vendredi 3 janvier 2020

L'assassinat ciblé de Qassem Soleimani par les Etats-Unis est une action disproportionnée et irréfléchie qui aura des répercussions catastrophiques sur le Moyen-Orient (Art.704)


Qassem #Soleimani faisait partie des rares généraux qui était admiré au plus haut degré et craint au plus haut point. Depuis 1998, il dirigeait la Force al-Qods, une unité militaire iranienne appartenant au Corps des Gardiens de la Révolution islamique, chargée des opérations extraterritoriales.

C’était en quelque sorte le maitre d’œuvre du « croissant chiite », une expression chère à ses ennemis jurés, les dirigeants sunnites de l’Arabie Saoudite. Aux ordres du Guide suprême de la République islamique d’Iran, il a veillé méticuleusement à l’extension de la sphère d’influence chiite iranienne au Moyen-Orient en assurant au « califat chiite » une continuité territoriale, de l’Iran au Yémen, en passant par l’Irak, la Syrie et le Liban.

Qassem Soleimani était de toutes les batailles de l’Iran au Moyen-Orient. Toutes victorieuses, il faut l'avouer ! C'est ce qui lui vaut d'être vénéré comme un héros invincible. On peut le mépriser, mais pas le dédaigner. La guerre Iran-Irak, la guerre d’Irak, la guerre civile en Syrie et la guerre au Yémen. Grâce à lui, l’Iran à imposer sa loi aux quatre coins de la région.

Il connaissait bien le Liban, pour y avoir effectué plusieurs voyages et même un long séjour en pleine guerre de Juillet entre le Hezbollah et Israël (2006). Et puisque de l’aveu même des dirigeants du parti-milicien chiite libanais, c’est el-wali el-fakih iranien, Ali Khamenei, qui décide des questions stratégiques liées aux communautés chiites, Qassem Soleimani a sans doute participé directement et indirectement aux événements majeurs survenus au pays du Cèdre et ayant impliqué le Hezbollah, surtout après sa nomination à la tête de faïlak el-qods en 1998. C'est ce qui lui vaut d'être considéré comme un terroriste par certains.

C’est pour dire, la mort de Qassem Soleimani au cours d’une frappe américaine en Irak hier est une perte incommensurable pour l’Iran. Elle unifiera les communautés chiites -iranienne, irakienne et libanaise notamment- contre l'agression américaine. Les Américains l’ont tué en connaissance de cause, sur un ordre de Donald Trump. Ils présentent leur action militaire comme une réaction des États-Unis à la prise d'assaut et l'incendie de l’ambassade américaine à Bagdad par une foule en colère qui n'a pas fait de morts côté américain, et qui faisait suite à des raids américains effectués dimanche dernier visant la milice chiite de la Mobilisation populaire à la frontière syrienne, ayant fait 25 morts côté irakien.

L'assassinat ciblé de Qassem Soleimani par les Américains est d'une manière incontestable une action disproportionnée, irréfléchie et irresponsable. Elle aura des répercussions catastrophiques sur le Moyen-Orient. Le président américain devra en assumer toutes les conséquences.

Après l’invasion américaine de l’Irak par George W. Bush en 2003, qui a plongé le Moyen-Orient dans un chaos duquel nous ne sommes pas encore sortis, nous nous trouvons ce matin face à la décision présidentielle la plus stupide jamais prise par les États-Unis, qui prolongera le chaos dans la région pour les prochaines décennies. D’ores et déjà, au niveau local, on peut dire adieu aux gentils technocrates de Hassan Diab au Liban. La situation va certainement empirer au pays du Cèdre. Le nouveau gouvernement libanais sera clairement pro-iranien et anti-américain. Toute la région, de l'Irak au Yémen, risque de s'embraser. La confrontation générale des Etats-Unis et de l'Iran est déclarée. C'est un jeu de drones pour les premiers, une guerre existentielle pour le second. Tout cela par la faute du bouffon de la Maison Blanche. Un désastre nommé Donald Trump.


© 2011-2020 Bakhos Baalbaki