jeudi 9 juillet 2020

La subvention par le gouvernement libanais de 300 produits de consommation et matières premières agricoles et industrielles, un pas de plus sur la route du Zimbabwe (Art.817)


C’est un pas de plus sur la route du Zimbabwe et son billet mythique. Le gouvernement libanais a décidé d’obliger la Banque centrale à subventionner plus de 300 produits de consommation et matières premières agricoles et industrielles. « L'objectif est de couvrir 80% de ce que les citoyens consomment dans les magasins », nous dit le ministre de l’Economie, Raoul Nehmé, de haut de sa tour d’ivoire après avoir fumé une bonne partie de sa moquette. Quand on parcourt la liste qu'il a publiée, on se rend compte que ce qu'il a dit est le comble de la niaiserie. A défaut de prendre le contrôle du secteur bancaire, on dirait que Hassann Diab et ses parrains, le quatuor infernal Aoun-Bassil-Berri-Nasrallah, est déterminé à le couler et à gaspiller encore et toujours un peu plus des dépôts des Libanais ! Voici la nouvelle mesure stupide d’un gouvernement qui brille par son incompétence.

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1. La liste des produits subventionnés publiée par le ministère de l’Économie laisse beaucoup à désirer.
. Si la subvention de l’huile d’olive, des haricots secs et des fèves, du thon et des sardines en conserve, de l’ail et des oignons, du zaatar et du sumac, qui font partie de la base de notre alimentation, se justifie pleinement, personne n'a compris pourquoi le hommous (pois chiche), qui est le pilier de la gastronomie libanaise, ne figure pas sur cette liste ! Pour laisser à Israël la paternité de ce délicieux mets peut-être ? Ce gouvernement nase veut subventionner les noix de cajou et les hot-dogs, mais pas le hommous, comprenne qui pourra.
. Comment subventionner efficacement les viandes importées et les poissons frais avec des prix actuels allant jusqu’à 50 000 et 75 000 LL ?
. Est-ce indispensable de subventionner sel, sucre, huile de palme, huile de tournesol, huile de maïs, fromages pasteurisés, mortadelle, corned-beef, dattes, raisins/abricots/cranberries secs, gingembre, moutarde, les jus concentrés d’oranges / ananas / pommes / grenades / cocktails, l’aspartame, ainsi que les colorants, exhausteurs de goût et conservateurs ?
. Et allez comprendre par quoi la subvention des noix du Brésil, noix de macadamia, café instantané, lait concentré sucré, champignons en boite, moutarde, acide citrique, chips, dentifrices, gants, lames de rasage, piles et insecticides se justifie-t-elle, en tant que produits de « première nécessité » qui composent 80% du panier libanais ?

2. Allez expliquer à ces amateurs parachutés ministres et à leur chef narcissique, qu'on ne peut pas remplir les tonneaux des Danaïdes, tant que ces fichus tonneaux sont troués. En d'autres termes, tant que les frontières du Liban, entrées et sorties, ne sont pas contrôlées d’une main de fer par les forces armées libanaises, toute subvention de quelle que nature que ce soit est inefficace. L’Etat libanais doit d’abord étendre sa souveraineté à l’aéroport et aux ports, ainsi qu’à la frontière syro-libanaise, actuellement sous l’emprise du Hezbollah, pour éviter le trafic des produits subventionnés. Non mais, comment peut-on par exemple subventionner les engrais, les pesticides, les produits améliorant le sol et les médicaments vétérinaires, sans imaginer un trafic avec la Syrie, pays agricole et d’élevage, en ruine, comme c’est le cas avec les produits céréaliers et les hydrocarbures, qui nous a couté jusqu’à présent des centaines de millions de dollars ?

3. La subvention indirecte des produits, en vendant des dollars à un prix préférentiel fixe aux importateurs, fabricants et transformateurs (sur la base de 1$ = 3 900 LL, alors que sur le terrain le dollar dépasse les 9 000 LL), l’Etat libanais aide d’abord les entrepreneurs et non les consommateurs, nuance. Avec des contrôles insuffisants, rien, absolument rien, ne permet de garantir la baisse du prix final à la caisse des grandes surfaces.

4. Ce genre de subventions ne fait pas de distinction entre les consommateurs, la classe riche et aisée, qui peut acheter les produits sans subvention, et les classes moyennes et pauvres, qui a réellement besoin de ces subventions.

5. Quant à la subvention des produits allants de l’huile de palme hydrogénée au sel tétrasodium d’éthylènediaminetétraacétique (C10H12N2Na4O8 pour les curieux), en passant par la gomme xanthane, la soude caustique, les huiles minérales, le glucono-delta-lactone, les pâtes chimiques des conifères, les polymères, les plastiques, les rouleaux, les papiers, les plaques, les cartons, et j’en passe et des meilleurs, visant en théorie à aider les industriels et les professionnels au Liban, non mais qui va contrôler cela au pays des magouilles, alors que ce gouvernement n’est même pas fichu de dégraisser le mammouth, renvoyer chez leurs protecteurs politiques, les milliers de fonctionnaires fictifs attestés par des commissions d’enquête depuis des années ?

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Cette liste de subventions coutera aux finances publiques entre 1,5 et 2 milliards de dollars par an. C'est l'équivalent de la moitié de nos produits importés jadis ! Celles-ci seront financées par des prélèvements sur les transferts d'argent vers le Liban via les sociétés type Western Union et OMT. C'est beaucoup d'argent, pour une efficacité douteuse. Rien ne garantit que les deux milliards de dollars de subventions aideront les consommateurs et les professionnels libanais de la manière la plus efficace. Dans les conditions actuelles, ces subventions ne feront que dilapider les réserves en dollars de la Banque centrale, donc des banques privées, donc des déposants. Il faut remplacer ces subventions par des cartes de paiement et des bons d’achat ciblés, réservés aux familles et aux professionnels qui sont réellement dans le besoin, concernant des produits vraiment de première nécessité, le hommous en tête. Et pour une meilleure efficacité, ce gouvernement incompétent ferait mieux d'envisage au plus vite des moyens de contrôle sur les fraudeurs, les ports, l’aéroport et la frontière syro-libanaise. Et s'ils en sont incapables, qu’ils partent !


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