lundi 23 mars 2020

Lancement d'une étude européenne par l'INSERM, 3 200 patients, pour trancher le débat sur l'utilité de la chloroquine dans le traitement de l'infection par Covid-19 (Art.757)


C’est un point que j’ai déjà abordé. Mais étant donné la gravité de la situation et les espoirs soulevés par ce médicament, je reviens sur la question. Disons d’emblée, la CHLOROQUINE (nom générique ; Plaquenil étant la marque commercialisée par Sanofi Aventis ; il y en a plein d'autres) n'a aucune autorisation officielle pour être utilisée contre l’infection par Covid-19, à ce jour, c’est utile de le préciser. Dans la littérature scientifique, on trouve des éléments prometteurs autour de cette ancienne molécule antipaludique sur le marché depuis les années 1940 et des éléments négatifs qui imposent la prudence.

Si la situation n'était pas grave, on dirait que la polémique alimentée par les personnes allergiques et intolérants à Emmanuel Macron en France et dans le monde, et par Donald Trump himself, autour d’un professeur Didier Raoult qui détiendrait le médicament-miracle et serait combattu par ses pairs et d'un Emmanuel Macron qui ne voudrait pas que les Français accèdent à un médicament hors-brevet et pas cher, est d’un grotesque ! Didier Raoult fait partie des 11 membres du Conseil scientifique qui conseille le président de la République française.

La choroquine que Didier Raoult et d’autres médecins prescrivent depuis des années contre d’autres maladies (à cause de la "résistance" induite par une utilisation longue et massive, on l'a détourné de son usage contre le paludisme, au profit des maladies auto-immunes, lupus, polyarthrite rhumatoïde, etc.), s’est révélée lors d’études chinoise et française, efficace contre le Covid-19. Le problème c’est que les études chinoises manquent de beaucoup de détails clés pour bien les évaluer par des chercheurs occidentaux indépendants et que l’étude de Didier Raoult ne porte que sur 24 patients.

Et ce n’est pas tout. Alors que depuis des décennies on teste l’efficacité de la chloroquine contre les infections virales, dans la plupart des cas -VIH, Chikungunya, grippe, hépatite C, dengue, entérovirus, Zika, et Ebola- l’antipaludique s’est montré parfois efficace in vitro (en labo), mais pas vraiment in vivo (êtres vivants). De plus, la chloroquine et ses cousines, aux doses thérapeutiques prescrites pourraient avoir des effets secondaires toxiques dans l’organisme. C’est ce qui explique la prudence de la majorité du monde médical et scientifique par rapport à la chloroquine, et non une énième théorie du complot dans le feuilleton Coronavirus ou ces nouvelles et stupides accusations de racisme anti-chinois dans la pandémie en cours.

Il est évident que l'urgence sanitaire ne doit pas conduire à des décisions précipitées qu’on pourrait regretter rapidement, il en va de la santé publique. Pour voir plus clair, une étude scientifique rigoureuse a été lancée dans l’Union européenne dimanche 22 mars et sera coordonnée par l'INSERM, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale en France. Baptisée Discovery, elle inclura 3200 patients atteints par une forme sévère du Covid-19, dont 800 patients français. Elle devra tester l'efficacité et la sécurité de quatre traitements, plusieurs antiviraux (seuls, combinés ou avec une molécule naturelle impliquée dans la défense immunitaire), ainsi que l'hydroxy-cloroquine, par rapport aux « soins standards » de référence. En parallèle, des études seront menées prochainement par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Food and Drug Administration (FDA), qui a tenu à tempérer l’enthousiasme excessive de Donald Trump pour les travaux du professeur Didier Raoult.

Par conséquent, la vente libre de la chloroquine dans les pharmacies au Liban, et sous ordonnance en France et ailleurs dans le monde, n'est pas justifiée pour l'instant. Son efficacité reste à démontrer et ses effets secondaires pourraient être néfastes. Qui en achète et stocke chez lui « au cas où », au même titre que le riz, les chips et les PQ, pourrait mettre en danger sa vie et la vie d’autrui. Non seulement, il faut attendre les résultats des études scientifiques étendues menées par l’INSERM, la FDA et l’OMS, mais comme pour les masques, les stocks s’épuisent, au moment même où cette molécule pourrait être utiles pour les malades et nécessaires pour traiter les formes sévères d’infection par le Covid-19 aux quatre coins du monde. Là aussi, il faut se montrer responsable et avoir le sens civique. Affaire à suivre, les premiers résultats seront connus dans une quinzaine de jours. En attendant, lavage des mains 👐 distanciation sociale 🚻 confinement 🏕 et sourire, ça renforce les défenses immunitaires 😊


© 2011-2020 Bakhos Baalbaki