samedi 7 mars 2020

Non seulement il ne faut pas payer les eurobonds, mais seule la suppression d'un tiers de la dette souveraine sauvera le Liban de la faillite totale (Art.742)


Evidemment qu'il ne faut pas payer les EUROBONDS ! Rembourser un « emprunt en dollar » de 1,2 milliard de valeur, quand un pays est endetté à hauteur de 100 milliards $ (et ne prévoit pour l’année en cours que 9 milliards $ de recettes pour 13 milliards $ de dépenses), revient à payer à peu près 1 000 € pour une Porsche Carrera achetée avec un emprunt de 100 000 € (alors qu’on n’a que 800 €/mois de revenus et 1 200 € de dépenses mensuelles prévues !). Que notre débiteur, État ou particulier, paie ou ne paie pas, ses « Eurobonds » ou sa Porsche, cela ne changera pas sa situation : sa créance dépasse largement ses ressources, sa dette reste abyssale, sa santé financière est morbide.

NON, ce qu'il nous faut ce n'est pas de taxer encore, toujours et lourdement les classes pauvres et moyennes, pour renflouer les caisses vides de l'Etat libanais, à cause d'une gestion désastreuse et du gaspillage de l'argent public par une classe politique incompétente. NON, la solution ne réside ni dans la baisse des taux d’intérêt ni dans l'étalement des échéances ni dans le paiement des seuls intérêts ni dans le remboursement anticipé à un taux avantageux. Ce qu'il nous faut c’est un plan de RESTRUCTURATION DE LA DETTE souveraine libanaise ! Son ampleur vertigineuse, 97 milliards $ soit 162% du PIB dans quelques mois, rendent toutes les options et mesures classiques envisagées par le gouvernement libanais caduques.

Pour sauver le Liban, la dette publique du pays du Cèdre doit être divisée par deux dans l'idéal, ou dans le pire des cas, REDUITE DU TIERS ou du quart de sa valeur. Farfelue ? C’est le coût de la présence prolongée de réfugiés et de déplacés syriens au Liban, depuis 2011, si on se base sur les chiffres avancés par Erdogan il y a quelques jours. Étant donné la défaillance de la communauté internationale au sujet de ces derniers, cet allégement peut être assumé par les pays arabes, européens et américains, ainsi que par l’Iran, la Turquie, la Chine et la Russie, responsables de l’envenimement de la situation en Syrie (participation directe à la guerre ou indirecte via les vétos à l’ONU).

Tout ce qui en dehors de ça, comme les décisions envisagées par le gouvernement hezbollahi-compatibles de Hassann Diab, relève de la politique de l’autruche, de la morphine et des soins intensifs. Si nous ne descendons pas en-dessous du 100% du PIB rapidement, tous nos efforts et nos sacrifices financiers ne serviront absolument à rien, à part retarder l'inéluctable, l'effondrement général. Pas besoin de gaspiller davantage d'argent public sur les conseillers pour le comprendre. Et comble du malheur, notre belle Porsche ne vaut plus qu’une vieille Citroën.


© 2011-2020 Bakhos Baalbaki