dimanche 22 mars 2020

Pour combattre la pandémie de Covid-19, il faut être bien informé. Et dans ce domaine, il y a encore beaucoup à faire (Art.756)


Pour combattre efficacement la pandémie de Covid-19, il faut être bien informé. D’après ma propre expérience avec mes contacts et l’observation de la masse d’infos qui circulent, j’ai l’impression qu’il y a encore beaucoup à faire.

- Tous les éléments concernant le Coronavirus sont inquiétants, à commencer par les projections épidémiologiques, loin des palabres à la télé et sur les réseaux sociaux. Malgré les incertitudes, elles vont toutes dans le même sens. Si on ne fait rien, et on laisse le Covid-19 circuler, 50% de la population mondiale sera touchée après une ou plusieurs vagues, qui provoquera au final une hécatombe avec une mortalité estimée à 0,5-1%. On aura entre 300 000 et 500 000 morts en France, plus de 510 000 au Royaume Uni et 2,2 millions aux Etats-Unis. Référence, Imperial College London, la meilleure dans ce domaine, une université britannique qui a 14 Prix Nobel ! Il faut diviser ce chiffre par au moins 30, 40 ou 50 pour être en dessous de la grippe saisonnière (un virus que notre système immunitaire connait bien et contre lequel on a un vaccin!), cela donne une idée précise de la situation dramatique que nous vivons avec ce nouveau virus.

- N’importe qui peut attraper le Coronavirus, senior-junior, riche-pauvre, intelligent-abruti. Ce n’est pas une honte d’être diagnostiqué Covid19+.

- La honte c’est d'être négligent et de cacher ses symptômes ou une infection avérée à son entourage, et de ne pas s'isoler, car on risque de contaminer des proches chez qui le Covid-19 peut avoir des conséquences gravissimes.

- Il faut apprendre à repérer la maladie. Le symptôme de l’infection qui est présent dans pratiquement tous les cas symptomatiques est la fièvre (88%). Il est suivi par une toux sèche (68%). Les patients se plaignent aussi de fatigue (38%), expectorations (33%), difficultés à respirer (19%), mal dans les muscles/articulations (15%), etc.

- La période d’incubation, avant l'apparition des premiers symptômes, du Covid-19 est de 5 jours, en moyenne ! Les premiers symptômes peuvent apparaitre au bout de 2 jours pour certains, 11-14 jours pour d'autres.

- La majorité des cas d’infection par le Coronavirus sont asymptomatiques ou peu symptomatiques. C'est un élément rassurant pour certains, tout le contraire pour d'autres, car on peut être contagieux avec le sourire aux lèvres et toutes les bonnes intentions du monde.

- Justement, on est contagieux avant l’apparition des symptômes, pendant la manifestation des symptômes et même après la disparition des symptômes! Eh oui, il faut en tenir compte dans la quarantaine individuelle.

- Quelle que soit la tranche d’âge, de 0 à 100 ans, le Coronavirus dans ses formes symptomatiques tue à peu près 4 à 25 fois plus que la grippe. Globalement c'est 2-5% et même jusqu’à 9% en Italie, dans la population Covid19+. Certes, les personnes âgées sont les plus touchées avec un taux de létalité de 18% au-dessus de 80 ans, et doivent doubler de prudence et faire l'objet de la plus grande attention, il n'empêche que le taux de létalité est de 10% entre 70-79 ans, 5% entre 60-69 ans et 2% en dessous de 59 ans.

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- « Rester chez soi » ne suffit pas, il faut une « distanciation sociale » draconienne. On choisit avec qui on veut être confiné et on ne bouge plus jusqu'à nouvel ordre. On ne reçoit ni la famille ni les amis. Il faut baisser ses contacts humains au strict minimum/nécessaire (au moins de 60%, pour freiner la dynamique de la pandémie), favoriser le télétravail et compenser avec les réseaux sociaux, le téléphone et les visio-conférences. Il n'a jamais été aussi simples d'être confinés quand même !

- Eviter impérativement toute activité conduisant au regroupement quelle que soit sa nature. Repas, mariage, enterrement, prière, courses, sport, marché, etc.

- Se serrer la main n'est pas grave. C'est de ne pas se laver les mains régulièrement (notamment avant de manger), de porter sa main au visage (bouche, nez et yeux), de faire la bise et de discuter avec les gens à moins de 1,5 m de distance qui le sont !

- Le « lavage des mains » à l’eau et au savon (en priorité) ou au gel hydroalcoolique (à 80% d’alcool selon les recommandations de l’OMS), pilier de la lutte contre le Coronavirus, doit impérativement durer 20 secondes. Ce n’est pas une histoire de rinçage, le savon/gel tue le virus. Mais, pour y parvenir il faut plus de 20 secondes de contact virus-savon/gel.

- Le port de gants jetables par la population, comme on le voit fréquemment au Liban (par les citoyens, dans les médias et même au conseil des ministres!), n'a aucune justification scientifique. C'est une mesure inefficace et ridicule, le signe d'un gaspillage inutile et obsessionnel. La règle générale, c'est le lavage des mains, point.

- Le port de masques jetables par la population aussi n'est pas recommandé par l'OMS, que dans deux situations précises : on est soi-même infectée par le Covid-19 ou lorsqu'on cohabite avec quelqu'un qui l'est (diagnostiqué ou qui a les symptômes).

- On éternue/tousse dans son coude ou dans un mouchoir jetable et non à l’air libre (comme le font encore certains jeunes !).

- Rien de scientifique n’indique qu’on peut compter sur le printemps pour circonscrire la pandémie (comme dans le cas de la grippe).

- La chloroquine n'est à ce jour ni la panacée ni le remède contre le Covid-19. Il y a des éléments positifs (elle serait efficace dans les cas confirmés) et des éléments négatifs autour de cette ancienne molécule antipaludique (notamment une certaine génotoxicité, nuisible pour le génome, donc risque d'anomalies génétiques et de cancers). Sa vente libre dans les pharmacies au Liban n'est pas justifiée pour l'instant. Si la situation n'était pas grave, on dirait que la polémique, alimentée surtout par l'extrême droite en France, autour du professeur Didier Raoult qui serait combattu par ses pairs et d'Emmanuel Macron qui ne voudrait pas que les Français accèdent à un médicament hors-brevet et pas cher, est grotesque ! L'urgence ne doit pas conduire à des décisions précipitées, il en va de la santé publique. Pour voir plus clair une étude scientifique rigoureuse a été lancée aujourd'hui par l'INSERM. Baptisée Discovery, elle inclura 3200 patients atteints par une forme sévère du Covid-19, dont 800 patients en France. Elle devra tester l'efficacité et la sécurité de plusieurs antiviraux et de l'hydroxy-cloroquine. Les premiers résultats seront connus dans une quinzaine de jours.

- Oui la majorité des cas ont peu ou pas de symptômes et sont bénignes (80%), mais dans les 15% des cas où l’infection est sévère et 5% où elle est critique (où la mortalité est de 61%), une grande partie des personnes nécessite une hospitalisation, de longue durée (allant jusqu'à plusieurs semaines), voire des soins intensifs et une réanimation. C’est là où réside la catastrophe sanitaire qui frappe tous les pays touchés, dans la saturation des hôpitaux précisément, qui lorsqu’elle survient, oblige les médecins à effectuer un tri des patients comme sur un champ de bataille. Il y a aura des personnes prioritaires, d'autres pas. Seuls celles et ceux qui ont le plus de chance se s’en sortir seront correctement pris en charge (pour le Coronavirus mais aussi pour les infarctus, AVC, les insuffisances... qui ne sont pas au chômage technique !). Plus la pandémie est massive et le système de santé est défaillant, plus la saturation et le tri s’installent tôt et les conséquences plus graves en vies humaines. La forte mortalité du Covid-19 entrainera une surmortalité pour d'autres pathologies à cause de l'incapacité des services de réanimation des hôpitaux à faire face. Avis à la population.

- A la guerre comme à la guerre. Il faut assumer ses responsabilités et prendre part à la bataille. "Et qu'a fait le gouvernement ?" n'est pas une excuse pour oublier qu'en pleine pandémie, la santé de tous dépend des actions de chacun d'entre nous.


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