discours tente de nuire à la Révolution ». Nom de Dieu, mais qui veut que la révolution libanaise s’étouffe, Jeffrey Feltman ou Hassan Nasrallah ?

Voilà pourquoi on ne peut que s’interroger sur cette virulente attaque, sachant que l’ancien ambassadeur américain à Beyrouth (2004-2008) est l’un des principaux acteurs qui ont fait pression pour mettre fin à l’occupation syrienne du Liban et mettre en place la commission d’enquête sur l’attaque terroriste du 14 février 2005. Et si la députée de Beyrouth était si scandalisée par les dernières déclarations de l’ex-diplomate américain, c’est parce que Feltman se situe à l’opposé de Paula Yacoubian à propos du Hezbollah.

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L’audience a eu lieu à la Chambre des députés le 19 novembre. Jeffrey Feltman est intervenu en tant que chercheur, arabophone et grand connaisseur du Liban et du Moyen-Orient, aux côtés de la journaliste libanaise Hanin Ghaddar, entre autres. Le thème choisi est celui de savoir « Quelle est la prochaine étape pour le Liban? Examiner les implications des manifestations en cours ». J’invite quiconque disposant d’un peu de temps à le lire (texte intégral) ou à l’écouter (un résumé de 5 minutes). Sans exagération, c’est l’une des meilleures analyses réalistes de la situation au Liban actuellement. Yacoubian va encore dire que Baalbaki est un ami de Feltman 😋

Les extraits les plus marquants :

- « Quel que soit le dysfonctionnement de la démocratie libanaise, nous avons intérêt à voir réussir un pays méditerranéen, doté de libertés civiles relativement fortes, de traditions démocratiques et d'une coexistence multiconfessionnelle. »

- « Le Liban est un lieu de compétition stratégique mondiale… Aussi frustrant et compliqué que le pays puisse être, nous devons jouer le jeu à long terme et ne pas permettre à l’Iran, à la Syrie, à la Chine ou à la Russie d’exploiter notre absence. »

- « Les investisseurs et les touristes ne reviendront pas en nombre suffisant et prévisible tant que le Hezbollah pourra, sur un coup de tête, entraîner le Liban dans la guerre... Les Libanais eux-mêmes devront choisir la voie menant soit à la pauvreté perpétuelle, soit à la prospérité potentielle, en déterminant s'ils vont continuer à accepter la mauvaise gouvernance, combinée au veto du Hezbollah sur les décisions gouvernementales. »

- « Avec les bonnes personnes et les bonnes politiques en place, un nouveau gouvernement libanais pourrait enfin mettre en œuvre des réformes… longtemps promises, jamais tenues et maintenant exigées par la population, pour assainir les finances du Liban et promouvoir la croissance économique… Choyer le Hezbollah et poursuivre le copinage et la corruption, conduira toujours vers le bas, tandis que la réforme, la responsabilisation, la transparence et le recours aux institutions nationales au lieu du Hezbollah peuvent attirer le type de soutien nécessaire pour aboutir à une meilleure destination, les États-Unis et d'autres pays offrant soutien et partenariat. Tel devrait être notre message. »

- « A long terme, les intérêts des États-Unis au Liban seraient mieux protégés par ce que le peuple libanais indique vouloir : un Liban prospère, démocratique, indépendant, pleinement souverain et pacifique, tributaire (y compris pour la sécurité) d'institutions gouvernementales efficaces et transparentes soumises à la responsabilité publique. »

*

J’ai tout lu et tout écouté, j’ai beau cherché, je n’ai rien trouvé dans l’audience de Jeffrey Feltman devant le Congrès américain, qui puisse offenser, à part des propos qui ne peuvent déranger que les oreilles sensibles des compatriotes « hezbollahi-compatibles » et les « idiots utiles » du parti milicien chiite dans ma patrie. La vidéo de l’ex-journaliste du Futur ne relève pas de la politique de l’autruche comme certains pourraient le penser. La députée de Beyrouth est pro-Hezbollah et elle ne s’en cache pas. En surfant sur la vague révolutionnaire, sans jamais oser dénoncer « l’anomalie » que constitue la situation du parti-milicien au Liban, qui empêche l’édification d’un double État/état de droit au pays du Cèdre, elle apparait beaucoup plus qu’une tartuffe. Paula Yacoubian est en passe de devenir une imposteure de la Révolution libanaise.

A tous les Paula Yacoubian de notre pays, nous disons, vous avez votre Révolution et nous avons la nôtre. Dans le nouveau Liban que nous bâtissons, il n'y a aucune place aux « anomalies » quelles qu'elles soient.
#لكم_ثورتكم_ولنا_ثورتنا


dimanche 24 novembre 2019

La désobéissance civile au Liban : ce n’est pas un moyen de pression efficace contre le pouvoir, c’est un suicide collectif (Art.685)


La désobéissance civile n’est pas un moyen de pression efficace contre le pouvoir. C’est un suicide collectif ! Désolé d’être cru,
بس اذا الششمى موسخة، ما بشخ الواحد تحتو، حتى يغرلوله ياها 🤔
Je combattrai avec toute la puissance de mon verbe, la stupidité, le nihilisme et le suicide d’une frange de révolutionnaires libanais qui ne savent pas vraiment de quoi ils parlent. Ce concept de lutte contre le pouvoir est complètement inadapté au Liban pour diverses raisons, notamment l'individualisme et la violence qui caractérisent la société libanaise, mais aussi parce que notre pays est au bord de la faillite économique et de l'écroulement général. Personnellement, je continuerai à payer toutes mes factures, plus que jamais et malgré toutes mes objections à l'utilisation calamiteuse et au gaspillage de l'argent public ! Je dis non, non et trois fois non à la désobéissance civile. On améliore un système qui ne marche pas bien, on ne le sabote pas.

Non mais il faut redescendre sur Terre. Le pays est paralysé depuis 38 jours. Tous les prix ont augmenté. Beaucoup de nos compatriotes sont au chômage technique. Certains ont été licenciés. D’autres ne sont plus payés. Des entreprises délocalisent leurs bureaux loin du Liban. Les hôpitaux manquent de médicaments. L’essence se vend au compte-goutte. L’aéroport Rafic Hariri est vide. Il faut le voir, c'est effrayant! Les banques ont fermé leurs portes plusieurs semaines. Personne ne peut disposer de son argent, même pour payer des factures à l’étranger. Nous ne pouvons tout simplement pas nous offrir le luxe de la désobéissance civile, qui de surcroit est inadaptée au Liban et inefficace contre le pouvoir !

Notre pays doit reprendre illico presto une activité normale, sur les plans économique et administratif. Comme moyens de pressions efficaces, nous devons mettre tout notre poids et concentrer toute la pression des prochaines actions et manifestations autour des sièges de la présidence de la République, du Conseil des ministres, du Parlement et des permanences-maisons des députés libanais, et nulle part ailleurs.

Dorénavant, notre objectif doit consister à perturber et à paralyser toutes les activités politiques au Liban, sans toucher aux activités économiques et administratifs, jusqu’à la tenue des consultations parlementaires par le président de la République, la nomination d’un nouveau Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement convenable. Je propose même dans une pétition en ligne, de pousser les députés à la démission, qui au passage constitue le seul moyen constitutionnel de provoquer des élections législatives anticipées, partielles au moins. Faut pas rêver, on ne pourra pas dissoudre l'assemblée nationale, la Constitution ne le permet pas dans les conditions actuelles.

Tout ce qui en dehors de ça, n'est que palabres, mensonges et délires, qui creuseront la tombe du #Liban.
#لبنان_ينتفض #عصيان_مدني #كفى_سطلنة


vendredi 22 novembre 2019

Peuple libanais: si nous voulons des élections législatives anticipées et un gouvernement technocrate efficace au Liban, demandons aux 128 députés de démissionner! Sortie de crise, les plans révolutionnaires respectant la Constitution. Signez la pétition (Art.684)


A moins de trois mois du nouvel an de la première décennie du nouveau centenaire de la naissance du Grand Liban, le destin a donné au peuple libanais une chance pour sauver sa patrie du précipice. Nous l’avons saisi avec bravoure. C’est dire si nous n’avons pas droit à l’erreur. Peuple libanais, chers compatriotes, si nous voulons un gouvernement technocrate efficace et des élections législatives anticipées au #Liban, il n'y a qu'un moyen, pousser les 128 députés à la démission! Sortie de crise, les plans révolutionnaires qui respectent la Constitution. Signez la pétition.

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En un peu plus d’un mois, la révolution du 17 octobre, qui a pris pour témoins la mosquée Mohammad el-Amine et la cathédrale Saint-Georges, a insufflé de l’espoir dans les esprits les plus sceptiques. Elle a fait tomber un gouvernement qui a brillé par son incompétence et a fait vaciller le règne d’un président de parlement qui cuisine les lois comme un chef depuis deux générations. Et pourtant, elle reste désarmer face à un président de la République enfermé dans sa tour d’ivoire avec la clé de sortie de la crise. Alors que faire ? Pas le choix, augmenter la pression via ces deux plans 😊

► Plan A, la voie conventionnelle de la formation d’un gouvernement (techno-politique pour certains, technocrate pour d’autres), je l’ai déjà développé à J+3, en introduisant deux idées révolutionnaires :
• le choix des ministres technocrates, apolitiques et compétentes, via des consultations citoyennes et un référendum populaire réalisés par le ministère de l’Intérieur et ouverts à tous les électeurs libanais (du Liban et de l’étranger) ;
• l’attribution des ministères par tirage au sort, ce qui éliminera une grande partie des tractations politiciennes.

Partant du principe que le pays doit reprendre illico presto une activité normale, nous devons mettre tout notre poids et concentrer toute la pression des prochaines manifestations autour des sièges de la présidence de la République, du Conseil des ministres et du Parlement, et nulle part ailleurs. Dorénavant, notre objectif doit consister à perturber et à paralyser toutes les activités politiques au Liban, sans toucher aux activités économiques, jusqu’à la tenue des consultations parlementaires par le président de la République, la nomination d’un nouveau Premier ministre et la formation d’un nouveau gouvernement convenable.

► Plan B, c’est la voie non conventionnelle des élections législatives anticipées, pour changer le paysage politique libanais rapidement. Mais l'ennui c’est qu’elle nécessite la dissolution de l’assemblée nationale. Cela pose trois problèmes constitutionnels : c’est une prérogative présidentielle, donc elle dépend de Michel Aoun qui est réfugié dans sa tour d’ivoire avec la clé ; la dissolution doit être approuvée par le Conseil des ministres qui ne pourra pas le faire puisqu’il expédie actuellement les affaires courantes ; elle est conditionnée notamment par l’absence de réunions, sauf en raison de force majeur, ce qui est le cas aujourd’hui.

• Ainsi, la seule façon d’imposer des élections législatives anticipées au Liban aujourd’hui, c’est de pousser les députés à la démission !

L’idée est de lancer cette pétition, une campagne et des actions flash-mobs visant les députés, pour obtenir la démission massive du plus grand nombre de parlementaires. Nous verrons quels sont les représentants de la nation désintéressés, qui sont prêts à abandonner leur siège ainsi que leurs juteux salaires et avantages en $, dans l’intérêt général de la patrie, pour s’engager dans une nouvelle bataille électorale et prouver leur popularité, et quels sont les autruches, les tartuffes et les imposteurs de la Révolution.

Ayons désormais un seul mot d’ordre : démission des députés. Imaginons que le modus operandi, pétition-campagne-flashmobs, recueille et fédère en quelques jours plusieurs centaines de milliers de Libanais. Avec une telle pression, il sera difficile pour beaucoup de députés de rester attacher à leurs sièges. Allons plus loin et imaginons qu’on arrive à obtenir la démission d’une quarantaine de parlementaires, une cinquantaine ou même une soixantaine, on pourra dans moins de deux mois (délai fixé par la Constitution!), organiser des élections législatives partielles permettant le renouvellement entre le tiers et la moitié du Parlement libanais sans avoir à attendre 2022, grâce à une ruse et un piège politiques. Et sous quelle loi électorale ? Celle en vigueur. Non mais de quoi avons-nous peur, nous étions deux millions dans la rue n'est-ce pas ?

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C’est cela la révolution. « Soyons réalistes, demandons l’impossible », l'exécution des plans A et B simultanément 🤺

Vive la Révolution,
Vive la République,
Vive le Liban


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