dimanche 12 janvier 2020

Le Liban perd son droit de vote à l'ONU pour non-paiement de sa cotisation annuelle sur deux ans (Art.709)


Nous avons appris avec stupéfaction cette semaine que le #Liban a perdu son droit de vote à l’ONU à cause du non-paiement de notre cotisation annuelle, soit 1 310 466 $. Le pays fondateur de la plus importante organisation internationale se retrouve comme un observateur démuni. Il y a plus de peur que de mal, puisque la situation sera corrigée dès lundi. Il n’empêche que cet incident relève d’un amateurisme au plus haut niveau de l’Etat qui reflète merveilleusement bien le grand malheur du Liban.

• On a deux responsables directs de la situation, pas trois : le ministre des Affaires étrangères en charge de la gestion de l’adhésion du Liban à l’ONU et le ministre des Finances qui détient les cordons de la bourse. Les deux se renvoient la balle, comme dans une cour de récréation, et s’accusent mutuellement d’en être responsable, comme deux frères ennemis. Gebrane Bassil croit se tirer d’affaire en brandissant une décision portant le n° 43/14 et datant du 6 août 2019. Parfait sauf que rien n’indique qu’elle n’est pas antidatée et qu’elle a été envoyée au ministre des Finances à temps. Ali Hassan Khalil aussi croit se tirer d’affaire en prétendant qu’il n’a reçu l’ordre de paiement que samedi matin. Parfait sauf que c’est pour la deuxième année consécutive que le paiement n’est pas effectué à temps. Pour un pays qui a donné au monde le grand Charles Malek, un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la situation est tragicomique et le déclin est vertigineux.

• Nous avons aussi trois responsables indirects. Primo, le chef du gouvernement, Saad Hariri, en sa qualité de responsable des deux ministres. Oubliez, il est aux abonnés absents, en vacances à Paris ou avec Candice aux Seychelles, il ne se donne même plus la peine d’expédier les affaires courantes, en attendant que notre Premier ministre désigné tombe dans l’eau. Alors vas-y professeur Narcisse plonge et qu'on en finisse ! Secundo, il y a le président de la République, Michel Aoun, pour trois raisons : il veille aux intérêts internationaux du Liban, il est le beau-père de GebB (il peut donc le gronder et ne l’a pas fait), il a effectué un voyage controversé au siège de l’ONU (avec une délégation obèse, qui a coûté chère aux contribuables libanais et dont le séjour new yorkais n’avait servi à rien, absolument rien). Tertio, le chef du Parlement Nabih Berri, dont dépend Ali Hassan Khalil (el-estèz aurait dû lui tirer les oreilles pour avoir tiré en l’air au milieu des manifestants afin de se dégager d’un encerclement pacifique en pleine révolution aux abords de la place de l'Etoile il y a quelques semaines). Aucun des trois hauts responsables libanais n’a jugé utile de commenter l’affaire.

• Difficile de savoir, sans une enquête administrative, à qui revient la faute. Qu’importe, il est sûr et certain que ni Bassil ni Khalil, ne l’a fait exprès. Donc, il y a eu forcément négligence, au niveau intermédiaire, d’un haut ou d’un petit fonctionnaire. Ce qui est tout aussi sûr, c’est que les deux ministres Bassil et Khalil se réfugient dans l’irresponsabilité et ne veulent pas être tenus responsables de la situation. Et nous voilà chers compatriotes de nouveau en colère face à cette évidence : une grande partie des problèmes du Liban, après l’incompétence et la corruption, réside dans ces deux mots, négligence et irresponsabilité. Prenez le sujet de mon dernier post, le scandale de l’éclairage public des rues dans la journée, jour après jour, en toutes saisons et aux quatre coins du Liban. Soyez-en sûrs, on ne le fait pas exprès. Mais là aussi, il y a négligence et irresponsabilité. Au fait, l’irresponsabilité aux deux sens du terme : état de quelqu’un qui ne se considère pas responsable de la situation ET caractère de quelqu’un qui agit à la légère. Dans les deux cas, au pays du Cèdre, le fautif se tire d’affaire comme si de rien n’était. Alors pas de doute, si on veut repêcher le Liban et espérer changer les choses, nous devons parvenir à faire sanctionner toute négligence au niveau de l'Etat.


© 2011-2020 Bakhos Baalbaki