1 $ = 7 000 LL, qui l'aurait cru ? C'est après une interminable journée. Et ce n'est pas fini. Les commerces ont fermé leurs portes précipitamment, ne pouvant plus faire face à la hausse continue du taux de change. Des routes ont été coupées et des émeutes ont éclaté au cours de la soirée aux quatre coins du #Liban. Et ce n'est pas fini non plus. Tout indique que nous nous engageons dans une nuit polaire. Les jours ensoleillés, ce n'est certainement pas pour demain. La relation de cause à effet est évidente, mais qu’on ne s’y trompe pas, une révolution peut en cacher une autre.
► D’un côté, on retrouve des Libanais en colère. Ils s’appauvrissent à vue d’œil pendant que leur narcissique Premier ministre s’enorgueillit d’avoir réalisé 97% de son programme en 100 jours. Des compatriotes écœurés par des dirigeants éhontés, ! ما معقول شو وقحين , qui continuent à faire du Liban une République bananière comme si le soulèvement du 17 octobre n'a jamais existé. Et ce ne sont pas les raisons de l'être qui manquent.
• Le soi-disant gouvernement de technocrates qu’ils ont formé a partagé les postes vacants entre les "fromagistes" comme disait le général Fouad Chehab, des ex-8Mars, sans honte et sans scrupules, notamment ceux concernant le secteur bancaire et financier, huit mois à peine après la révolte de la population libanaise, allant jusqu’à avancer la date de la réunion du Conseil des ministres afin de pouvoir nommer un physiothérapeute de formation svp à la tête du ministère de l’Economie d'un pays endetté à hauteur de 100 milliards de dollars, avant qu’il ne soit exclu par la limite d’âge. Merci qui ? Merci Nabih Berri qui considère la présidence du Parlement et le ministère des Finances comme ses chasse-gardées, ملك بييو , depuis 28 ans pour la première.
• Un gouvernement incapable de s’opposer à la magouille financière de la construction inutile d’une centrale électrique à Selaata/Batroun, qui nécessite rien que pour les expropriations, plus de 200 millions de dollars, en pleine crise économique et mendicité auprès du FMI. Merci qui ? Merci Gebrane Bassil, Don Quichotte de la République libanaise, qui considère le ministère de l'Energie comme sa chasse gardée, ملك بييو , depuis 12 ans déjà, contrôlant un secteur électrique responsable d'un gaspillage de 45 milliards de dollars, l'équivalent de la moitié de notre dette abyssale.
• Un gouvernement encore, toujours et plus que jamais incapable de combler les postes judiciaires vacants pour rendre la justice libanaise forte et indépendante, afin de juger les politiciens corrompus et restituer les fonds volés au peuple libanais depuis la nuit des temps. Merci qui ? Merci Michel Aoun qui affirme être "le parapluie protecteur des juges face aux pressions politiques", tout en refusant de signer le décret des nominations élaborées tant bien que mal par le Conseil supérieur de la magistrature.
• Un gouvernement incapable de contrôler le marché illégal de change alors que le dollar bat tous les records et incapable de contrôler la frontière syro-libanaise alors que le trafic dollars-fuel-farine avec la Syrie fait saigner à blanc les finances du Liban. Merci qui ? Merci Hassan Nasrallah, de facto Guide suprême de la République libanaise, qui oeuvre sans relâche pour aligner Beyrouth sur l'axe Téhéran-Damas.
Et certains s'étonnent que les Libanais sont de nouveau dans la rue ! Cette révolution est déterminée à faire tomber le gouvernement fantoche hezbollahi-compatible de Hassann Diab.
► D’un autre côté, c'est toute une autre révolution qui vient parasiter la précédente. Et là on assiste à un énième round organisé par le parti-milicien du Hezbollah, pour contrôler le secteur bancaire privé au Liban, et par le Courant patriotique libre, son fidèle allié, pour mettre la main sur la Banque centrale.
A moins d’une semaine de l’entrée en vigueur des nouvelles sanctions américaines, la loi César (du pseudo d'un ex-photographe militaire ayant fui la Syrie avec 45 000 clichés concernant 11 000 prisonniers syriens, torturés, affamés et mis à mort par le régime syrien entre 2011 et 2013), contre les individus et les entreprises qui collaborent avec la tyrannie de Bachar el-Assad (tant que les auteurs de ces crimes contre l'humanité en Syrie ne sont pas traduits devant la justice), il est urgent pour le trio/quatuor Aoun/Bassil-Berri-Nasrallah de contrôler le secteur financier libanais, surtout que les sanctions à l’avenir pourraient toucher tout soutien au Hezb (une organisation terroriste pour les pays arabes et occidentaux), Berri et Bassil compris, ce qui obligerait ces leaders fortunés d'abandonner le dollar américain et de revenir à la livre libanaise ou de passer dans la clandestinité financière.
Pour cette révolution, tant que les signaux des négociations avec le FMI sont positifs, l’heure n’est pas venue ni pour se débarrasser du narcissique en chef, Hassann Diab, ni pour sortir l'ami personnel de Bachar el-Assad du chapeau l'illusionniste de Dahyé, Najib Mikati, ni pour faire les yeux doux aux frères Hariri, Saad et Bahaa. Pour l'instant, c’est plutôt le moment opportun pour écarter Riad Salamé et mieux contrôler tous les dépôts bancaires du pays du Cèdre, des Libanais comme de la Banque du Liban, avec l'aide précieuse des imbéciles heureux et des idiots utiles, qui croient bêtement faire la révolution et écrire une page glorieuse de l'histoire en tenant cette dernière pour leur bouc-émissaire.
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A laquelle des deux révolutions appartiennent les révolutionnaires de la rue, des salons et des réseaux sociaux ? Tendez l'oreille pour le savoir. Hassann Diab ou Riad Salamé, le gouvernement ou le gouverneur, Aoun/Bassil-Diab-Berri ou Audi-Blom-Byblos, problème économique ou confessionnel ? En vérité, je vous le dis, c'est à leurs cris que vous les reconnaitrez ! Méfiez-nous des imposteurs et ne nous trompons pas d'objectifs. Résistons encore, au moins jusqu'à l'entrée en vigueur des nouvelles sanctions contre la Syrie et ses vassaux, et le durcissement des anciennes sanctions contre l'Iran et ses vassaux, deux pays au ban des nations vers lesquels veulent nous conduire le Hezbollah et ses alliés. Après cela, chaque chose en son temps. Et n'oublions pas, face à ce pouvoir temporel, le Liban est éternel 🇱🇧