🇱🇧 Quel rapport entre ces gracieuses femmes peintes par John William Waterhouse en 1903 et la situation financière du Liban en 2020 ? Faites défiler la peinture vous découvrirez à quel point ce tableau résume à merveille le calvaire que nous vivons actuellement dans notre bien-aimé pays. Nous y reviendrons avec plus de détails, voyons d'abord le contexte. Après l’envolée délirante du dollar américain, passant de 1 500 LL à 5 000 LL et jusqu’à 7 000 livres libanaises, en quelques mois, c'est le branlebas de combat au plus haut sommet de l’État qui a donné beaucoup d'espoir aux Libanais. Nous avons osé espérer qu'aux grands maux les grands remèdes ! Sauf qu’au Liban, nos dirigeants font tout à l'envers. Ils ne sont même pas bons à rien, ils sont mauvais à tout.
Pour remédier à la situation financière alarmante du pays, le pouvoir officiel, le trio Aoun-Diab-Berri pour être précis, et le pouvoir officieux, le duo Bassil-Nasrallah, a imposé au gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, d’injecter des milliers de milliers de dollars sur le marché à partir de lundi ! Il ne faut pas être triplement diplômés du MIT, de HEC et d’Oxford pour comprendre que cette décision irresponsable est d’une stupidité inqualifiable. C'est un véritable crime contre le peuple libanais qui est commis avec préméditation.
• Primo, parce que les politicards libanais ne veulent jamais puiser dans leurs comptes bancaires personnels et dans les fonds volés par la classe politique corrompue. Encore une fois et comme toujours, ils piochent dans les réserves financières de la Banque du Liban, donc dans celles des banques privées. Il n'y aura donc aucun mystère, c'est de l'argent des Libanais dont il sera question.
• Secundo, parce que le trio officiel et le duo officieux ne font rien pour ramener la confiance au Liban, comme l’ont prouvé la mascarade des nominations des hauts fonctionnaires répartis entre les fromagistes des ex-8Mars (même Frangié négociait sa part sous la table !), la non-promulgation des nominations judiciaires et le renvoi des projets de lois anti-corruption (notamment sur l’indépendance de la justice, la levée des secrets bancaires sur les transactions financières individuelles et familiales, et la récupération des fonds volés) aux calendes grecques.
Pire encore, ils font tout ce qui est possible et imaginable pour que les Libanais perdre confiance dans l’avenir de leur pays. Allocution après allocution, comme celle prononcée aujourd'hui même, le Premier ministre Hassann Diab prouve non seulement qu'il est un grand narcissique imbu de lui-même et don quichotte à ses heures perdues (ex-aequo de GebB), mais qu'il est aussi entièrement soumis au diktat de ceux qui l'ont installé au Grand Sérail, Hassan Nasrallah et Gebrane Bassil. Cela est confirmé entre autres par son volte-face sur la construction inutile de la centrale de Selaata/Batroun (refusée, puis acceptée sous la menace de ce dernier de retirer ses ministres, alors que ça coutera plus de 200 millions $ rien que pour les expropriations !) et son mutisme sur le saccage organisé des commerces du centre-ville de Beyrouth par la horde de motocyclistes à la solde du duo chiite Hezb-Amal, qui n'a même pas sorti les ministres de l'Intérieur et de la Justice de leur sommeil, soit dit au passage.
Pour ce qui est de la hausse du dollar précisément, les dirigeants libanais ne s’attaquent pas aux racines du mal : les bureaux de change illégaux des fiefs du Hezbollah (qui contrôlent sur le terrain le taux de change), l’hégémonie du parti-milicien chiite sur le port et l’aéroport de Beyrouth, les milliers d’emplois fictifs dans l’administration, l’hémorragie des finances publiques sur le secteur électrique (responsables de la moitié de la dette abyssale de 90 milliards de dollars) et j’en passe et des meilleures.
• Tertio, parce que c’est un secret de Polichinelle, les dollars américains du Liban partent massivement en Syrie, avec la complicité du pouvoir libanais, pour sauver le régime syrien de l'effondrement économique. C'est que le taux de change à Damas connait lui aussi une hausse vertigineuse, bien pire que la nôtre. Le billet vert valait 46 livres syriennes la veille de la révolte en mars 2011. Il est passé progressivement, au fur et à mesure du triomphe en trompe-l'oeil de Bachar el-Assad, à 1 030 LS en janvier 2020. Il a continué son ascension à 1 800 LS il y a quelques semaines et à 3 200 LS la veille de l’entrée en vigueur des lourdes sanctions américaines contre le régime criminel syrien, la loi César. La Syrie est aujourd’hui un gouffre pour les dollars libanais et un paradis pour les spéculateurs sans scrupules ni vergogne des deux pays.
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Parlons peu, parlons bien. Le quintet infernal, Aoun-Bassil-Diab-Berri-Nasrallah, s’imagine freiner la hausse du dollar au Liban en injectant les dernières réserves en dollars des Libanais sur le marché économique et financier. C'est d’un amateurisme affligeant qui ferait dire à certains qu’il serait judicieux de placer le Liban sous la tutelle de l’ONU ! Au train où vont les choses, et si nous ne révoltons pas !, nous aurons bientôt des chiffres sur les relevés bancaires qui ne correspondront à rien, comme ce billet de cent mille milliards de dollars du Zimbabwe qui me sert de photo de couverture. Nous connaitrons une inflation à un million pour cent comme le Venezuela. Le tout par la faute d’une classe dirigeante incompétente qui devrait démissionner sur le champ et raser les murs, en attendant le jugement dernier. Aux grands maux les petits remèdes, la fuite en avant et la politique de l’autruche. Tout est décidé en dépit du bon sens par ces cinq personnes. Si nous ne protestons pas tout de suite, le pire est à venir, ça ne peut qu’empirer.
On peut injecter tous les dollars des États-Unis d’Amérique au Liban, nous n’échapperons pas à notre destin. Nous serons comme les cinquante filles du roi Danaos dans la mythologie grecque, qui ont été contraintes de remplir un tonneau pour expier leur pêché, d'avoir tué leurs époux la nuit de leur noce, les quarante-neuf fils du roi Égyptos, leurs cousins, qui projetaient de les tuer. C'est l’histoire d’une famille compliquée avec une morale, cela ne servira absolument à rien, nous resterons aux Enfers comme les Danaïdes, condamnées jusqu’à la fin des temps à remplir un tonneau troué. Revenons sur Terre, notre dollar continuera son ascension vertigineuse car rien n’est fait pour résoudre le problème à la racine, comme évoqué précédemment. Mais pourquoi diable avons-nous deux monnaies déjà ? Oh, c’est une longue histoire. Personne n'aimerait se rappeler quand tout avait commencé.
Le quintet au pouvoir en général, Hassann Diab et ses ministres en particulier, ont perdu toute crédibilité aux yeux d'une grande partie des Libanais. Ils doivent démissionner ou corriger le tir sans plus tarder. Pour les placer sous pression, nous devons manifester massivement et sans relâche dans la rue et sur les réseaux sociaux demain, dimanche et les jours suivants, notre opposition à la mesure stupide qu’ils ont prise, « l’injection » des dernières réserves du peuple libanais dans le tonneau troué des économies du Liban, et d'une Syrie en ruine, c'est un comble ! Pour commencer, nous devons crier haut et fort et réclamer à cor et à cri la fermeture hermétique sur le champ des passages illégaux entre les deux pays et le contrôle d’une main de fer de la frontière syro-libanaise, enfin !, afin d'interdir jusqu'à nouvel ordre la sortie des dollars américains du Liban vers la Syrie.