mardi 24 mars 2020

L'usage de l'hydroxychloroquine dans l'infection par le Covid-19 : les biais de l'étude clinique du professeur Didier Raoult (Art.760)


Il semble que l’étude clinique du professeur Didier Raoult laisse beaucoup à désirer ! Du choix des patients (âge, stade de l’infection, répartition dans les groupes), au zapping étonnant de l’échec du traitement dans 6 cas (3 patients passés en soins intensifs, 1 patient décédé, 1 patient exclu à cause des effets secondaires et 1 patient qui a quitté l’hôpital car testé négatif), en passant par la taille des groupes (20 patients, dont 6 patients seulement pour le groupe ayant reçu l’antipaludique hydroxychloroquine et un antibiotique), la durée de l’essai (6 jours) et la publication de l’article (dans la revue de l’un des coauteurs).

Tant d’éléments qui biaisent le résultat final et imposent la méfiance et la prudence, en attendant les conclusions d’une étude européenne d’envergure coordonnée par l’INSERM, commencée dimanche, testant 4 protocoles thérapeutiques, trois antiviraux et l’hydroxychloroquine, sur 3 200 patients, dont 800 en France. Les premiers résultats dans deux semaines. De là à conclure que Didier Raoult est un imposteur, il y a un pas qu'il ne faut pas franchir. C’est une ponte, incontestable. Mégalo, probablement. Autoritaire, sûrement. Il vient de suspendre sa participation au Conseil scientifique réuni autour du président de la République française Emmanuel Macron au sujet de la pandémie de Covid-19. Il n’apprécie pas la prudence scientifique face à son étude, biaisée manifestement, de ne pas être écouté comme Esculape, le dieu romain de la médecine, et surtout, que la majorité du Conseil scientifique en France préconise le confinement de la population française pour 6 semaines (jusqu'à début mai), alors que lui-même y est farouchement opposé ! Didier Raoult n'a pas démissionné pour autant. Pas fou le prof.

NB : « Pour l'heure, si la Haute Autorité de Santé (en France) a accepté d'administrer ce traitement (hydroxychloroquine) à certains malades qui présentent des cas graves (Coronavirus), c'est au titre que l'on appelle ‘compassionnel’ c'est à dire sans assurance de l'efficacité du traitement mais à défaut de pouvoir en administrer un autre. »


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