jeudi 21 novembre 2019

Allocution du président de la République libanaise Michel Aoun : "Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses, une seule est nécessaire", organiser des consultations parlementaires (Art.683)


Voici les principaux points abordés par le président de la République libanaise dans son allocution ce soir 🇱🇧
- Formation du nouveau gouvernement. « Les contradictions de la politique libanaise nous impose de patienter un peu afin d’anticiper les dangers ». Cette déclaration est peut-être justifiée sur le plan politique, mais elle n’a aucune valeur constitutionnelle. La formation du nouveau gouvernement est codifiée dans la Constitution. Pire encore, la décision de Michel Aoun de ne pas organiser des consultations parlementaires contraignantes pour désigner un nouveau Premier ministre, est une violation de l'esprit de la Constitution libanaise, indépendamment du fait que celle-ci ne fixe pas de délai pour cela.
- Les deals internationaux concernant la région : hors sujet (HS).
- Corruption, récupération de l’argent volé, poursuite des corrompus : palabres, 2aret 7aké, HS.
- Juges. « Vous devez respecter votre serment », qu’il fasse de même ! « La victoire sur la corruption dépend de votre courage et votre intégrité », et des siens aussi 😋
- Economie. Nous devons soutenir l’agriculture, l’industrie, le secteur technologique, gaz : HS
- Occupation israélienne : HS.
- Reboisement du Liban après les incendies : j’applaudis, je saute de joie, je siffle, je l'embrasse sur le front, je bois à sa santé et je dis bravo, mais HS.
- Retraite pour tous : fantastique, mais rien à faire, HS.
- Abolition du confessionnalisme : alors là, c'est la mascarade de toutes les mascarades. APRÈS la dissolution de la milice communautaire du Hezbollah et l’abandon de son projet islamiste dans son manifeste et ses livres, on peut commencer à y réfléchir. Avant, il ne faut pas rêver, HS sur toute la ligne.
- Aux militaires : protégez la liberté d'expression des citoyens protestataires et ouvrez les routes à la libre circulation, c'est bien, mais toujours HS.
- Aux Libanais notamment les jeunes : « La libération de la parole dans la rue est un des plus grands dangers qui menacent la patrie et la société ». Autre mascarade ! Peut-être bien en temps normal et en Scandinavie, mais surement pas en ce moment et au Liban. Le plus grand des dangers pour notre patrie et les patriotes du pays du Cèdre c'est incontestablement la violation de la Constitution par celui qui a « prêté serment de fidélité, devant le Parlement et à la nation libanaise », en jurant par Dieu tout-puissant « d’observer la Constitution et les lois du peuple libanais ».

« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. » Paroles de Jésus de Nazareth. Michel Aoun continue sa politique de l’autruche comme si de rien n’était. Et pourtant, une seule chose lui est demandée par l’article 53 de la Constitution à cet instant précis de la crise et de notre Histoire : « Le Président de la République nomme le Chef du gouvernement désigné, après consultation du Président de la Chambre des députés, sur la base de consultations parlementaires impératives dont il l’informe officiellement des résultats. » Il aurait pu saisir la Fête de l'Indépendance pour annoncer la bonne nouvelle aux Libanais. Mais non, la vie serait trop belle. Michel Aoun préfère s'enfermer dans sa tour d’ivoire depuis trois semaines ! Il avait un rendez-vous avec l'Histoire. Il vient de cracher dessus. Le malheur des Libanais de ma génération c'est que l’histoire se répète, comme en 1988, au moins en partie. Nous devons conjurer le mauvais sort, trouver une sortie de crise réaliste, sans porter atteinte à la Constitution et sans précipiter le Liban dans le précipice ! Chers compatriotes, كللو هادي على صوص ونقطة, il va falloir que nous soyons responsables mais aussi inventifs 🤔

© 2011-2020 Bakhos Baalbaki